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Ne relâchons pas la vigilance sur nos eaux de baignade!

« Enfin ! » diront certains, « Et mince ! » diront d’autres… En cette fin de mois de mai, l’Europe vient de publier son rapport officiel sur la « Qualité des eaux de baignade européennes pour la saison 2012 ». Cette synthèse sur la qualité des eaux « récréatives » européennes sort à point nommé, soit quelques jours avant le début de la saison balnéaire 2013 dans la majorité des Etats communautaires.

S’appuyant sur les résultats des analyses fournies par les différents Etats membres et non membres, l’Agence Européenne de l’Environnement a établi le classement de l’ensemble des quelque 22 184 sites référencés. L’objectif de ce rapport est de renseigner les usagers et les baigneurs sur la qualité de zones de baignade mais également sur les tendances et les évolutions par rapport aux années antérieures. Ainsi, tout un chacun est libre de choisir entre la Grèce, l’Espagne, la France ou même le Luxembourg comme prochaine destination.

Profitant de la sortie de ce rapport, Surfrider Foundation Europe souhaite réagir sur certains commentaires ou gros titres parfois, prêtant à confusion. Depuis maintenant 10 ans, l’association évalue la qualité des eaux côtières par l’intermédiaire de réseaux de surveillance complémentaires. Reconnu acteur à part entière des questions relatives à la qualité des eaux, Surfrider Foundation Europe estime que même si les résultats semblent encourageants, les efforts entrepris doivent être maintenus : certains résultats encore fragiles ou insatisfaisants doivent faire l’objet d’investigations quant aux sources des pollutions, et de mesures appropriées.

Aspect réglementaire

Au 1er janvier 2015, la nouvelle directive (2006/7/CE) concernant la qualité des eaux de baignade abrogera la directive de 1976 et entrainera des modifications importantes notamment sur les normes sanitaires et le protocole de classement. Ainsi, la nouvelle directive utilise les résultats des analyses bactériologiques (Escherichia coli et entérocoques) des quatre dernières années pour établir le classement d’un site et non une seule comme mentionné dans l’ancienne directive. 

Sur les 29 pays européens ayant transmis les résultats (Croatie et Suisse compris), 19 pays ont appliqué les critères de la nouvelle directive (normes plus strictes et classement sur 4 années consécutives) et 10 ont utilisé des règles de transition (France, Royaume-Uni, Italie) afin d’établir leur classement 2012 final. Par conséquent, il est difficile d’avoir une vision comparative globale de l’application de la directive en raison de la différenciation des méthodes de classement employées.

Une surveillance estivale

La réglementation impose des campagnes de prélèvements en période estivale, généralement de mai à septembre au moment où l’afflux touristique est le plus important. Le classement du site (qualité excellente, bonne qualité, qualité suffisante ou mauvaise qualité) s’effectue donc seulement avec un « focus » sur les mois d’été et ne reflète pas la qualité de l’eau sur l’année. Or pendant les mois de mai à septembre, de nombreux efforts sont souvent déployés sur les zones de baignade pour accueillir le public en toute sécurité : assainissement renforcé, campagnes d’information, fermetures, nettoyage des déchets, etc. En revanche, hors période estivale, tous ces principes de précaution ou d’alerte sont mis en sommeil jusqu’à la saison suivante… au détriment des pratiquants d’activités nautiques.

La pollution bactériologique

Le classement des sites de baignade est réalisé en utilisant les données des concentrations des Escherichia coli et des entérocoques dans l’eau. Ces bactéries sont des marqueurs d’une pollution d’origine fécale et renseignent sur la nécessité de fermer ou non un site à la baignade en fonction de leur concentration pour des raisons sanitaires. Bien que paramètres discriminants fixés par la nouvelle directive 2006/7/CE, il s’avère utile de rappeler le contexte opératoire. Les prélèvements sont effectués un jour J et les délais d’analyses nécessitent 48 h, soit un résultat sous 2 jours. Les pollutions bactériologiques sont très souvent causées par les fortes pluies (ruissellement, réseaux d’assainissement, etc.) qui drainent les polluants et sont de ce fait « périodiques ». Ainsi, une plage peut être fermée pour cause de pollution 2 jours après l’analyse alors que le jour J+2 les conditions sont de nouveau bonnes.

Le délistage

Le délistage consiste à retirer une zone de baignade des listes officielles sans pour autant justifier ce retrait. Elle n’est alors plus contrôlée, échappe aux réglementations en vigueur et les usagers ne sont plus informés de la qualité de l’eau. Il est à  noter qu’en 10 ans, 1280 plages ont été délistées pendant au moins un an dont 500 rien qu’en Italie et 151 en France. Ainsi la crainte est de voir certains Etats radier certaines zones de baignade des listes officielles afin d’échapper aux sanctions de l’Europe mais aussi d’améliorer leurs statistiques nationales.

Le rapport de l’Agence Européenne de l’Environnement établit un constat informatif de la qualité des eaux de baignade et permet à l’ensemble des usagers et des baigneurs communautaires de connaître l’état sanitaire des 22184 sites de baignade référencés en Europe. Cependant, nous encourageons les différents Etats membres, et les autres riverains, à continuer leurs efforts en matières de reconquête de la qualité des eaux de baignade et à s’investir encore plus sur les questions sanitaires. La pollution n’a pas de frontière et ne concerne pas que la pollution bactériologique. Nous devons rester mobilisés auprès des différentes instances européennes pour faire prendre conscience que les substances chimiques et les déchets aquatiques peuvent avoir un impact sur la santé des baigneurs et des usagers de l’EAU au sens large !

Marc Valmassoni, Chargé de mission Environnement Méditerranée

Où s’informer ?

Baigneurs, pratiquants d’activités nautiques et usagers du littoral, Surfrider Foundation Europe vous invitent à vous rendre sur sa page dédiée  à ses différents réseaux de suivis pour connaître toute l’année la qualité de vos eaux récréatives : http://www.surfrider.eu/fr/qualite-de-leau-et-sante.html

Marie-Amélie Néollier, Jérémie Pichon et Marc Valmassoni, en charge des réseaux de surveillance seront ravis de pouvoir vous apporter de plus amples informations sur cette thématique. N’hésitez pas à les contacter en vous rendant sur le site de l’association.