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Un nouveau livre blanc pour mettre fin aux dérives du transport maritime

Depuis maintenant plus de 20 ans, les équipes de Surfrider mènent des actions de plaidoyer pour que soient prises des mesures contraignantes destinées à limiter l’impact du transport maritime sur l’Océan.
La réduction des émissions de sulfure dans l’atmosphère, l’adoption d’une feuille de route de réduction des émissions de CO2 des navires ou encore l’interdiction progressive de l’usage du fioul lourd dans les zones polaires (à compter de 2024), sont autant de victoires auxquelles Surfrider a largement contribué dans le domaine du transport maritime durant ces dernières années.

À l’occasion de la révision prochaine de 5 grandes directives liées au transport maritime, Surfrider publie une nouvelle version de son livre blanc pour la sécurité maritime.
Ce document, mis à jour afin de répondre aux nouveaux enjeux liés au transport maritime, propose une série de mesures fortes concernant notamment les scrubbers à boucle ouverte ou encore la perte des conteneurs en mer dont les impacts sur la biodiversité marine sont considérables.

L’augmentation des flux maritimes : une menace grandissante pour l’Océan

En permettant le mouvement de marchandises à grande échelle à travers l’océan, le transport maritime joue un rôle essentiel dans l’économie mondiale : près de 90% du transport de marchandises dans le monde est aujourd’hui réalisé par voie maritime.

Intimement liés à nos modes de consommation, les flux maritimes ont considérablement augmenté au fil des décennies. Cela a notamment eu pour conséquences d’inciter les compagnies maritimes à investir dans des navires plus gros, capables de transporter des cargaisons toujours plus volumineuses.

Cette augmentation vertigineuse du trafic maritime n’est pas sans risque pour l’environnement et la multiplication des navires sillonnant l’Océan a, sur lui, des impacts significatifs parmi lesquels la pollution sonore ou encore la pollution engendrée par les rejets mais également par la perte des conteneurs et de leurs chargements.

Préoccupés par ces différentes sources de pollution et soucieux de transmettre aux générations futures un Océan préservé, Surfrider a choisi d’accompagner le secteur du transport maritime dans une démarche de progrès continue à travers le programme Green Marine Europe. Cette certification, destinée aux armateurs, leur propose d’évaluer et d’améliorer leurs performances environnementales sur l’ensemble des pollutions de leur activité.

Un nouveau livre blanc destiné à orienter les débats européens

Une dizaine d’année après la publication de la première version et à l’approche de la révision de 5 directives majeures en lien avec ce sujet, les équipes de Surfrider ont mis un point final à la seconde version de son livre blanc pour la sécurité maritime.

Ce document, remis aujourd’hui à la Commission Européenne, a pour objectif de faire évoluer les législations, de renforcer les mesures actuelles mais également de proposer des mesures complémentaires permettant d’agir à la source des différents types de pollutions relevés.

La nouvelle version du livre blanc se concentre essentiellement sur 4 axes d’amélioration :

❗La perte conteneurs en mer

Évincé des réflexions de la Commission Européenne depuis bien trop longtemps maintenant, Surfrider souhaite que soient prises des mesures impactantes concernant la perte de conteneurs en mer.
Les recommandations contenues dans le livre blanc portent ainsi sur 3 points clés :

#1 Les navires : Surfrider demande l’interdiction des navires (transportant des conteneurs) de plus de 20 ans et l’identification des navires à risque élevé pour mieux anticiper le risque d’accident,

#2 Les conteneurs eux-mêmes : Il est urgent d’instaurer des contrôles plus minutieux des poids des conteneurs déclarés mais également du respect des plans de charge (répartition et maintien). Des standards de qualité pour les conteneurs, le gerbage et le système d’arrimage sont également attendus de même que l’amélioration de la traçabilité des conteneurs, et plus particulièrement ceux contenant des matières dangereuses,

#3 Le chargement : Surfrider souhaite que les pellets (ou granulés de plastique) soient classifiés comme matière dangereuse en raison de leur impact grave et irréversible sur biodiversité marine.

