Une pollution d’ampleur : les derniers arrivages massifs de biomédias sur les côtes méditerranéennes
Depuis le début de l’année 2021 des témoignages de citoyens inquiets suite à la découverte de quantité importantes de biomédias, se multiplient sur les plages corses (France). Parmi eux, celui de Mare Vivu est particulièrement marquant : régulièrement en contact avec Surfrider Europe depuis 2016 – date de sa création –, les membres de cette association environnementale corse ont découvert, en février dernier, des dizaines de milliers de biomédias de type K5, concentrés sur la plage du Lido de la Marana, au sud de Bastia. Les jours suivants, ils ont reçu des dizaines de témoignages similaires et ont tristement constaté la présence en grand nombre de biomédias sur les plages de la côte est. Si ces lanceurs d’alertes signalaient de façon récurrente la présence de nombreux modèles de ces médias filtrants le long du littoral corse depuis cinq ans, ils n’avaient jamais constaté d’arrivage aussi important, laissant penser à un accident au sein d’une station d’épuration de l’île.
Au côté de Mare Vivu, Surfrider a mené l’enquête afin de faire toute la lumière sur cette nouvelle pollution par les biomédias.
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Alarmant, ce phénomène n’a pas seulement été observé en Corse… Surfrider Europe a en effet été alertée, à plusieurs reprises, par des citoyens et des membres d’associations comme Clean my Calanques, de la présence de médias filtrants du même type sur certaines plages de la côte d’azur mais également en Catalogne française et espagnole. Ces observations montrent qu’une fois déversés dans les milieux aquatiques, les biomédias se dispersent très rapidement et sur de très longues distances ce qui en fait une pollution d’envergure mondiale ! Les millions de biomédias rejetés par l’usine de traitement des eaux de Bastia-Sud continueront de polluer pour de nombreuses années la mer Méditerranée et sa faune si fragile. Des autopsies de tortues échouées ont montré la présence de biomédias dans leurs estomacs.
Chaque fois plus nombreux, ces témoignages de citoyens, inquiets de voir leur milieu naturel dégradé par une telle pollution plastique, nous permettent de faire pression sur les pouvoirs publics et acteurs industriels afin de les pousser à agir.
Vers la responsabilisation des utilisateurs des biomédias ?
Car, si la source de cette pollution reste parfois difficilement identifiable (les biomédias étant transportés par les courants, bien loin de la station d’épuration de provenance), il semble nécessaire de la stopper à la source, par la diffusion de bonnes pratiques et de recommandations, l’adoption de mesures réglementaires concrètes et la responsabilisation des auteurs en cas d’accidents.
Dans ce sens, s’est ouvert, début 2021 en Italie, le premier procès relatif à la pollution des eaux par des déchets plastiques. Suite au dysfonctionnement de la station d’épuration municipale de Capaccio Paestum (province de Salerne) en 2018, les côtes méditerranéennes occidentales avaient, en effet, été envahies de biomédias : une pollution plastique contre laquelle se sont dressées plusieurs associations environnementales nationales, dont Legambiente. Cette dernière s’est notamment constituée partie civile, contre huit personnes mis en examen pour « désastre environnemental » et pollution intentionnelle par négligence pour le déversement de 130 millions de biomédias. Sur le banc des accusés d’un des plus gros déversements de plastique en Méditerranée, des responsables de la mairie de Paestum ainsi que des responsables de la station d’épuration défectueuse, la société Veolia qui avait effectué des travaux et la société chargée de la gestion du site. Si la loi italienne relative aux crimes environnementaux leur fait encourir jusqu’à 15 ans de prison, cette première action, liée à la thématique des biomédias, met en exergue la gravité de cette pollution et l’importance d’agir pour y mettre fin.
Surfrider suit avec attention ce procès et apporte son soutien aux parties civiles en leur communiquant des preuves de l’ampleur de la pollution. C’est grâce à l’implication de dizaine de milliers de citoyens qui nous ont signalé la présence de médias filtrant sur les côtes méditerranéennes que cela a été rendu possible.
Des milieux aquatiques, aux institutions européennes.
Les témoignages reçus, nous permettent également de donner plus de poids à nos revendications auprès des instances européennes et nationales. En effet, celles-ci sont sensibles à aux préoccupations des citoyens.
Surfrider prend part actuellement au processus de révision de la directive européennes Eaux résiduaires urbaines (ERU), afin de faire intégrer la problématique posée par les biomédias au droit communautaire de l’eau. La directive européenne relative au traitement des eaux urbaines résiduaires adoptée en 1991 vise à protéger l’environnement et la santé humaine contre les effets néfastes des rejets d’eaux urbaines résiduaires. L’évaluation de cette directive menée en 2020 a mis en évidence certaines lacunes et de nouveaux besoins sociétaux. L’association considère que la non prise en compte de la pollution par les biomédias va à l’encontre de l’esprit de la Directive car il est impensable qu’un procédé utilisé pour améliorer le traitement de l’eau puisse finir par polluer de manière durable des cours d’eaux et l’Océan. Nous avons donc répondu à la consultation et mobilisé d’autres associations autour d’une déclaration commune que nous allons envoyer à la Commission européenne à la rentrée.
Ainsi pour lutter contre la pollution par les biomédias, chaque témoignage compte.
Que vous soyez kayakiste, promeneur, vacancier, vos observations peuvent nous aider à porter la problématique à l’attention des décideurs publics et des entreprises, à suivre les pollutions ou à repérer des dysfonctionnements au sein de station d’épuration. Alors ouvrez l’œil et alertez l’association !