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Mégots: les remarquez-vous encore ?

Ils sont si visibles qu’on ne les voit même plus. Totalement intégrés au paysage urbain, et de nos jours aux profils des plages, ils sont une pollution effective, une menace certaine. Les mégots jetés par terre.  

Ils sont une des menaces qui pèsent sur nos océans et à fortiori sur notre planète, en parallèle des effets déjà sensibles d’un changement climatique enclenché. Une chose est sûre, notre monde va changer, car les impacts du changement climatique vont affecter les populations, les industries et les écosystèmes. Le lien entre le jet de mégots et le changement climatique ? Aucun, si ce n’est l’illustration de mauvaises habitudes qui nuisent à notre environnement. Cela illumine un secret de polichinelle : nous ne sommes pas préparés aux changements à venir. Une question : en avons-nous conscience ? Nos comportements ne semblent pas en donner une réponse positive. Les experts du GIEC se rassemblent pour simuler différentes évolutions, difficiles à traiter car elles dépendent fortement d’une donnée qui, elle, reste imprévisible : notre capacité à réagir.

Jeter par terre, c’est jeter en mer

Bien sur, le problème ne vient pas seulement que des mégots, c’est un ensemble. Pourtant, ils mettent en avant des comportements et des habitudes qui sont à changer. Jeté par terre, avec style ou non, quel que soit l’endroit, le mégot finira sa course dans un cours d’eau qui se dirige forcément vers un océan. En contact avec l’eau, un mégot libère ses composants chimiques (toxiques) en moins d’une heure, peut polluer à lui seul jusqu’à 500 litres d’eau et nécessite une dizaine d’années pour se dégrader, sans jamais disparaitre dans la nature. Encore une fois en avons-nous conscience ? Le fait de jeter son mégot par terre est-il associé à celui de polluer notre environnement dans l’esprit d’un individu lambda, et ce qu’il soit fumeur ou non ? A priori, pas systématiquement. Il est intéressant de noter qu’un même individu se retiendra de jeter des papiers par terre, alors qu’il pourra jeter sans aucune gêne un mégot par terre. Alors, absence de conscience écologique ou simplement de bonnes habitudes qui n’ont pas toutes été incorporées ?

Proposer de bonnes habitudes, et transmettre une conscience écologique aujourd’hui vitale sont les actions menées par certaines antennes bénévoles de Surfrider Foundation Europe. Les antennes Surfrider West Var et Finistère ont mené ces derniers mois des actions de sensibilisation aux mégots jetés par terre. Pas de speech interminable, ni de culpabilisation, il s’agissait plutôt d’attaquer le problème sous un autre angle pour un public plus réceptif.

Crime Scene, et la brigade des mégots

A Six Fours les Plages (Var, Provence-Alpes-Côte d’Azur), une brigade spécialisée ramassait les mégots sur la promenade du bord de mer, afin « de retrouver l’ADN du mystérieux pollueur ». L’antenne Surfrider West Var se cachait derrière cette brigade copiée sur le modèle de la police scientifique. En cinq « descentes », cette police fictive avait ramassé près de 20 500 mégots, constatant une forte concentration autour des cafés, des restaurants, du tabac et des bancs publics.

Leur nombre et les endroits où ils sont retrouvés indiquent qu’ils sont le résultat de petits gestes isolés de jet de mégot. Les bénévoles de l’antenne se rassemblaient le 6 avril pour enfin lever leur masque de policiers et sensibiliser le grand public, sensibilisation à laquelle le Maire de la commune était invité à se joindre.

Défi : essayer de ne pas marchez sur des mégots

En Bretagne, l’antenne Surfrider Finistère menait sur le campus de l’Université de Bretagne Occidentale une compétition de ramassage de mégots. L’objectif ? Montrer que les mégots peuvent se ramasser à la pelle dans les endroits fréquentés. Pendant deux semaines, 5 équipes de 3 personnes ont collecté des mégots. Les gagnants étaient ceux qui avaient ramassé le plus de mégots dans le temps imparti: plus de 10 litres ramassés, rien qu’en regardant par terre sur les lieux de passage habituels.

En partenariat avec Terracycle, l’antenne Finistère envoie les mégots ramassés pour qu’ils soient recyclés, ils illustrent le modèle de l’économie circulaire.

Bonnes habitudes, économie circulaire, des solutions existent

La solution se trouve d’abord dans un changement de petites habitudes. Garder son mégot jusqu’à un cendrier ou une poubelle représente un acte isolé qui, accumulé à d’autres, nous épargnent d’une pollution visuelle et environnementale.

Jeter par terre, c’est jeter en mer : la campagne des Initiatives océanes 2014 est axée sur le trajet amont-aval de tous nos déchets, qui jetés pas terre, se retrouvent en mer même des années plus tard. Le changement se fera d’abord dans nos habitudes. Jeter son mégot dans les endroits prévus à cet effet, un petit geste qui montre que nous avons tous à titre individuel une capacité d’agir.

Alban Derouet, Rédacteur environnement.

36 antennes officielles de Surfrider Foundation Europe sont présentes dans une dizaine de pays en Europe. Leurs différents réseaux locaux rassemblent plus de 700 bénévoles et permettent de diffuser le message de Surfrider tout en participant à la sauvegarde des océans et du littoral.

Crédits: Maxime Michaud (photo à la une); antennes Surfrider West Var et Finistère (autres photos) .