❗Les rejets des scrubbers boucle ouverte

Ayant des conséquences désastreuses sur les écosystèmes marins en raison du rejet dans l’océan d’eau chargée en polluants toxiques, les scrubbers à boucle ouverte sont un véritable fléau.
Les recommandations de Surfrider sur le sujet sont donc particulièrement claires :

#1 La navigation des navires faisant usage de scrubbers à boucle ouverte dans les eaux européennes doit être purement et simplement interdite.


#2 
Les rejets de déchets émanant de ces scrubbers doivent être ajoutés à la liste des substances polluantes afin d’améliorer l’effectivité des sanctions prévues.

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Pour aller plus loin : Les scrubbers : moins de rejets atmosphériques pour plus de rejets en mer

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❗La pollution sonore et les collisions avec cétacés

La pollution sonore, bien souvent sous-estimée, a de multiples impacts sur la biodiversité marine.
Quand elle n’entraine pas de lésions irréversibles (voire mortelles) d’organes vitaux chez certaines espèces sous-marines, elle peut engendrer des réactions physiologiques (notamment une hausse du stress et ses conséquences), des modifications de comportements (fuite ou modification des trajets de migration) ou encore un masquage acoustique rendant alors la communication entre membres d’une même espèce ou le repérage de proies particulièrement compliqués.
Outre la pollution sonore, l’augmentation du trafic maritime entraine également l’augmentation des risques de collision dans les zones de présence importante de cétacés.

Pour faire face à ces deux phénomènes, Surfrider souhaite :

#1 Que le bruit causé par les navires soit clairement défini comme une pollution et qu’il soit inclus dans les différentes directives relatives aux pollutions causées par les navires. De la même manière, il est urgent que soient prises des mesures visant à réduire le bruit sous-marin et que soient introduites des sanctions en cas de non respect de ces mesures,


#2
Que les collisions des navires avec les cétacés soient incluses également dans les textes de loi et, pour les éviter, qu’en découlent des recherches permettant de localiser au mieux les positions des grands cétacés.

❗L’harmonisation du pavillon européen

Les impacts du transport maritime pourraient être prévenus grâce à une législation efficace de l’État auquel sont rattachés les navires et, en l’occurrence ici, à un renforcement des standards relatifs au pavillon européen.
Il est prioritaire de relever le niveau d’exigences normatives et de prévoir des obligations fortes en matière de lutte contre les pollutions marines pour les navires battant pavillon européen.

La perte des conteneurs en mer : un sujet primordial évincé des directives européennes

Des produits alimentaires et leurs emballages, des jouets, du matériel médical, des véhicules, des substances inflammables, dangereuses, explosives ou radioactives ou encore des centaines de millions de microbilles de plastique … La liste des marchandises transportées dans les conteneurs et trop souvent perdues en mer est longue !

Survenant principalement en raison d’un défaut de sécurité majeures ou de conditions météorologiques extrêmes associés bien souvent à la vétusté des navires et/ou des conteneurs, la perte “occasionnelle” des conteneurs en mer est une source de pollution non négligeable.
Ses conséquences sont particulièrement néfastes pour les espèces et écosystèmes marins. Malheureusement elle ne fait aujourd’hui l’objet d’aucune règlementation européenne.
 Ces pertes, lorsqu’elles ne sont pas liées à un naufrage ou un accident, ne font l’objet que d’un signalement et donc d’aucun rapport ni d’aucune comptabilisation.

Entre 1994 et 2019, les autorités ont recensé 750 accidents et plus de 16 000 conteneurs perdus soit l’équivalent de la capacité d’un des plus grands porte-conteneurs de 400m de long. Ou de cinq avions de type A380 !
Et il y a fort à parier qu’il ne s’agit ici que de la partie visible de l’iceberg…

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lire également : 16 000 de perdus, trop peu de retrouvés : le drame des conteneurs

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Quelle que soit la raison de la perte, les conteneurs perdus en mer deviennent des déchets et représentent une menace écologique, et un risque de suraccident de navigation.
Il est aujourd’hui urgent de palier cette faille législative et de mettre en place des moyens de contrôles satisfaisants.
Surfrider est plus que jamais mobilisé pour porter ce sujet sur le devant de la scène européenne afin que soient prises des mesures concrètes permettant de mettre fin le plus tôt possible à cette énième source de pollution dont l’Océan et ses habitants sont victimes…