Utilisés dans les stations d’épuration pour dépolluer les eaux usées, les biomédias se présentent comme l’une des technologies les plus efficaces du marché de l’assainissement de l’eau. Pourtant, les médias filtrants sont une menace pour l’Océan et une source de pollution plastique de grande ampleur. Retrouvés par milliers sur les plages et rives européennes, on peut se poser la question de l’impact des déversements, constituant une source de risque supplémentaire pour la santé des milieux naturels ainsi que la santé humaine
Des médias filtrants polluants
Les filtres plastiques constituent une source de pollution plastique supplémentaire pouvant affecter la biodiversité marine. Au même titre que les autres déchets plastique, les biomédias peuvent être confondus avec de la nourriture par la faune marine: de nombreux cas d’ingestions de biomédias par des oiseaux mais aussi des tortues marines ont été répertoriés.
Conçus pour fixer des bactéries, les biomédias pourraient servir de support aux autres substances présentes dans les eaux usées. Les eaux usées arrivant dans les stations d’épurations sont chargées en polluants (bactéries fécales, virus, produits industriels, détergents, hydrocarbures, pesticides, cosmétiques, médicaments). En cas d’accident et de rejet, les biomédias vont se disperser et transporter les polluants qu’ils ont concentrés ou qu’ils peuvent être amenés à absorber une fois dans les milieux aquatiques. On peut légitimement se poser la question de l’impact des déversements, constituant une source de risques supplémentaire pour la santé des milieux naturels ainsi que la santé humaine. Utilisés initialement comme un outil de dépollution, les biomédias s’avèrent finalement être très polluants.
Deux exemples pour comprendre la pollution des biomédias
Depuis la généralisation de l’utilisation de cette technologie et les premières pollutions par les biomédias au cours des années 2000, Surfrider a mené l’enquête sur plus de 40 cas d’accidents majeurs identifiant ainsi la source de ces pollutions.
En termes d’ampleur, l’un des principaux cas de pollution de ces dernières années a eu lieu en 2018 au sud de l’Italie dans la province de Salerne, suite au dysfonctionnement de la station d’épuration municipale de la ville de Capaccio Paestum. On estime que 130 millions de biomédias ont été rejetés dans le fleuve Sélé, rejoignant inévitablement la mer Méditerranée avant de toucher les côtes francaises, espagnoles, tunisiennes et maltaises. Au début de l’année 2021, un procès s’est ouvert en Italie afin de déterminer les responsables de ce désastre environnemental. Le procès implique tous les acteurs de l’assainissement (constructeur, municipalité et collectivité, gestionnaire de la station d’épuration). C’est la première fois que la pollution par les biomédias est prise en compte par la justice en Europe.
En Corse (France), un incident est survenu en 2020 au sein de la station d’épuration de l’agglomération de Bastia. La régie publique responsable de l’exploitation de la station a reconnu un défaut de conception provoquant la perte d’un million et demi de biomédias et assure à ce jour avoir fait les travaux nécessaires afin d’empêcher tout autre incident. Néanmoins, des dizaines de milliers de biomédias ont été retrouvés et sont encore récoltés sur les plages de l’île suite à l’incident. On en retrouve encore dans l’estomac de tortues marines vivant en Méditerranée, témoignant de l’ampleur de cette pollution.
Quelles solutions ?
Surfrider Foundation Europe appelle les utilisateurs de biomédias à s’assurer de l’établissement d’un circuit fermé et à l’installation de systèmes de rétention dans leurs stations pour prévenir toute fuite de biomédias dans l’environnement. Nous leur demandons de prévenir les autorités compétentes au plus vite en cas d’incident afin d’éviter toute dispersion de biomédias et de prévenir les potentielles conséquences sur les milieux naturels.
Nous appelons de même à l’adoption de mesures réglementaires au niveau national et européen encadrant toutes les étapes de la chaîne de valeur des biomédias et permettant des contrôles sur l’utilisation de cette technologie au sein des stations d’épuration collectives et industrielles par les autorités compétentes.
En tant que citoyens, vous pouvez vous mobiliser à nos côtés : que vous soyez en vacances, en promenade ou pratiquant d’activités nautiques, si vous trouvez des biomédias signalez-le afin de nous aider à suivre et à limiter l’impact de cette pollution plastique.
C’est un témoignage de terrain d’un bénévole inquiet de voir ces rondelles plastiques proliférer sur les plages qui nous a permis de lancer l’alerte sur cette nouvelle pollution plastique.
Chaque témoignage compte et nous avons besoin de vous pour faire avancer les choses.
Alors si vous trouvez des biomédias, remplissez ce formulaire, ou contactez-nous pour plus d’informations.
Merci pour votre engagement à nos côtés.