En cette journée mondiale de la santé, Surfrider Europe alerte sur la présence de plastique jusque dans notre sang et appelle à l’adoption de mesures de précaution pour en prévenir les risques. Le plastique, sous forme de micro et nanoparticules, transporte et relargue des éléments chimiques toxiques dont des perturbateurs endocriniens, polluant autant nos corps que l’Océan.
La vie en plastique, pas si fantastique
Pour la première fois, comme l’avaient également annoncé il y a quelques semaines nos collègues membre du mouvement Break Free From Plastic, Common Seas, une étude scientifique démontre la présence de microplastiques dans notre sang. Certains échantillons de sang contenaient jusqu’à deux ou trois types de plastiques différents. Ont été retrouvés, entre autres, du PET plastique utilisé communément pour les bouteilles, du polystyrène, qui sert notamment à l’emballage de denrées alimentaires ou encore du polyéthylène qui permet la fabrication de contenants plastiques rigides comme les Tupperware.
Pour l’instant, l’étude ne permet de tirer aucune conclusion quant aux impacts directs sur la santé humaine liées à la présence indésirable de plastique dans notre organisme. Toutefois, d’autres travaux scientifiques pointaient déjà du doigt les effets néfastes des microplastiques sur nos cellules. La source principale de cette contamination plastique proviendrait de notre alimentation, provoquant une forte inflammation pour nos intestins.
En moyenne, nous ingérons chaque semaine 5g de plastique, soit l’équivalent d’une carte bancaire. De notre chaîne alimentaire, jusque dans notre organisme, le plastique s’insinue dans tous les aspects de nos vies transportant avec lui des éléments chimiques toxiques qui rentrent dans sa composition. La présence d’une douzaine de particules plastiques dans les organes tels que le placenta est révélateur de l’ampleur de cette pollution qui touche nos existences dès leurs premiers instants. Ces microplastiques peuvent entraîner une réduction de la croissance du fœtus et provoquer de mauvaises réponses du système immunitaire.
« Nous sommes surexposés au plastique et à ses additifs toxiques. En plus de constituer la matière première de la majorité de nos objets du quotidien, on mange, boit et respire des microplastiques. Plus l’exposition aux microplastiques est importante, plus les risques sur notre santé le seront également. » – Cristina Barreau, Coordinatrice déchets aquatiques
Le plastique et ses risques
De nombreux additifs toxiques dits “préoccupants” (comprendre présentant potentiellement des risques pour la santé) sont utilisés dans la fabrication de nos objets plastiques du quotidien : les retardateurs de flamme, les produits chimiques perfluorés, les phtalates, les bisphénols et les nonylphénols. Une grande partie de ces substances chimiques sont des perturbateurs endocriniens.
Selon le rapport Additifs toxiques du plastique et économie circulaire : “Les conséquences sur la santé humaine des perturbateurs endocriniens couramment utilisés dans les plastiques comprennent la perturbation de la fonction thyroïdienne, les effets sur la reproduction, l’obésité, le système immunitaire, l’augmentation des dommages, l’augmentation du risque de cancer et les impacts sur le cerveau et le développement neurologique”.
De plus, nous ne connaissons pas aujourd’hui toutes les réactions aux mélanges des substances chimiques dans l’organisme, c’est ce que l’on appelle “l’effet cocktail”. Deux substances isolées peuvent être inoffensives mais une fois réunies elles peuvent s’avérer nocives pour la santé. De même nous ne connaissons pas les degrés d’expositions nécessaires aux additifs pour devenir dangereux. Une substance chimique peut s’avérer inoffensive à faible exposition, mais il est impossible aujourd’hui de déterminer notre niveau d’exposition à ces additifs et leurs effets cumulés.
C’est pour cette raison que Surfrider Europe appelle au respect du principe de précaution et à des mesures européennes qui rendent concrète son application.
« Il est donc urgent d’adopter des mesures préventives inscrites dans la loi dès maintenant, afin de traiter les causes, plutôt que de chercher infiniment les multiples effets de la pollution plastique. On ne connait pas encore toutes les conséquences de la présence de ces corps étrangers dans nos organismes, ni les effets à long terme de cette exposition quotidienne aux microplastiques mais nous en savons assez pour agir et légiférer. » Cristina Barreau, Coordinatrice déchets aquatiques
Prudence est mère de sûreté
La production de plastique est en augmentation croissante et devrait doubler d’ici à 2040. C’est pourquoi il est urgent et nécessaire de s’attaquer à la source de cette pollution, en limitant notre production et notre consommation.
Chaque année ce sont 12 millions de tonnes de plastiques qui finissent dans l’Océan. Nous en connaissons déjà les conséquences dévastatrices sur la faune marine qui en est la première victime : on estime que 90 % des oiseaux de mer ont des fragments de plastique dans l’estomac.
On ne connait peut-être pas encore tous les effets à long terme, pourtant, il est impossible de prouver l’innocuité du plastique et de ses composants préoccupants. Nous avons cependant la certitude que des particules microscopiques coulent dans nos veines, il est donc nécessaire d’appliquer le principe de précaution. Nous devons limiter au maximum notre exposition au plastique pour en réduire les impacts sur la santé humaine. Pour cela, il faut déjà que les mesures législatives (actuellement en cours de discussion au niveau de l’Union Européenne) interdisent les micros et nano particules de plastiques ajoutés intentionnellement aux produits du quotidien et préviennent les pertes de microplastiques dérivés de la dégradation des produits.
Pour y contribuer vous pouvez répondre, jusqu’au 17 mai, à la consultation européenne sur le sujet.
De plus, une réduction drastique des emballages et contenants alimentaires et de boisson en plastique est nécessaire, et peut être adoptée à l’occasion de la révision de la Directive Emballage et déchets d’Emballage prévue cette année par la Commission Européenne. Car en plus d’être une grande source de pollution pour l’Océan, ils sont en contact direct avec notre alimentation et de fait avec notre organisme.