La crise sanitaire illustrant une fois de plus les dangers des dérèglements environnementaux, il est impensable de « revenir à l’ancienne normalité », a insisté le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, lundi 11 janvier dernier, lors du One Planet Summit. Rendez-vous annuel initié par la France il y a trois ans pour porter des messages de lutte contre le changement climatique, le One Planet Summit 2021 s’est particulièrement attardé sur la protection de la biodiversité, notamment marine. Organisé par Paris, les Nations unies et la Banque mondiale, il a regroupé, cette année, plusieurs chefs d’Etats et dirigeants de banques centrales ainsi que de nombreux acteurs privés dans le but d’accélérer les actions en faveur de la protection environnementale.
Constat d’échec et volonté d’accélérer la protection de la biodiversité marine
En effet, en dépit des nombreux objectifs internationaux fixés, la biodiversité marine est loin d’avoir été suffisamment protégée cette dernière décennie. Dès lors, « il nous faut regarder en face cet échec […] pour accélérer notre action avec des choses très concrètes et un suivi réaliste de celles-ci » a déclaré Emmanuel Macron, plein d’ambitions en inaugurant la conférence.
Consacré à quatre grandes thématiques – que sont la protection des écosystèmes terrestres et marins, la promotion de l’agroécologie, la mobilisation des financements et le lien entre déforestation, préservation des espèces et santé humaine –, ce sommet semble avoir contribué à la reconnaissance primordiale du lien entre préservation des océans et changement climatique. Il a en effet été retenu que, pour agir en faveur de la biodiversité, qu’elle soit marine ou terrestre, une appréhension globale de l’océan est absolument essentielle. C’est ainsi, qu’après des années de négligence, les initiatives de protection marine ont reçu de considérables promesses de financements publics et privés.
Des coalitions pour protéger mers et océans
Ces derniers devraient permettre, dans un premier temps, de renforcer la High Ambition Coalition for Nature and People portée par le Costa Rica et la France depuis 2019. Signée lundi par une cinquantaine d’Etats, elle pousse les dirigeants à s’engager concrètement pour protéger « au moins 30 % des terres et des océans » d’ici à 2030 en établissant notamment des aires marines protégées en haute mer. Car, si la France s’est déjà engagée nationalement à accomplir cet objectif d’ici 2022, le combat pour la biodiversité se doit, pour être efficient, d’être mondial.
Aussi, dans un second temps, ces financements seraient un moyen de répondre aux objectifs d’une coalition nouvelle regroupant la France, l’Espagne et la Principauté de Monaco, pour une Mer Méditerranée exemplaire en 2030. Son but ? Améliorer le contrôle des eaux méditerranéennes afin de mettre fin à la surpêche, à la pollution marine et au plastique à usage unique, tout en développant un réseau d’aires protégées et en verdissant le transport maritime dans la zone.
Un sommet qui fait débat : des mesures superficielles ?
Si les participants au One Planet Summit 2021 ont formulé de nombreuses promesses, il est légitime de se demander si ces dernières seront vraiment tenues ou si elles s’apparentent plutôt à du greenwashing politique. Il est effectivement intéressant de s’attarder sur certains points.
En ce qui concerne les objectifs de la High Ambition for Nature and People, ils ne pourront être accomplis sans une évolution du cadre juridique international développé par les Nations Unies. Si les actuelles négociations BBNJ ont vocation à faire évoluer le droit international pour créer des aires marines protégées en haute mer, les procédures juridiques restent souvent longues et fastidieuses. Alors que seuls 7% des océans constituent aujourd’hui des zones protégées, les 30% ambitionnés par la coalition ne pourront être atteints en 2030 que si ce droit international évolue. Ainsi, bien que certains les trouvent insuffisants, il semble déjà ambitieux de les satisfaire dans la mesure où ils restent pleinement conditionnés par les avancées de l’ONU.
Enfin, à propos d’une Mer Méditerranée exemplaire en 2030, un important problème n’a pas été soulevé : au-delà du transport maritime, l’extraction de gaz sous-marins dans la zone génère, elle aussi, de gros soucis environnementaux. Mais, la situation étant tellement tendue à ce propos, les problèmes écologiques ne semblent pas pouvoir être résolus sans que le contexte géopolitique ne s’améliore. De nombreux efforts restent donc à faire et bien qu’elles soient remplies d’espoir, les décisions prises lors du One Planet Summit en faveur de la protection marine dépendent de nombreux facteurs externes. Quoi qu’il en soit, Surfrider continuera de lutter pour protéger les océans et pour que ces mesures soient réellement effectives en 2030.