Marée noire au Bangladesh, accident dans le port de Brest, anniversaire du naufrage de l’Erika : autant de faits d’actualité qui en cette fin d’année remettent sur le devant de la scène le transport maritime et son impact sur l’environnement marin. Les pollutions massives aux hydrocarbures demeurent en effet un risque bien réel, aux conséquences potentiellement désastreuses pour le milieu marin et les espaces littoraux. Surfrider appelle donc une nouvelle fois les législateurs nationaux et européens à adopter d’urgence des mesures plus strictes.
15 ans après l’Erika, marée noire au Bangladesh
Le 9 décembre dernier, un navire pétrolier de la Bangladesh Petroleum Corporates coulait suite à une collision dans la rivière Sela au coeur des Sundarbans, mangrove de la baie du Bengale. Le navire transportait 350 000 litres de pétrole qui se sont en grande partie déversés dans le milieu aquatique. Le même jour, période anniversaire du naufrage de l’Erika, le navire Lord Star, alors en réparation, déversait accidentellement une partie de ses hydrocarbures de propulsion dans le port de Brest, générant une nappe s’étendant sur un carré de 400 m de côté.
Échec au pollueur payeur et à la prise en considération du dommage écologique ?
Lors de chaque pollution aux hydrocarbures, les populations locales vivent un drame non seulement écologique mais également sanitaire : fortement exposées aux pollutions alors qu’elles effectuent des nettoyages sans protection ni vraisemblablement de formation, elles sont globalement encouragées à nettoyer les dégâts sans évaluation des dommages, pourtant nécessaire à l’application du principe de « pollueur payeur ».
Au Bangladesh, dans les conditions de survenance de pollution, il est fort à parier que la prise en considération du dommage écologique sera d’ailleurs certainement écartée car non incluse dans les réparations du fonds FIPOL, celui-ci ne réparant en effet que les dommages économiques : même si la remise en état est évoquée dans son manuel, cela ne prendra en effet pas en considération la perte des services rendus par les mangroves, pas plus que les pertes de spécimen d’espèces protégées.
Les législations européenne et française toujours perfectibles
Si la France reste particulièrement sensible à la question du préjudice écologique, elle n’a toujours pas entérinée le projet de loi sur son intégration dans le Code Civil malgré la volonté affichée et le rapport du Professeur Jégouzo dans le cadre duquel Surfrider avait été auditionnée.
L’Europe quant à elle reste très mal armée face à ce type de pollution. La nouvelle Commission Junker prétexte une nouvelle évaluation coûts-avantages du projet de fonds européen d’indemnisation du dommage écologique dit Fond COPE pour repousser sa discussion.
C’est pourquoi Surfrider continue de militer à tous les niveaux de gouvernance internationaux vis-à-vis du FIPOL en faveur de la reconnaissance du dommage écologique. Si l’ONG ne pourra se porter partie civile dans le cadre de la pollution au Bangladesh, elle en étudiera en revanche les possibilités dans le cadre de l’accident à Brest.
Retrouvez les revendications de Surfrider dans son livre blanc sécurité maritime
Surfrider Foundation Europe