Qu’est-ce qui mesure moins de cinq millimètres, et peuple le fond des océans ? Oubliez les planctons, aujourd’hui on va parler microplastiques. Une espèce artificielle, toxique et invisible à l’oeil nu, dont les impacts ne sont pas à prendre à la légère. Surfrider vous propose aujourd’hui de vous intéresser à cette problématique environnementale, sanitaire, et politique, dans le cadre de sa campagne Voice for the Ocean.
Les microplastiques : problème à grande échelle
On ne finit jamais de répéter le même constat, 80% des déchets retrouvés en mer proviennent de l’intérieur des terres, et on estime qu’environ 80% de ces déchets sont faits de matière plastique. Au fil des années, on peut observer une quantité de micro particules de plastique (microplastiques) de plus en plus importante sur les plages. Leur présence accrue dans des échantillons d’eau douce et d’eau de mer alertait déjà la communauté scientifique une quinzaine d’années auparavant, posant un défi complexe et plus que jamais d’actualité. L’objectif : prouver l’impact réel des microplastiques sur l’environnement et la santé humaine, remonter à leur origine et les quantifier afin de prévenir les pollutions qu’ils génèrent. En effet, le défi est également d’alerter l’ensemble des parties prenantes sur l’urgence de réduire les déchets à la source, et réduire leur introduction dans les milieux aquatiques.
Des origines diverses
Les résultats d’une étude montrent que dans le top 3 des sources de microplastiques certaines sont pour le moins insoupçonnées. L’abrasion des pneus sur la route ou encore le lavage de vêtements en fibres synthétiques, rejettent une quantité conséquente de microplastiques dans l’océan. Ceux-ci sont acheminés jusqu’aux cours d’eau par les réseaux d’eaux usées et d’eaux pluviales. Les microplastiques ajoutés dans certains produits ou cosmétiques suivent inlassablement le même chemin, n’étant pas filtrés par les stations d’épuration, (nous vous en parlions dans cet autre article). Mais les microplastiques sont aussi rejetés dans le milieu tels quels : selon Eunomia, 230 mille tonnes de pellets de plastique, servant à la fabrication d’objets en plastiques, ont été déversés au fond de l’océan suite à leur perte.
© SOS Mal de Seine
Où en est la recherche ?
Les différentes études ayant été menées sur le sujet sont formelles : le plastique est un véritable fixateur des substances toxiques présentes dans l’eau et issues de l’activité humaine, par exemple les pesticides ou les métaux lourds. Les microplastiques sont donc les moyens de locomotion de molécules toxiques qui transitent au travers de la chaine alimentaire…de la faune aquatique à l’Homme! De plus, les substances contenues dans certains additifs entrant dans la composition des matières plastiques (bisphénol A, phtalates) sont des perturbateurs endocriniens, ils pourraient, par ingestion provoquer des dérèglements hormonaux chez la faune aquatique et l’humain.
Quels sont les enjeux pour demain ?
Le processus de quantification des déchets est un travail extrêmement délicat à mener pour les chercheurs : très chronophage, et à géographie variable. Il faut également noter que peu d’études s’intéressent aux microplastiques présents dans les rivières, c’est d’ailleurs un des axes de travail de Surfrider avec son projet de quantification Riverine Input.
Malgré cette difficulté à connaitre l’ampleur réelle de cette pollution et de ses impact, Surfrider et ses partenaires de la coalition Rethink plastic ont mené des actions de plaidoyer auprès de la Commission Européenne dans le cadre de la European Strategy for Plastics in Circular Economy. L’objectif : faire adopter des mesures au niveau européen pour stopper l’introduction de microplastiques primaires dans l’environnement et réduire les déchets à la source. Présentées en janvier 2018, les solutions avancées dans cette stratégie ne sont pas encore satisfaisantes, et doivent selon Surfrider évoluer pour répondre à 3 grands enjeux :
– La prévention : en réduisant la toxicité des matériaux plastiques et des textiles, en interdisant la fabrication de produits de soin et de détergents contenant des microplastiques intentionnellement ajoutés (de type microbilles).
– L’amélioration de la gestion des matières premières : pour prévenir par exemple les pollutions liées à la manutention, au transport, stockage de pellets et de paillettes. Concernant leur transport, Surfrider travaille également à la prévention de la perte de conteneurs en mer.
– La réduction à la source : en réduisant les emballages à base de plastique et en améliorant leur recyclage (seulement 30% du plastique est actuellement recyclé en Europe).
Un travail de longue haleine qui pourra voir le jour avec le soutien et la mobilisation des citoyens ! Dans le cadre de Voice for the Ocean, Surfrider propose à sa large communauté et au-delà de prendre position sur le sujet afin de convaincre les parlementaires européens de la nécessité d’agir.
Crédit photo en-tête : VAN FRANEKER