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Plaidoyer Pour intégrer l’océan dans le futur régime climatique

« Un Océan en bonne santé, c’est un climat préservé »

À l’approche de la COP21, plusieurs acteurs de la société civile et de la recherche ont créé la Plateforme Océan et Climat, officiellement lancée en juin 2014. Son objectif est  non seulement de participer à la  mobilisation générale pour l’adoption d’un accord climat universel, ambitieux et contraignant, mais également de s’assurer que l’océan est  pleinement pris en compte dans le futur  régime climatique. L’océan est une composante essentielle de la machine climatique. Sa  dégradation a un  impact direct sur le climat ; en retour, les changements climatiques affectent les milieux  marins et côtiers, ainsi que les populations qui en dépendent.

Le plaidoyer de la Plateforme Océan et Climat

Considérant que la  COP21 inaugure une  nouvelle période d’engagement sur le climat, la Plateforme Océan et Climat présente ce plaidoyer pour que les enjeux liés à l’océan et aux zones côtières soient pris en compte dans les négociations climatiques. Si un Accord de Paris ambitieux est essentiel pour maintenir l’océan en bonne santé, il est par ailleurs indispensable que cet accord soit complété par des mesures spécifiques qui permettent à l’océan d’assurer ses fonctions essentielles dans le système climatique. Ces mesures concernent l’atténuation, l’adaptation, la science et le financement.

I. Atténuation : réduire les émissions de gaz à effet de serre et préserver les écosystèmes marins

Pour  l’océan il  est  essentiel que soit adopté à Paris  un  accord permettant de réduire  les  émissions de  GES,  pour limiter  le réchauffement en deçà des 2  degrés d’ici  la  fin du siècle, conformément à l’objectif énoncé lors de la  Conférence de Copenhague de 2009 et adopté à Cancun en 2010. La réduction des émissions de dioxyde de carbone (CO ) est également indispensable pour limiter l’acidification qui constitue une menace majeure pour l’océan. Des mesures spécifiques à l’océan et aux activités maritimes peuvent également contribuer à réduire les émissions de GES. À cette fin, il est urgent de :

  • Renforcer la capacité d’atténuation de l’océan grâce à des écosystèmes marins protégés
  • Développer les énergies marines renouvelables (EMR), tout en préservant la biodiversité marine
  • Réduire les émissions des navires, en développant des solutions innovantes

II. Adaptation : développer des stratégies d’adaptation pour les écosystèmes et les populations les plus vulnérables

Les risques et les vulnérabilités liés à l’impact du changement climatique sur l’océan sont déjà perceptibles et s’accroissent. Des  mesures d’adaptation sont par conséquent indispensables pour protéger les  biens et les  personnes les  plus  vulnérables, notamment dans les États  et les territoires insulaires et dans les pays en développement.

III. Science : encourager la recherche et diffuser les connaissances scientifiques sur les interactions océan et climat

La mise  en place de stratégies pertinentes et efficaces pour l’atténuation et l’adaptation nécessitent de  renforcer  les connaissances scientifiques et leur prise en compte par les décideurs politiques et économiques. A cette fin, il est primordial de :

  • Renforcer la recherche scientifique océan-climat  sur plusieurs questions prioritaires
  • Développer les moyens nécessaires à la recherche : navires et équipements associés, technologies, bases de données, sciences participatives…
  • Renforcer les systèmes d’observation de l’océan pour une meilleure prise en compte des impacts du changement climatique, en développant notamment des réseaux de données intégrés, sur l’acidification, le réchauffement et la déoxygénation du milieu marin.
  • Soutenir   le renforcement des capacités techniques et scientifiques des pays en développement, par le transfert des technologies et des connaissances marines, le développement des capacités de recherche, l’accès aux données, la  mise  en place de systèmes d’observation.
  • Soutenir la proposition de Monaco, présentée au GIEC en février 2015,  pour l’élaboration d’un rapport spécial sur l’océan,  afin  de fournir  aux décideurs des fondements scientifiques robustes et des solutions à mettre en place.

IV. Financement : flécher des fonds spécifiques pour l’océan

Il convient tout d’abord de maintenir et de veiller  à l’atteinte de l’objectif de 100 milliards  de dollars par an pour le Fonds Vert  du Climat d’ici  2020,  en s’assurant qu’une part conséquente de ce Fonds soutienne des mesures d’adaptation. La finance climat doit par ailleurs soutenir les actions d’atténuation et d’adaptation liées à l’océan.

En conclusion, la Plateforme Océan et Climat appelle :

Les Etats Parties à la CCNUCC à :

  • Adopter à la COP21 un   accord universel, ambitieux  et contraignant,
  • Intégrer dans cet accord  un   mécanisme de révision  et de renforcement des contributions nationales avant 2020, pour s’assurer d’une limitation du réchauffement en deçà des 2 °C, voire des 1,5 °C,
  • Intégrer les solutions d’atténuation et d’adaptation liées à l’océan dans la  mise  en oeuvre de l’Accord de Paris  et les financements dédiés, en particulier celles basées sur les écosystèmes,
  • Dédier une part  des  financements du  Fonds Vert   aux projets marins et côtiers, pour l’adaptation et l’atténuation, et  en  particulier la   conservation et  la   restauration  des écosystèmes les plus vulnérables,
  • Mettre en place les mécanismes assurant le renforcement des capacités et le transfert de technologies,
  • Mieux   articuler la  CCNUCC avec  les  accords relatifs   à l’océan,  en  particulier l’Objectif de   développement durable 14 sur les océans, les mers et les ressources marines, la  Convention des Nations unies sur  le  droit  de la  mer, la Convention sur  la  diversité biologique, et les  conventions de mers régionales.

L’ensemble des acteurs engagés dans la mise en oeuvre du futur régime climatique à

  • Reconnaître le  rôle  des écosystèmes marins et côtiers en tant que puits  naturels de carbone,
  • Accélérer la  mise  en place d’un réseau global, cohérent, représentatif et résilient d’aires marines protégées,  afin de prendre en compte l’importance des écosystèmes sains et fonctionnels pour la  réduction  de la  vulnérabilité et pour l’accroissement de  la   résilience  naturelle aux effets du changement climatique
  • Développer les EMR, tout en  préservant la   biodiversité marine,
  • Réduire les émissions du transport maritime, et développer des solutions innovantes dans le domaine des navires,
  • Renforcer  la  recherche  scientifique internationale  sur  la thématique  océan-climat, et soutenir la   proposition  de Monaco pour l’élaboration d’un Rapport Spécial du GIEC sur l’océan,
  • Soutenir prioritairement les  mesures d’adaptation  pour les régions les plus vulnérables, en particulier les zones côtières des pays en développement et les petits États  insulaires.

Retrouver l’intégralité du plaidoyer sur le site de la Plateforme Ocean et Climat