La Stratégie plastique de la Commission européenne, grandement attendue, maintes fois repoussée, a finalement été publiée. Il s’agit d’un plan d’action visant à repenser notre utilisation du plastique et à répondre à la pollution plastique croissante notamment son impact sur le milieu marin. Est-elle à la hauteur du défi que représente la pollution de nos rivières, nos littoraux et de l’océan? Surfrider fait le point.
Stratégie sur les matières plastiques, des avancées notoires
Plastique à usage unique
Une des grandes avancées- peut être la plus grande – est l’annonce qu’une législation sera adoptée concernant les plastiques à usage unique, tels que les gobelets, bouteilles, coton-tige, pailles et vaisselles jetables. Ces objets ont envahi notre quotidien, mais aussi nos littoraux et l’océan et sont largement présents dans le top 10 des items les plus retrouvés sur nos plages. Cette législation devrait être dessinée dans les mois à venir ; Surfrider Foundation Europe, avec ses partenaires, s’engagera dans ce processus pour s’assurer que la législation est ambitieuse et complète.
Plastiques biodégradables et oxodégradables
La Stratégie soulève aussi des inquiétudes liées aux plastiques dits biodégradables, et admet que la dégradation de ces plastiques dans le milieu marin pose question et que davantage de recherche est nécessaire.
La Commission européenne s’engage également à interdire les plastiques oxodégradables, ces plastiques qui, composés de substances chimiques incluant des métaux lourds, se fragmentent en microparticules de plastiques, persistant dans l’environnement même si elles sont devenues invisibles à l’oeil nu. C’est une victoire et une nécessité au regard de la nocivité de ces plastiques.
Un manque d’ambition sur les microplastiques
Ces particules sont omniprésentes dans nos produits du quotidien (cosmétiques, détergents, peintures) ou générées par l’utilisation d’objets de la vie courante (rejet de fibres des vêtements lors du lavage, abrasion des pneus de voitures…). L’accumulation des microplastiques dans les milieux aquatiques représente un nouveau problème environnemental dont l’ampleur et les conséquences ne sont pas encore toutes connues. De véritables questions se posent sur l’impact des polymères sur l’Homme.
Surfrider Foundation Europe, au sein de la coalition Beat The Microbead, se mobilise depuis des années et a largement contribué à l’adoption de restrictions sur l’utilisation des microbilles dans les cosmétiques, microplastiques volontaires ajoutés dans les produits de soin pour leurs propriétés exfoliantes ou émulsifiantes, en France. La stratégie plastique va dans le sens du travail déjà effectué par l’association puisqu’il est prévu à terme d’interdire les ingrédients microplastiques ajoutés intentionnellement dans un certain nombre de produits en Europe.
En revanche, concernant les autres sources de pollution microplastiques, aucune mesure concrète n’est annoncée.Il n’y a pas de précisions concernant les mesures adoptées pour lutter contre les granulés plastiques industriels (aussi appelés pellets), qui représentent pourtant la deuxième source de microplastiques . Des mesures fortes sont nécessaires, alors que les initiatives de l’industrie pour limiter les pertes/déversements de granulés plastiques n’ont jusqu’à présent pas apporté de résultats satisfaisants. De la même manière, les dispositions présentées pour lutter contre la pollution microplastique par les fibres des vêtements ou par les pneus restent vagues et peu portées sur la prévention.
En conclusion
La Stratégie plastique n’établit que les intentions de la Commission européenne, et les actions doivent maintenant suivre. Surfrider Foundation Europe contribuera au développement de ces mesures dans les prochains mois et années, afin d’éliminer le plastique inutile dans notre vie quotidienne et mettre fin à la pollution de notre océan. Dans le même temps, chacun peut contribuer à la solution, en réduisant sa consommation de plastique et en interpellant ses proches, ses commerçants, sa ville et les décideurs publics sur les enjeux et les alternatives.