Exfoliants, gel douche, gel hydroalcoolique, crème à raser, nettoyants visage sont des produits que vous pouvez utiliser quotidiennement, certains contiennent des microbilles de plastique. Ce sont elles qui donnent les propriétés exfoliantes aux produits, mais elles sont une arme de destruction massive pour l’environnement. Mesurant quelques micromillimètres, elles s’écoulent avec l’eau usée, passent au travers des stations d’épuration et finissent dans les rivières, lacs et océans. De là, elle intègre la chaine alimentaire….et le dernier maillon, c’est nous ! Surfrider mettait en garde contre ce fléau, partageant au passage l’excellente appli « Beat the Microbead». Aujourd’hui, l’Etat de l’Illinois, suivi par la Californie et New York ont décidé d’interdire ces particules de plastique dans les cosmétiques. L’Australie pourrait suivre.
Illinois, Californie, New York, contre un ennemie invisible
Alors qu’aujourd’hui, trouver des cosmétiques sans microbille de plastique n’est pas chose aisée – éviter les produits affichant une liste d’ingrédients contenant du « polyéthylène » ou « polypropylène », ce sont des microbilles ! – les États de l’Illinois, de Californie et de New York ont décidé de prendre le problème à l’endroit, et d’interdire la commercialisation des produits contenant des microbilles. Une mesure simple, rapide et efficace. Surtout qu’il existe des alternatives naturelles aux microbilles de plastique qui ne devraient pas donner des migraines aux scientifiques élaborant les cosmétiques : poudre d’amandes, farine d’avoine, pierre ponce, noyau de fruits broyés, sel marin, etc.
L’Etat de l’Illinois fut le premier à interdire la vente de cosmétiques contenant des microbilles de plastique. Cette décision est une réponse aux inquiétudes grandissantes depuis la publication d’un rapport du PNUE statuant de façon concrète sur les dégâts de l’environnement marin à cause des déchets plastiques : ils s’élèvent à 13 milliards de dollars (américains) par an. Ces microbilles de plastique sont dévastatrices et donc particulièrement visées dans les différents rapports officiels et les campagnes contre les déchets plastiques.
Parmi les produits qui disparaissent des étalages suite à l’adoption de cette mesure, beaucoup sont des soins visage exfoliant. Unilever a annoncé en 2013 vouloir retirer progressivement les microbilles de ses produits d’ici à 2015. Des versions « naturelles » de ces produits existent déjà, mais le problème réside dans le fait que ces microbilles font parties d’une industrie bien établie, celle du plastique et donc du pétrole, ce qui tend à tirer les prix vers le bas, autant au niveau de la production que de la vente.
L’Australie va-t-elle suivre ?
Récemment, fin août 2014, c’est l’Etat de la Nouvelle Galles du Sud en Australie, qui appelait à une interdiction nationale des microbilles dans les cosmétiques. Le Ministre australien de l’Environnement Rob Stokes déclarait vouloir convoquer un groupe de travail pour éliminer ces microbilles d’ici à 2016.
De même que pour l’Illinois, la prise de conscience en Australie intervient après un rapport alarmant du Sydney Institute of Marine Sciences, portant sur le Sydney Harbour (baie de Sydney), qui identifiait les microparticules de plastique en « contaminant émergent ».
Plus c’est petit, plus c’est dangereux
Pourquoi ces microbilles de plastique sont-elles si dangereuses ? Principalement à cause de leur taille, moins d’un millimètre, qui leur permet de passer au travers des grilles des stations d’épuration.
Un seul tube de ces cosmétiques, soin visage ou dentifrice, peut en contenir des milliers. Ce sont des milliards de microbilles de plastique, invisibles à l’oeil nu, qui se déversent chaque seconde dans les océans.
Après le traitement des eaux usées, elles se retrouvent relâchées dans des grandes étendues d’eaux comme les lacs et les océans. Un institut californien a établit la présence de 470 000 pièces de plastique par kilomètre carré dans les Grands Lacs aux Etats-Unis, dont les 81% sont des microbilles. Et encore une fois, c’est leur petite taille qui pose problème. Invisibles à l’oeil nu, elles le sont aussi pour les animaux marins, qui dans une confusion avec le plancton les ingèrent, ces microbilles s’accumulent en remontant la chaine alimentaire. Elles représentent donc un enjeu environnemental important, aussi bien qu’un enjeu de santé publique, puisque nous sommes au bout de la chaine alimentaire.
Une application pour les repérer et les dénoncer
Depuis quelques années, Plastic Soup Foundation, milite avec le soutien d’une coalition d’ONG, dont Surfrider Foudation Europe, pour interdire ces microbilles de plastique. Pour renforcer le lobby contre ces microbilles, Sea Foundation et Plastic Soup Foundation, dans le cadre de la campagne Beat the Microbead, lançaient en 2012 l’application « Plastics!« , exclusive aux Pays-Bas, permettant aux consommateurs de scanner le produit désiré, et les informant de la présence ou non de ces fameuses microbilles de plastique. Forte de son succès au Pays-Bas, le PNUE et l’ONG anglaise Fauna & Flora International ont apporté leur soutien afin que l’application soit étendue à d’autres pays. Aujourd’hui disponible en 5 langues, l’application peut être utilisée partout dans le monde. Elle rend le consommateur actif : il peut en effet signaler la présence de microbilles dans un produit, en mettre à jour la base de données de cette application. En attendant les futures interdictions de ces microbilles, cette application vous aidera à les éviter. Télécharger l’application
Et si le sujet de la toxicité des cosmétiques vous intéresse, une conférence (et débat) sur le lien entre Santé et Chimie, au sein de Surfrider Campus de Biarritz, le 3 octobre 2014, suivie du vernissage de l’exposition Non Toxic Revolution. A partir de 18h, 33 allée du Moura, Biarritz.
Alban Derouet, rédacteur environnement .