Ces dernières années, un phénomène d’apparition et de prolifération d’une algue appelée Ostreopsis ovata est apparu en Méditerranée. Cette microalgue peut être toxique et avoir des effets néfastes tant sur l’environnement que sur la santé humaine. Dans la volonté de suivre l’évolution de la présence de cette algue et de sensibiliser la population, Surfrider Foundation Europe se mobilise en Méditerranée afin de mettre en place des mesures préventives et informatives.
Qui est-elle ?
Présente habituellement dans les eaux chaudes tropicales, Ostreopsis ovata est une algue microscopique unicellulaire, invisible à l’oeil nu. Elle apparait dans le milieu côtier, peu profond et peu agité. Même si les conditions de son apparition en mer Méditerranée restent incertaines, le réchauffement des eaux et le transport maritime en sont probablement à l’origine.
Ostreopsis ovata se fixe le long du littoral, au fond des eaux, sur les rochers ou sur d’autres algues. Parfois, les cellules peuvent se détacher du support de l’algue, suite à une agitation de l’eau ou des piétinements par exemple, et se retrouver libérées dans la colonne d’eau (espace entre la surface et le fond composé de différentes strates et couches thermiques). Elles peuvent aussi se trouver dans les embruns et être poussées vers le littoral avec le vent. Lorsque certaines conditions sont réunies, l’algue se multiplie massivement pour former des amas marrons et gluants, appelés « efflorescence » ou « bloom ».
Quels impacts sur l’environnement et la santé ?
Ostreopsis ovata produit une toxine, la palytoxine, qui, lorsque la microalgue gagne la surface, se diffuse dans l’air et peut occasionner des désagréments : rhume, toux, fièvre, troubles respiratoires, qui diminuent habituellement dans les 24 à 48 heures sans complications. Néanmoins, ces symptômes peuvent s’intensifier et restent à surveiller.
Même sans contact direct avec l’eau, les symptômes peuvent apparaître, causés par l’inhalation des gouttelettes transportées par le vent par exemple. Outre le danger pour la santé humaine, cette microalgue nuit aussi aux écosystèmes marins. Lors de son apparition dans le milieu, l’Ostreopsis ovata cause la mortalité d’organismes benthiques (fixés ou rasants le sol) par asphyxie du milieu et la mortalité d’organismes filtreurs par ingestion des toxines. De plus, l’accumulation de cette microalgue perturbe fortement la chaîne alimentaire.
Que fait Surfrider Europe ?
Depuis 2010, Surfrider a intégré l’étude d’Ostreopsis ovata au réseau de suivi de Qualité de l’eau et santé des usagers. Concrètement, des prélèvements réguliers sont effectués dans la colonne d’eau et sur les macro algues sur 8 sites en Méditerranée, pour appréhender l’impact sanitaire et environnemental et observer les conditions météorologiques. Surfrider a aussi pour objectif de participer à l’évolution des connaissances sur l’apparition de l’algue, réunir les acteurs et impulser la concertation.
En collaboration avec des acteurs de la recherche scientifique et des institutions pour des actions de sensibilisation auprès des pratiquants d’activités nautiques et du grand public, Surfrider a intégré ce nouveau paramètre biologique à son réseau de surveillance de la qualité de l’eau des zones d’activités nautiques.
Avec ce suivi, Surfrider peut aussi prévenir et limiter les impacts socio-économiques dus à l’apparition de cette algue : activités le long du littoral affectées, fermeture de plages en période estivale, mauvaise réputation de stations balnéaires, etc.
En 2018, Surfrider souhaite mettre l’accent sur l’information du public et la prévention des risques. A cet effet, Surfrider propose un cours en ligne sur sa plateforme éducative Ocean Campus et un livret explicatif illustré pour reconnaître cette algue microscopique et ses effets.