Alors qu’au même moment le X-press Pearl sombrait au large du Sri Lanka, l’OMI décidait d’aborder la problématique de la perte de conteneurs parmi les 200 propositions proposées par différents pays dont la France. Pour rappel, le navire battant pavillon Singapourien, a pris feu à une dizaine de kilomètres des côtes sri-lankaise engendrant une triple pollution dont deux liées au contenu de ses conteneurs : une pollution plastique avec des millions de granulés (pellets) échappés souillant des dizaines de kilomètres de côte et une pollution chimique à l’acide nitrique. En plus de cela s’est malheureusement ajoutée une pollution aux hydrocarbures liée au fioul présent dans ses cuves. Cette catastrophe, de par son ampleur, a largement était médiatisée, mais qu’en est-il lorsque la perte de conteneurs et la pollution qu’elle engendre n’est pas déclarée ou n’est pas repérée ?
Plus de 3 500 conteneurs auraient été perdus dans le Pacifique au cours de ces derniers mois
Il est aujourd’hui impossible de savoir avec précision, combien de conteneurs sont perdus en mer chaque année. En revanche, d’après l’OMI, ces incidents seraient en hausse constante. En plus d’être un problème de sécurité majeur pour la navigation de l’ensemble de la flotte mondiale (navigateurs, pêcheurs et l’ensemble des professionnels du secteur maritime), ils peuvent être un véritable fléau pour l’Océan et l’environnement comme nous le constatons avec le X-press Pearl. Il est aujourd’hui très compliqué de savoir quelles vont être les conséquences à court et long terme sur les eaux du Sri Lanka et sur les écosystèmes qui y vivent.
Les causes des pertes de conteneurs sont variées, elles peuvent être liées à un accident ou à des mauvaises conditions météorologiques et des creux de vagues important qui vont déstabiliser les navires. Mais elles peuvent aussi dépendre d’erreurs humaines, les inspectateurs de l’OMI observeront notamment les pratiques de chargements, les déclarations frauduleuses ou le surpoids des conteneurs.
Surfrider Europe milite depuis de nombreuses années pour que cette problématique trop souvent passée sous silence soit au cœur des discussions de l’OMI et que des actions concrètes préventives soient mises en place pour limiter le nombre de ces incidents. La réglementation internationale doit évoluer et favoriser la prévention du risque plutôt que les États essayent de colmater les dégâts des catastrophes quand des incidents se produisent. Nous sommes heureux de voir que le travail de Surfrider Europe avec le soutien de toute une communauté d’amoureux de l’Océan, porte aujourd’hui ses fruits.
2 propositions majeures vont être discutées : le traçage GPS et la déclaration de perte
Ces 2 propositions faisaient déjà partie des recommandations éditées par Surfrider Europe dans son rapport sur la perte de conteneur sorti en 2019.
La première de ces propositions concerne le traçage GPS des conteneurs. En effet, si tous les conteneurs se voient équipés d’une balise GPS, la perte de ceux-ci peut facilement être identifiée et il est alors plus facile de les géolocaliser pour les récupérer. Cela permettra de limiter le danger de leur présence en surface et également l’effet néfaste de leur présence dans l’Océan.
La seconde proposition concerne la mise en place d’une déclaration unique et obligatoire de pertes de conteneur et ainsi comptabiliser avec précision l’ensemble de ceux égarés. Cela permettra notamment d’avoir un aperçu de l’ampleur du phénomène à l’échelle mondiale.Ce sont deux grandes avancées qui devraient être adoptée par l’OMI après de nombreuses années de travail sur le sujet. Surfrider Europe est satisfaite de voir la réglementation internationale sur la perte de conteneurs évoluer vers plus de prévention. Cependant, la réglementation doit encore aller plus loin notamment avec une déclaration précise des contenus des conteneurs embarqués, aujourd’hui trop souvent incomplète. Il est essentiel de développer des bonnes pratiques pour prévenir à la sources ces pollutions. Surfrider Europe reste donc mobilisée sur le sujet et poursuit son travail pour une réglementation plus protectrice de l’Océan.