Le 7 octobre dernier, le navire tunisien « Ulysse » est entré en collision avec un porte-conteneurs chypriote au large du nord de l’île de beauté. Suite à cette collision, une nappe de 600 tonnes de fioul de propulsion s’est échappée et des travaux de dépollution ont rapidement était mis en place en mer. Malgré ces dispositifs, plusieurs plages du Var, notamment celles du Parc National de Port Cros ont été touchées par cette pollution aux hydrocarbures entrainant le déclenchement du plan Polmar. Plus récemment c’était au tour du Parc National des Calanques de demander le déclenchement du plan Polmar face au risque élevé de pollution et de se tenir prêt à intervenir.
Une enquête toujours en cours, un désastre écologique annoncé
Trois semaines après la collision entre les deux navires au large du Cap Corse, les conclusions de l’enquête ne sont pas encore connues mais les dégâts environnementaux sont déjà bien visibles, même s’ils restent difficiles à mesurer. Les conditions météorologiques risquent d’accentuer l’arrivée des hydrocarbures sur les plages méditerranéennes dans les prochains jours. Ces hydrocarbures de propulsion qui servent de carburant aux navires sont, certes moins dévastateur que le fioul lourd transporté par les pétroliers (comme lors du naufrage de l’Erika par exemple), mais représentent une sérieuse menace pour les écosystèmes touchés et le nettoyage des côtes prendra des semaines voire des mois.
La sécurité et les risques du transport maritime en Méditerranée sont à nouveau questionnés, mais également la participation de ce secteur d’activité à la transition énergétique. Aujourd’hui des solutions alternatives aux moteurs diesel existent, notamment la propulsion électrique en complément, l’utilisation de GNL (Gaz Naturel Liquéfié) ou encore l’utilisation du vent pour limiter la consommation de carburant. Ces solutions permettent non seulement de réduire la pollution des navires lors de leur navigation en limitant leurs émissions, mais également de diminuer les impacts environnementaux en cas d’accident en limitant la quantité d’hydrocarbures présent dans les réservoirs des navires. Si un fioul de meilleure qualité avait également été choisi par l’armateur, les conséquences écologiques seraient moins dévastatrices, et les émissions de gaz à effet de serre seraient grandement réduites. Surfrider travaille notamment avec de la Méridionale et Corsica Linea dans l’amélioration de leur performance énergétique ainsi qu’à la sensibilisation du public.
Surfrider a décidé de porter plainte suite à cette pollution
SDS Rain, Carthage, Trefin Adam, Eurika, autant d’affaires dans lesquelles Surfrider s’est constitué partie civile face à des pollutions par les transports maritimes en Méditerranée et des capitaines et armateurs peu respectueux de l’environnement. Pour la première fois de son histoire, Surfrider compte faire valoir le préjudice écologique engendré par cette pollution aux hydrocarbures devant les tribunaux. La piste de l’erreur humaine est privilégiée mais il faut encore attendre la publication des résultats de l’enquête avant de pouvoir entamer une action en justice. D’après les experts, le navire tunisien était proche de sa vitesse de se croisière lorsque la collision s’est produite, en pleine journée, avec une mer calme. Il semble donc qu’un manque de vigilance de la part de l’équipage soit en cause dans cette collision.
En 2015, la France présentait une étude à l’OMI (Organisation Maritime International) sur les conditions de travail des équipages et plus particulièrement des officiers de quart, qui ne sont que deux sur ce type de navires. Les conclusions de cette étude montrent que ces officiers travaillent en permanence et de façon intensive sur les plans de navigations, et dérogent bien souvent à la limitation de leur temps de travail et donc de leur temps de repos. La sécurité du transport maritime, notamment en Méditerranée (mer semi-fermée et première zone de circulation par voie maritime) est un enjeu crucial pour Surfrider.
Depuis plus de 10 ans Surfrider mène des actions systématiques contre ces pollueurs des mers peu scrupuleux. L’association oeuvre pour l’application du principe pollueur-payeur aux acteurs du transport maritime et pour la consolidation des jurisprudences concernant le préjudice écologique.
Les questions concernant le transport maritime vous importent ? Dites-le en répondant à la consultation européenne “Voice For The Ocean” afin que l’océan fasse partie des politiques européennes dans les années à venir.