Le mouvement plastic attack est né au Royaume-Uni. Cette initiative citoyenne vise à sensibiliser les consommateurs contre le suremballage et faire changer les modes de production des emballages par les industriels. Rencontre avec Fanny Vismara, une des figures du mouvement en France.
Concrètement, une plastic attack ça consiste en quoi ?
Les plastic attack sont des actions collectives et pacifiques menées dans les supermarchés. L’objectif de notre mouvement est de sensibiliser et démontrer l’inutilité du suremballage et du plastique à usage unique. On essaie de travailler avec tous les acteurs : citoyens consommateurs, distributeurs, à terme les industriels et les gouvernements.
Concrètement, c’est très simple : chacun se rend au supermarché pour faire ses courses munis d’emballages réutilisables. Après être passés à la caisse, on enlève tous les emballages inutiles et on les laisse aux distributeurs. On ne ramène que l’essentiel chez nous, dans des bocaux ou des sacs en tissu. L’ambiance est chaleureuse, nous expliquons aux clients pourquoi nous agissons. On a des pancartes et des affiches aux slogans positifs et humoristiques. L’idée n’est pas de dénoncer ou culpabiliser mais fédérer !
Qu’elle a été la motivation première du projet ? Qu’est-ce qui vous a poussé à agir ?
En 10 ans, la production de plastique a augmenté de 40% en France, on souhaite pouvoir inverser la tendance. A l’échelle de la France, 60% des achats alimentaires se font en supermarché, nous souhaitions montrer que chaque citoyen, consommateur a une capacité d’action par l’achat, ou le boycott.
Avec les plastic attack, on cherche à avoir de l’impact sur tous les acteurs de la chaine pour faire évoluer les pratiques. De fait, on constate que souvent plus les circuits des supermarchés sont déshumanisés plus le suremballage sévit. A force de constater les absurdités de certains emballages et leur volume sur les courses, on a forcément envie d’agir, surtout lorsque l’on voit les pollutions dévastatrices que génèrent ces produits courants sur l’environnement et les océans.
Quel a été le point fort de votre expérience ?
Suite à notre dernière action en Juin, Carrefour nous a reçu pour discuter. Le groupe a communiqué récemment sur ses engagements pour supprimer ou substituer les emballages plastique (barquettes de polystyrène, emballages plastiques des produits bio…etc.) par des emballages recyclables d’ici 2020. (Voir les détails ici.) C’est un premier pas, nous allons poursuivre nos actions auprès des plus grands distributeurs (Super U, Leclerc, Auchan…etc.) afin qu’ils se positionnent et s’engagent à trouver des solutions. Nous sommes heureux de représenter les consommateurs dans cette volonté de changement, et souhaitons mobiliser un maximum d’enseignes.
Après nos actions en Juin, notre mouvement a vite pris de l’ampleur, nous avons reçu des sollicitations de nombreux médias et même du ministère de l’écologie. Nous songeons à créer une association à l’échelle internationale pour mieux fédérer le mouvement.
Un message à faire passer ? Un autre projet en tête ?
Rejoignez le mouvement ! (rires) Notre prochaine grande action se fera le 15 septembre, les collectifs du monde entier se mobiliseront. C’est le moment de passer à l’action ! A l’échelle individuelle, chacun peut agir dans son supermarché, qu’il soit en ville ou à la campagne.
A ce sujet un de nos projets serait de pouvoir systématiser la possibilité de déballer ses emballages au supermarché. L’objectif serait de faire réagir distributeurs et fournisseurs en les touchant au portemonnaie. De fait, la loi Grenelle 2, oblige déjà les supermarchés de plus de 2500 m2 à mettre des poubelles de tri à disposition des consommateurs. C’est au distributeur de payer une taxe pour l’enlèvement des ordures jetées dans le supermarché, il doit ainsi payer un surcoût et demander des comptes à ses fournisseurs. En systématisant ce processus, et en demandant aux supermarchés de mettre des tables de « désemballage » nous aimerions avoir un impact direct sur la chaine et à terme mettre fin au suremballage.
Dans ses campagnes contre la pollution plastique (Reset Your Habits et Ban the Bag), Surfrider met également l’accent sur la nécessité d’engager tous les échelons de la société dans l’économie circulaire, du citoyen au décideur en passant par les entreprises. Surfrider encourage les mouvements citoyens qui visent à transformer les pratiques pour une réduction des déchets à la source.