Il est urgent de recentrer nos priorités et surtout nos efforts autour de cet enjeu majeur qu’est la préservation de l’Océan (et ses bienfaits) tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Pour y parvenir, nous n’avons d’autres choix que de diminuer drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre et de nous orienter vers des solutions de production d’énergies vertes.
S’inscrivant dans la grande famille des énergies renouvelables, les EMR correspondent aux énergies produites à partir des ressources du milieu marin et notamment des forces naturelles que sont le vent (éolien offshore), les vagues (énergie houlomotrice), la température de l’eau ou sa salinité (énergie thermique ou osmotique) ou encore les courants (hydrolien).
Parce qu’elles présentent des complémentarités intéressantes et essentielles par rapport aux ENR terrestres, nous sommes favorables au développement de projets de production d’EMR. Nous insistons toutefois sur le fait qu’il est essentiel que ceux-ci :
– viennent remplacer une source de production d’énergie carbonée (et non s’y ajouter) ou encore permettre l’électrification de certains usages,
– s’inscrivent dans un projet de territoire, en concertation avec les usagers,
– soient minutieusement étudiés afin d’en minimiser les impacts sur l’environnement via une approche écosystémique rigoureuse.
Les éoliennes en mer : une solution verte qui a le vent en poupe
Les éoliennes offshores sont la technologie d’EMR la plus aboutie et la plus efficace, due notamment à la force et à la régularité du vent en mer.
Il existe deux types de technologies éoliennes offshores :
– Les éoliennes dites « posées » – elles reposent sur le fond marin (à une profondeur maximale de 50m) et leur installation nécessite des opérations de forage.
– Les éoliennes flottantes – maintenues et stabilisées par un système d’ancrage au sol (câbles) et positionnées plus loin des côtes afin d’exploiter des vents plus forts et plus stables.
L’éolien offshore est une source d’EMR particulièrement développée en Europe : plus de 5 000 éoliennes en mer ont ainsi été installées depuis plus de 20 ans. L’espace maritime européen étant le plus grand au monde, de nombreux pays européens ont d’ores et déjà misé sur la force du vent au large pour produire de l’énergie.
Évaluer les impacts de projets EMR pour les limiter au maximum.
La mise en place d’un parc éolien en mer induit une phase d’installation, une phase d’exploitation/maintenance et une phase de démantèlement.
Ces différentes étapes impliquent inévitablement de multiples impacts et sont source de nuisances aussi bien pour la faune et la flore sous-marines que pour les personnes dont le quotidien est lié à l’Océan.
Qu’il s’agissent de la restriction des zones de pêche, de la multiplication du trafic maritime, des nuisances sonores, de la pollution ou encore de la modification du paysage et de l’imaginaire collectif lié à l’Océan, les divers impacts doivent être préalablement étudiés afin d’être limités au maximum.
L’intégration de la population et des acteurs locaux dans la discussion, en amont de tout projet d’installation d’un parc éolien, est primordiale. Cela afin de récolter les avis d’un public le plus large possible.
Il est également important de mener ce type de projets en gardant à l’esprit que ceux-ci viennent s’ajouter à des usages préexistants dans un milieu déjà contraint (notamment par les activités maritimes). La révision de la planification spatiale maritime est nécessaire afin de laisser la place aux parcs éoliens sans pour autant augmenter et accumuler les pressions existantes, notamment sur la biodiversité.
Car si le développement de l’éolien en mer est aujourd’hui l’un des piliers de la transition énergétique, il est capital que son développement ne soit pas une menace supplémentaire pour la biodiversité marine.
De la phase de construction (battage des pieux, prospections sismiques etc.) au démantèlement (induisant un fort trafic maritime), les impacts sur cette dernière sont de nature différente : perturbations sonores, risques de collision, modification des milieux de vie etc.
Nous estimons qu’il est absolument essentiel de mener, en amont, des études d’impact sur les effets potentiels de ces différentes phases sur la faune (y compris l’avifaune et les mammifères marins).
L’objectif principal étant de déterminer les meilleurs lieux d’implantation et les dispositions des éoliennes dans l’objectif de préserver les zones ayant une importance écologique et notamment celles où les espèces marines naissent, grandissent, se nourrissent, se reproduisent, se déplacent etc.
Ainsi, s’il peut être envisageable de développer des projets d’EMR dans les Aires Marines Protégées (AMPs) (tant que leur statut de protection et leur document de gestion le permettent et s’il n’y a pas de meilleures solutions), tout développement dans les AMPs sous protection haute ou intégrale doit rester strictement impossible.
Il est également impératif d’assurer un suivi minutieux durant toute la durée de fonctionnement des projets éoliens afin d’en mesurer les impacts sur la biodiversité sur le long terme.
Accepter les impacts résiduels pour un futur vivable…
Face à l’urgence climatique, nous n’avons malheureusement plus le choix. Il faut agir pour sortir au plus tôt des énergies fossiles, s’engager en faveur de la sobriété énergétique et privilégier les alternatives que sont les énergies décarbonées. Parmi elles, les EMR qui, si elles ne sont pas LA solution, sont une partie de cette solution pour diminuer nos émissions de GES.
Pour cette raison, nous encourageons les initiatives en lien avec les EMR. Nous suivons attentivement les projets en cours et assistons aux différentes phases de concertation (lorsque cela est possible) afin de garantir aux habitants et à l’environnement un impact le plus minime possible.
Nous prônons une politique de développement des EMR raisonnée : il est important de ne pas envisager l’Océan comme un territoire à conquérir et à exploiter de manière non soutenable.
La préservation de nos mers et nos terres va inévitablement soulever la question fatidique du renoncement. Le renoncement à nos modes de consommation actuels, à certains de nos usages et peut-être même à notre attachement à certains paysages.
Une chose est sûre, c’est que ce renoncement sera salutaire : il participera à maintenir un Océan sain, capable de jouer son rôle de régulateur climatique, de limiter l’impact sur la faune marine et maintenir une Terre vivante et vivable !
Il nous semble donc primordial de garder à l’esprit aujourd’hui que les projets de production d’EMR induisent des impacts plus acceptables que ceux provoqués par le changement climatique…