En mars dernier, était publiée, dans la revue Nature, une étude réalisée par le CNRS et l’IFREMER. Rendant compte de cinquante années de recherches, elle révèle que la structure de l’Océan se stabilise de façon croissante, et ce, six fois plus vite que prévu. Directement causée par le réchauffement climatique, cette stabilisation risque de remettre en cause le rôle de thermostat naturel de l’Océan, accentuant largement les conséquences du dérèglement climatique. Explications.
Nouvelle découverte : notre Océan se stabilise
Résultat d’une collaboration internationale, l’étude publiée par les deux laboratoires français se base sur des relevés de températures et de salinité, effectués dans plusieurs zones océaniques entre 1970 et 2018. Ces 50 ans d’observations révèlent alors qu’un changement radical de la structure de l’Océan est en train de s’opérer. Ainsi, ce dernier, habituellement très dynamique et en mouvement, se stabilise, les eaux de surface se mélangeant de moins en moins aux eaux profondes. En cause ? Le dérèglement climatique !
Le réchauffement des eaux en surface, dû à la hausse des températures atmosphériques, et la baisse de leur salinité, liée à l’augmentation des précipitations et à la fonte des glaciers, rend, en effet, leur densité plus faible, à l’inverse des eaux profondes à la densité élevée. Leurs caractéristiques physiques divergeant, le mélange des deux couches d’eau s’effectue beaucoup moins facilement… Entraînant de nombreux risques.
Le rôle de régulation de l’Océan remis en cause
Depuis toujours, en effet, l’Océan joue un rôle de thermostat climatique. Rôle largement renforcé aujourd’hui, il absorbe 90% de l’excès de chaleur et un quart des émissions de CO2 liés au réchauffement climatique provoqué par l’Homme : en se mélangeant aux eaux profondes froides, les eaux de surfaces réchauffées par l’atmosphère se rafraichissent de nouveau, régulant la température sur Terre.
Or, le changement fondamental de la structure océanique ralentit ce mélange : les couches d’eaux en surface n’atteignant plus les couches profondes, les capacités d’absorption de la chaleur et du CO2 par l’Océan, sont de moins en moins importantes. La température atmosphérique s’élève alors, réchauffant davantage les eaux de surface. Le mélange des deux couches est de nouveau ralenti, altérant, chaque fois plus, la régulation effectuée par l’Océan. Un cercle vicieux du réchauffement se met en place.
Vers une aggravation des catastrophes météorologiques
Et ce n’est pas tout ! Au-delà d’accentuer les effets du réchauffement climatique, la hausse des températures marines risque d’accroître la fréquence et la gravité des phénomènes météorologiques extrêmes, à l’instar des cyclones tropicaux. Ces derniers sont en effet alimentés par la chaleur émanant de l’Océan : plus sa température est élevée, plus l’ouragan tourne et se remplit d’eau, plus il risque d’être violent et de générer des catastrophes. Autant de phénomènes qui impacteront de plus en plus les écosystèmes et nos modes de vie.
Nous en sommes, pourtant, les seuls responsables et cette nouvelle étude doit, une fois encore, nous encourager à poursuivre nos efforts en matière de préservation du milieu marin.