La Commission européenne a annoncé le 27 mai son plan de relance européen, ainsi qu’un nouveau projet de budget européen 2021-2027. Surfrider Europe salue ces annonces qui mettent le Green Deal au cœur de l’action de l’Union européenne mais regrette le manque d’investissements dans des secteurs au potentiel pourtant majeur pour la protection de l’océan et la relance économique.
Pas d’argent public européen pour les pollueurs de l’océan dans le monde de l’après coronavirus
Préalablement à cette annonce, Surfrider Europe a co-signé à la fin du mois d’avril aux côtés de 10 autres ONG bleues un courrier à la Commission européenne demandant que le plan de relance en préparation permette l’avènement d’un modèle socio-économique plus résilient, protecteur des européens et de l’environnement, notamment marin et littoral. Cette lettre appelait explicitement à ce que le plan de relance européen ainsi que les investissements et soutiens apportés à certains pans de l’industrie soient conditionnés à la préservation de l’océan.
Surfrider s’est également joint à plus de 100 organisations européennes de la société civile et plus de 300 000 citoyens européens pour demander une relance verte et juste. Dans ce courrier comme dans celui d’avril, Surfrider Europe et l’ensemble des ONG de protection de l’environnement rappelaient l’urgence d’inscrire cette relance dans le Pacte Vert (Green Deal) européen, le plan d’action de la Commission pour faire de l’économie européenne la première économie climatiquement neutre d’ici 2050. Surfrider Europe et 5 autres ONG européennes ont également porté le Blue manifesto– un plan d’actions qui dresse les mesures nécessaires pour protéger l’Océan au niveau européen d’ici 2030. Autant de mesures à mettre en place urgemment au regard de la crise actuelle que nous vivons, conséquence directe des menaces à la biodiversité, qu’elle soit terrestre ou marine.
Dans l’ensemble de ses échanges avec les autorités publiques nationales et européennes, Surfrider Europe a appelé de ses vœux 5 transformations majeures pour la société devant faire l’objet de soutien massif.
– l’installation du nexus Océan-Biodiversité-Climat au cœur de la recherche et des politiques publiques
– la réduction à la source des déchets, notamment plastiques
– la réduction à la source des pollutions bactériologiques et chimiques de l’eau
– la décarbonisation de notre économie en stoppant l’exploitation des énergies fossiles en mer et en accélérant la transition écologique du transport maritime
– la réorientation de l’économie européenne vers une finance et une fiscalité justes, territorialisées et transparentes au service de la préservation des capitaux naturels et humains.
Un plan de relance européen de 750 milliards d’euros centré sur 5 secteurs stratégiques
La Commission européenne a publié le 27 mai sa proposition de plan de relance européen, abondé par le budget européen d’une part aidé d’instruments européens renforcés et complété par une mobilisation de l’investissement privé. L’instrument de relance, appelé Next Generation EU combine prêts (250 milliards) et subventions (500 milliards) aux Etats Membres. Il s’articule autour des priorités que la Commission s’est fixée pour son mandat pour soutenir la transition vers une économie « climatiquement neutre, numérisée et résiliente » et priorise cinq orientations stratégiques autour du Green Deal européen : rénovations des bâtiments et infrastructures, économie circulaire, promotion des énergies renouvelables, en particulier de l’hydrogène propre, des transports et une chaine logistique plus propres et une transition juste.
L’appel de Surfrider à plus d’investissements durables et ciblés pour un océan protégé
Surfrider Europe salue cette proposition visant à mettre à disposition des fonds substantiels pour faire face à la crise et à garantir que le Green Deal reste la ligne directrice de l’économie européenne et de sa relance, tout en interdisant les subventions nocives pour l’environnement. L’association accueille chaleureusement les annonces de la Commission en faveur de l’économie circulaire et de la décarbonisation du secteur énergétique. Surfrider salue également l’ambition reprise et inscrite dans la stratégie Farm to Fork de la Commission de soutenir la conversion de l’agriculture européenne en une agriculture durable et moins polluante.
Cependant, la pandémie du Covid-19 a révélé combien protection de l’environnement, préservation de la nature, protection de notre santé et système économique étaient étroitement liés et interdépendants. Aussi, au regard de l’ampleur de la crise, Surfrider appelle à plus d’ambition. Dans les secteurs identifiés, l’association rappelle :
– en matière d’économie circulaire, l’urgence d’investir dans la réduction à la source des déchets, en soutenant la meilleure conception des produits, la réutilisation, et la réparation en complément d’une meilleure gestion des déchets.
– en matière d’énergie, que le soutien à la demande pour les énergies renouvelables offshore ne doit pas se faire au détriment et dans le respect d’un océan protégé et l’urgence d’abandonner les énergies fossiles, y compris en interdisant les forages en mers européennes.
Enfin, Surfrider Europe regrette que des investissements n’aient pas été annoncés en direction de tout un nombre de secteurs porteurs et compatibles avec la protection de l’océan et l’exigence de relance économique, en particulier en faveur :
– De la transition énergétique du transport maritime
– De la nécessaire adaptation de la production européenne vers des produits vertueux – non toxiques, non émetteurs de microplastique
– Du verdissement du littoral et des villes et de gestion des eaux usées plus performante
Suite à cette annonce, les Etats de l’Union européenne sont appelés à se prononcer sur ses modalités d’ici juillet. Dans cette perspective, Surfrider Europe et les ONG bleues européennes ont dévoilé le 8 juin prochain à l’occasion de la Journée mondiale de l’Océan, des recommandations permettant d’aiguiller davantage ces investissements à venir.