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Médias Filtrants dans le lac Léman : les conclusions de l’enquête

Le lac Léman connait actuellement une pollution conséquente de médias filtrants, des premiers témoignages sont apparus au printemps 2012. Surfrider Foundation Europe s’est attelé au travail d’investigation pour découvrir les causes et l’origine de la pollution. L’enquête menée s’est illustrée par sa qualité et surtout par la collaboration des antennes Côte Basque et Lac Léman, ainsi que le siège européen situé à Biarritz.

UN LAC QUI NE TIENT PAS SA RÉPUTATION

Des médias filtrants découverts au lac Léman, printemps 2012, mais aucun responsable pour les signaler, le contraire eût été étonnant. La pollution est signalée en premier à François Verdet de l’antenne Côte Basque en janvier 2013, qui connait bien la problématique pour avoir déjà eu affaire avec des biochips en 2010 en Aquitaine. Le contact est aussitôt engagé auprès des bénévoles l’antenne Lac Léman. Les deux antennes Lac Léman et Côte Basque enquêtent face à cette invasion, surtout que le lac dit « le plus propre au monde »  connait deux autres pollutions (taux de phosphore supérieur à l’objectif fixé par la CIPEL dans son Plan d’action 2011-2020 et taux de micro plastiques alarmant).

Deux types de médias filtrants sont identifiés : pas de confusion possible, les uns sont plats et circulaires, les autres épais et carrés. L’antenne Côte Basque découvre assez vite que les STEP de Saillon et d’Evolène ont eu des incidents provoquant le déversement de médias, respectivement en janvier et mars 2012. Résultats satisfaisants mais pas complets puisque les biochips utilisés par ces deux stations sont circulaires…Quid des médias carrés ?

CARTOGRAPHIE DES MÉDIAS FILTRANTS SUR LE LÉMAN : CONSTAT CRITIQUE

Alors inconnus au bataillon, l’apparition de médias carrés intéresse et donne l’occasion à Charléric Bailly au siège Surfrider à Biarritz de dresser leur fiche d’identité : fabricants, utilisation, etc, mieux les connaitre signifiant un meilleur traçage en cas de pollution. Dans le même temps, un appel à témoin est lancé sur les réseaux sociaux par Gaël Bost, de l’antenne Lac Léman : « Nous avons  pu créer une carte mise à jour en temps réel des lieux touchés par la pollution sur l’ensemble du lac Léman afin d’avoir une « photographie vue de dessus » du lac et des zones touchées ». Avec les témoignages des sympathisants Surfrider, l’antenne Lac Léman en arrive vite à la conclusion que les rives Suisses ne sont pas les seules à être touchées, la rive Sud du lac avec les communes d’Anthy, Sciez, Thonon, Saint-Disdille et Lugrin étant particulièrement plastifiée par ces médias carrés.

Les bénévoles du Lac Léman contactent chaque STEP côté français : en constatant les procédés d’épuration, ils ont la certitude que la source n’est pas française. Commence un travail de longue haleine pour Gaël Bost : « je suis allé sur le terrain, vérifié chaque plage et la quantité présente afin de tenter de trouver l’affluent qui avait transporté les médias filtrants. Après en avoir trouvé en amont du lac, je pensais qu’ils  provenaient du Rhône. J’ai donc été jusqu’à rencontrer trois STEP, trois usines, une raffinerie et un incinérateur à déchets sur le plateau amont du Rhône espérant trouver la source de la pollution, toujours rien»…Toujours rien donc, mais Surfrider ne s’avoue pas vaincu aussi facilement.

VOUS AVEZ DIT « CARRÉS » ?

La réponse se trouve pourtant dans leur forme…carrée. Les informations recueillies au siège Surfrider à Biarritz détermine un fournisseur suisse de médias carrés. Trouver le fournisseur est un grand pas et peut mener à identifier les clients de médias carrés dans la zone géographique, cependant, secret professionnel oblige, les industriels ne délivrent de telles informations…à moins d’avoir l’autorité suffisante pour les recevoir. Gaël contacte ainsi les responsables des cantons de Vaud et de Valais pour que, eux, obtiennent plus de détails. Très intéressés par la problématique depuis les incidents d’Evolène et Saillon, l’enquête avance : le fournisseur communique aux responsables des cantons le nom des STEP utilisant ce genre de pièces sur le lac Léman. Cette forme carrée est moins courante et le nom de Saint-Prex sort du lot.

MAUVAIS PROCÉDÉ D’UTILISATION = RISQUE DE POLLUTION

Après plusieurs mois, le responsable ayant déversé un grand nombre de médias filtrants carrés dans le lac Léman est finalement identifié, Gaël rencontre le responsable de la STEP de Saint-Prex, le bureau d’étude et l’équipementier ayant effectué l’installation des ces fameux médias filtrants ; l’enquête se termine mais pas l’action: « Nous avons prévenu les gardes-pêche qui ont en charge le travail d’enquête pour déterminer s’il y a lieu ou non de poursuivre en justice les pollueurs. L’enquête continue donc pour eux. Maintenant que nous avons l’assurance que les médias filtrants ne peuvent plus être déversés dans le Léman, nous travaillons en collaboration avec les communes afin de programmer des nettoyages des plages touchées. Cela va prendre du temps car le nombre de plages impliquées est important. ».

De son côté, le siège à Biarritz continue de mener la recherche sur les différents types de médias filtrants et les techniques d’utilisation, des fuites comme celles du Lac Léman peuvent être évitées si bon usage il y a des médias filtrants. La cause la plus courante reste le débordement des bassins,  avec des médias filtrants qui en l’absence de brassage, se colmatent aux grilles d’évacuation et font monter le niveau d’eau. Cela peut être évité : Surfrider Foundation Europe établit des préconisations d’utilisation pour éviter dans le futur ce genre de pollutions, qui malheureusement reste permanente.

Alban Derouet, Rédacteur environnement

Si vous constatez la présence de médias filtrants, contactez François Verdet en précisant la date, le lieu et la quantité et en joignant si possible une photo.