Comme chaque année, le rapport sur la qualité des eaux de baignade européennes vient d’être publié. Informant sur le classement européen des zones de baignade, cette étude permet de faire le bilan de la qualité des eaux marines, lacustres et fluviales pour la saison estivale 2020. Elle permet également de mieux appréhender les enjeux liés à la baignade et de connaitre les avancées en matière de surveillance et de gestion en cas de pollution bactériologique. Si 83% des sites de baignade sont considérés d’excellente qualité, Surfrider Europe ne peut s’en satisfaire pleinement : l’association a, en effet, récemment exigé, via son Manifesto for Healthy Waters, l’extension des zones de contrôle ainsi que l’élargissement des critères d’analyse pour mesurer, au mieux, la qualité des eaux européennes. Précisions.
Nouveau rapport annuel sur la qualité des eaux de baignade : qu’en est-il de la pollution bactériologique des eaux européennes ?
Publié annuellement par la Commission européenne et l’Agence Européenne de l’Environnement, le nouveau rapport sur la qualité des eaux de baignade côtières et intérieures informe les citoyens européens sur la qualité des eaux récréatives des 27 États-membres de l’Union, du Royaume-Uni, de l’Albanie et de la Suisse. Directement réalisé en application de la directive européenne portant sur la surveillance et la gestion des eaux de baignade (Directive 2006/7/CE), ce texte classifie les différents sites de baignade suivant 4 possibilités ; qualité Excellente, Bonne, Suffisante ou Insuffisante. Le classement s’appuie sur la qualité microbienne des eaux de baignade en caractérisant la présence de bactéries d’origines fécales dans le milieu. Ainsi, la présence en grande concentration d’entérocoques et d’Escherichia coli informe sur les potentiels risques encourus en cas de contact et l’impact sur la santé humaine (gastro-entérite, conjonctivite, otite, réactions cutanées, etc.)
2020 : nouvelles tendances et décryptages
Afin de garantir la santé des baigneurs européens, 22 276 zones de baignade ont alors fait l’objet d’un contrôle cette année. Si Surfrider Europe se réjouit de l’amélioration de la qualité de l’eau sur certains secteurs urbains – notamment grâce à l’effort de plusieurs collectivités d’ouvrir, au contrôle, de nouvelles zones récréatives au sein des grandes villes -, elle ne peut que constater une certaine stagnation depuis les 5 dernières années sur l’évolution de la qualité des eaux, notamment celles classées en Excellente qualité. Surfrider Europe s’inquiète même sur le classement des différents États membres où 17 pays sur les 30 concernés se situent en dessous de la moyenne européenne, classement quasi identique à celui de 2019.
Ainsi, la France, 19eme en 2019, stagne à la même place pour le classement 2020 (mais avec, cette année, de moins bonnes statistiques : 79,5 % des sites ont été classés en excellente qualité en 2019 contre 77,5 % en 2020) alors que le top 5 reste inchangé (Chypre, Grèce, Malte, Autriche et Croatie). Toujours à la traine, des États comme la Bulgarie, l’Estonie ou la Slovaquie ont une importante marge de manœuvre avec seulement 60% de sites de baignade classés en excellente qualité.
Résultats faussés par le manque de critères d’évaluation : faisons entendre nos revendications !
Vous l’aurez compris : ces “83%”, à première vue excellents, doivent alors être largement relativisés. C’est notamment dans ce cadre que Surfrider Europe a exprimé, lors d’une conférence organisée ce 3 juin, ses revendications regroupées au sein du Manifesto #HealthyWaters. Elle souligne, qu’à ce jour, seuls les paramètres bactériologiques sont considérés dans la règlementation européenne pour caractériser la qualité des eaux de baignade : ni la quantité de déchets aquatiques, ni les “efflorescences algales” et encore moins les polluants chimiques ne sont quantifiés pour participer à l’établissement du classement. L’association rappelle, qu’au-delà des sites de baignade, les zones d’activités nautiques (surf, paddle, planche à voile, etc.) sont nombreuses et doivent faire l’objet d’un contrôle à part entière. À l’instar des sites de baignade, ces dernières sont d’ailleurs fréquentées tout au long de l’année et souvent par un nombre plus important de personnes que sur certaines plages.
Dans la même idée, Surfrider Europe estime qu’une surveillance à l’année permettrait d’informer les usagers de la mer sur la qualité de leurs eaux récréatives tout comme aux gestionnaires d’avoir une vision “complète” de la qualité de leurs eaux littorales plutôt qu’un focus sur 2 mois de l’année ! N’oublions pas la voix citoyenne et encourageons les décideurs et politiques à consulter ses administrés afin de d’avoir une participation du public représentative ! L’association alerte l’ensemble des parties prenantes et demande l’intégration de ces revendications au sein de la directive relative à la qualité des eaux de baignade, dont la révision est prévue en 2023.
Ces revendications vont d’ailleurs dans le sens du plan d’action de la Commission européenne “Vers une ambition zéro pollution pour l’eau, l’air et le sol” d’ici 2030. Un tel souhait suppose, en effet, d’estimer tous les types de pollutions impactant la santé des citoyens, au-delà de la seule pollution bactériologique. 2 Européens sur 5 considèrent d’ailleurs la pollution des milieux aquatiques comme l’une de leurs préoccupations environnementales et sanitaires majeure ; Surfrider Europe est alors certain qu’ils seront nombreux à répondre à la prochaine consultation publique de la commission européenne en vue de la révision de la directive européenne relative à la qualité des eaux de baignade. Faites-en autant ! L’heure n’est plus aux discussions, n’attendons pas encore 15 ans pour agir ! Les décideurs ont la possibilité de faire bouger les lignes et d’avoir des positions courageuses et engagées pour garantir des eaux saines et la sécurité de tous usagers nautiques européens !