L’artificialisation des sols est la première cause de perte de biodiversité. Qu’est-ce que c’est ? Il s’agit d’un « phénomène de transformation d’un sol naturel, agricole ou forestier, par des opérations d’aménagement pouvant entraîner une imperméabilisation partielle ou totale, afin de les affecter notamment à des fonctions urbaines ou de transport : habitat, activités, commerces, infrastructures, équipements publics, etc. ». Ainsi, l’artificialisation engendre, dans la plupart des cas, une imperméabilisation des sols et une perte de fonctionnalité des milieux. En France, environ 60 000 ha sont artificialisés chaque année, soit l’équivalent d’un terrain de football toutes les cinq minutes. Aujourd’hui, ce chiffre augmente quatre fois plus vite que la population alors que le gouvernement a instauré, au sein du Plan Biodiversité, un objectif « zéro artificialisation nette » (ZAN).
D’après l’enquête Teruti-Lucas en 2015 :
D’après Corine Land Cover en 2012, enquête faite par l’Agence Européenne de l’Environnement (AEE) :
Les zones littorales en première ligne
Un tiers de la population européenne vit à moins de 50 km de la mer ou de l’océan et un quart des littoraux ont été modifiés par les activités humaines. Ce sont des espaces de plus en plus attractifs pour leurs ressources, la qualité de vie qu’ils offrent et les activités qui s’y développent. La zone littorale est à l’interface des domaines marins et terrestres, milieux dynamiques et originaux, et représente 1,6 million de km de linéaire à l’échelle mondiale. Ces zones sont aujourd’hui menacées par l’artificialisation des sols. En effet, lorsqu’elle a lieu en zone littorale, l’artificialisation des sols tend à alimenter les dérèglements climatiques qui accentuent les phénomènes de catastrophes naturelles, accélèrent les processus d’acidification des océans, et démultiplient les risques pour les humains.
Alors que faire ? Quels sont les leviers d’action pour lutter contre l’artificialisation des sols, nouvelle et existante, en zone littorale ?
Des conséquences à court, moyen et long terme
• Environnementales : L’artificialisation des sols engendre une perte de biodiversité, elle contribue aux dérèglements climatiques et nuit à la qualité des eaux. En effet, elle modifie la structure des milieux naturels par remodelage et imperméabilisation, ce qui influe sur les cycles hydrologiques, les habitats et les peuplements.
• Socio-économiques : Les ressources naturelles tendent à s’épuiser, les services éco-systémiques étant de moins en moins disponibles à cause de la diversification et surtout de l’intensification des activités du littoral : pêche, aquaculture, agriculture, mais aussi tourisme balnéaire et de plaisance. Le littoral attire et se gentrifie au rythme des tensions foncières croissantes.
• À long terme : L’altération des littoraux déstabilise la dynamique du système hydro-sédimentaire et la fixation du trait de côte. L’artificialisation contribue à l’amaigrissement du littoral dunaire. Aussi, elle contribue à la multiplication des catastrophes naturelles. Par exemple, l’Europe fut touchée en 2016 par des pluies torrentielles provoquant crues et inondations. En 2020 encore, le sud-est de la France a été frappé, provoquant des pertes humaines et des destructions considérables.
Quelles solutions ?
Pour tenter de limiter les dégâts en zone littorale, plusieurs leviers d’action sont mobilisables :
• Limiter l’artificialisation des sols en zone littorale en fixant, au niveau national et local, grâce un seuil maximal d’artificialisation par an ;
• Inciter à la densification des espaces urbains pour contrer l’étalement urbain ;
• Aménager des zones humides littorales faisant fi de zone tampon protectrice face aux risques de submersion et d’inondations et limitant l’imperméabilisation des sols ;
• Restaurer la biodiversité en milieu urbain littoral pour favoriser l’infiltration de l’eau et de fait, limiter le ruissellement des eaux pluviales.
Surfrider Europe expérimente les Ocean Friendly Gardens
Plusieurs recommandations de l’Union Européenne ont été retenues par Surfrider Europe pour réduire l’artificialisation, devenues des objectifs pour l’association :
• Zéro artificialisation nette du littorale (0 à 1 km de la côte) à partir de 2025 ;
• Désimperméabilisation d’1% du littoral européen (0 à 1 km de la côte) par an à partir de 2025.
Par ailleurs, à travers son programme Ocean Friendly Gardens, Surfrider Europe lutte contre l’artificialisation des sols, nouvelle et existante en faisant le parti pris de la désimperméabilisation et de la renaturation des espaces urbains. Du bassin versant à la parcelle privée, redonner la place à la biodiversité, c’est assurer un développement plus durable, c’est permettre à l’eau de s’infiltrer, d’être de meilleure qualité, de garantir des services éco-systémiques, de favoriser les circuits courts d’approvisionnement.
Pour ce faire, trois piliers sont désignés : l’éducation, la formation et la réalisation de chantiers participatifs. L’objectif de l’association est de promouvoir et surtout de mettre en œuvre une gestion intégrée pour désartificialiser les sols, et ce, à différentes échelles, mobilisant aussi bien les acteurs territoriaux, les associations, les professionnels de l’aménagement et les citoyens.
Les problèmes liés à l’artificialisation des sols n’existent pas qu’en Europe. Surfrider Etats-Unis a elle-aussi développé ce projet afin de montrer que chacun, individuellement, peut participer à la lutte en augmentant la biodiversité de son jardin ou de jardins partagés. Tout un chacun en a les moyens, il toujours possible d’agir !