Avec le plus vaste territoire maritime du monde et près de la moitié de sa population qui vit sur le littoral, il apparait indéniable que l’Union européenne (UE) joue un rôle majeur dans la lutte contre les impacts et pollutions qui affectent aujourd’hui l’océan et les côtes européennes. C’est pourquoi Surfrider Foundation Europe a souhaité dresser un bilan des décisions et actions adoptées par l’UE sur le sujet au cours du mandat parlementaire de 2014-2019.
Un rapport co-écrit pour y voir plus clair
Surfrider Foundation Europe s’est associée à l’ONG Seas At Risk pour réaliser un rapport de synthèse intitulé « An Overview of EU Action to Protect the Ocean in 2014-2019 ». Ce rapport a pour objectif de fournir une vue d’ensemble des principales mesures prises au niveau européen ces cinq dernières années sur 4 grands enjeux en lien avec l’océan que sont la protection et la restauration des écosystèmes marins, la réduction de la pollution marine, la réduction de l’impact des activités d’extraction offshore et la réduction de l’impact climatique du transport maritime.
Le rapport vise à évaluer les progrès accomplis par l’UE pour garantir le bon état de santé des mers et des océans, mais également les nombreux efforts qu’il reste encore à fournir. Ce document permet en outre de comparer l’orientation générale de ces différentes actions avec les priorités qui sont ressorties de la grande consultation organisée par Surfrider en 2018, « Voice for the Ocean ».
A la campagne du même nom que poursuit l’association, ce rapport servira de support pour rappeler aux citoyens combien le rôle de l’UE est déterminant en matière de protection de l’environnement, et notamment de l’océan.
Quand l’UE s’engage
A travers de nouvelles lois environnementales et un cadre d’action plus clair avec l’instauration de la Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin, l’UE s’est au fil de son existence affirmée comme un acteur clé dans la protection du monde marin. Parmi les 4 thématiques majeures sur lesquelles s’est concentrée l’analyse, certaines ont en effet connu ces dernières années de nettes améliorations.
Les problèmes relatifs à la pollution marine notamment, ont été saisis à bras le corps par l’UE. Des progrès significatifs ont pu être appréciés en matière de prévention des déchets provenant des navires et des activités terrestres grâce à l’adoption de la stratégie européenne pour les matières plastiques, de la directive sur les matières plastiques à usage unique et les engins de pêche, et celle sur les installations de réception portuaires. Il s’agit là d’un point de départ prometteur dans la lutte contre la pollution par les déchets, en particulier plastiques, mais qui ne pourra se concrétiser qu’à travers la mise en place effective de cette législation par l’ensemble des États-membres.
Le parlement européen a par ailleurs appelé à un moratoire ferme sur les forages offshore en zone maritime vulnérable telles que les Aires Marines Protégées (AMP), ce dont les autres institutions de l’UE devraient discuter d’ici à 2020. Surfrider soutient activement cette mesure qui serait une réelle avancée pour la sauvegarde des écosystèmes marins.
Les États marquent le pas
Malheureusement, cette politique volontariste de l’UE en faveur de la protection de l’océan se heurte encore trop souvent à un manque d’ambition et d’engagement au niveau national. Les mesures adoptées par les Etats-membres restent insuffisantes pour parvenir à un « bon état écologique » des eaux d’ici 2020 selon les exigences et critères fixés par la Directive Cadre Stratégie pour le milieu marin.
L’échec récurrent des gouvernements nationaux à transformer en acte ou à mener avec ambition la législation européenne est l’une des principales raisons pour lesquelles l’UE ne tient pas encore pleinement ses promesses. En témoigne la trop lente et perfectible réponse apportée aux pressions et impacts croissants du changement climatique aussi bien sur les écosystèmes marins que sur les populations côtières.
Dans l’ensemble, c’est une action globale et coordonnée qu’il manque aux pays-membres et aux instances européennes pour que les directives environnementales de l’UE puissent davantage se traduire en résultats concluants. La nouvelle législature qui s’annonce constitue à ce titre un véritable levier pour faire encore plus pression sur les Etats. A condition cependant qu’elle se compose d’eurodéputés et d’une Commission prêts à s’engager pour la protection de l’océan. Rendez-vous donc dans les urnes cette semaine, et pour beaucoup ce dimanche, pour exprimer votre voix pour les Océans !