Du 20 novembre 2023 au 26 avril 2024, le débat public « La mer en débat » a été organisé en réponse à la loi de mars 2023 sur l’accélération du développement des projets d’énergie renouvelable.
Ce débat visait à permettre à tous de participer aux choix concernant l’avenir de l’Océan et le développement de l’éolien en mer. Pour Surfrider, ce débat représentait une occasion cruciale de défendre une planification maritime qui respecte l’écosystème marin tout en favorisant la transition énergétique.
Le constat : un milieu marin sous pression
Comme nous avions pu le constater lors de notre analyse des dossiers maîtres d’ouvrage transmis pour chacune des quatre façades maritimes, et mentionné dans un article dédié :
L’état de santé du milieu marin est préoccupant.
→ Les écosystèmes marins sont soumis à une détérioration alarmante, causée par la prolifération des activités humaines qui met en péril la biodiversité marine,
→ La logique actuelle semble encourager une multiplication des activités maritimes (y compris les éoliennes en mer, pour atteindre les objectifs de production fixés) sans tenir compte de la capacité de l’écosystème à s’adapter,
→ Mais surtout, il manque une évaluation approfondie des impacts cumulés des activités humaines, rendant difficile l’identification des actions prioritaires pour la protection des océans.
Cet état des lieux, plutôt inquiétant, ne doit cependant pas inhiber nos actions en faveur de la protection de l’Océan et de la biodiversité qu’il abrite.
C’est notamment la raison pour laquelle nous avons intégré, très tôt, ce grand débat public et insisté auprès de nos bénévoles et de notre communauté pour qu’iels participent et prennent la parole lors des différents événements.
L’implication de Surfrider dans le débat public
Notre ONG s’est fortement impliquée dans le débat public. Les équipes ont participé activement à plusieurs escales du débat public dans des villes côtières telles que Brest, Saint-Malo ou encore Bayonne. Elles ont également été présentes à des événements annexes, comme des ateliers et des tournées d’experts, et ont organisé des sessions de réflexion avec les bénévoles.
Cinq cahiers d’acteurs signés en notre nom ainsi qu’un dernier, co-signé avec des associations partenaires en Méditerranée, ont été produit et remis au CNDP. Ces documents ont permis de formaliser et de présenter nos positions sur les enjeux du débat mais aussi nos demandes.
Les points clés du débat
L’issue du débat a permis de mettre en exergue plusieurs éléments à la fois positifs et négatifs, mais aussi et surtout de véritables demandes, à propos desquelles nous restons vigilants.
➕ Le débat a permis de rappeler l’importance d’un Océan en bonne santé pour notre bien-être et pour la lutte contre le changement climatique. Il a aussi révélé une volonté générale de protéger cet écosystème essentiel.
➖ Toutefois, nous regrettons que les discussions se soient principalement structurées autour de la question “pour ou contre l’éolien en mer”.
L’occasion a été manquée d’aborder des questions plus structurantes, comme la place de l’éolien dans le mix énergétique et les limites de la capacité du milieu marin à supporter ces infrastructures.
De la même manière, il nous semble que le débat n’a pas suffisamment abordé les limites techniques incontournables au développement des EMR, en particulier les contraintes de raccordement électrique et d’infrastructures portuaires.
Les données fournies, notamment les cartes du CEREMA, nous ont parues trop globales, ne permettant pas d’identifier clairement les zones sensibles ou les enjeux locaux.
Enfin, nous avons noté un manque de clarté sur la marge de manœuvre réelle du public tout comme l’absence de discussion sur la fin de vie des parcs éoliens en mer (et ce d’autant plus dans la mesure où les parcs éoliens actuellement en fonctionnement approchent dangereusement de leur fin de vie).
En parallèle de ces satisfactions/déceptions, il ressort un véritable manque de transparence de la part de l’État sur ce qui, à l’issu de ce débat, peut ou non être pris en compte, et pourquoi. Nous demandons une explication claire sur la manière dont les résultats du débat influencent les décisions gouvernementales.
Au vu du travail mené durant ces 4 mois, nous souhaitons que les résultats de la consultation ne se limite pas à la mise à jour des documents stratégiques de façade (DSF), mais qu’ils contribuent bel et bien à une stratégie globale de protection de la biodiversité.
Nous demandons également que ceux-ci soient intégrés dans les discussions internationales, notamment lors de la conférence de l’ONU sur les océans prévue en 2025 à Nice.
Un processus encore en cours
Les garants du débat public ont remis leur bilan en juin dernier, mentionnant à plusieurs reprises les propos mentionnés dans nos cahiers d’acteurs. Ainsi, des points cruciaux, tels que la nécessité de privilégier les zones déjà artificialisées pour le raccordement des parcs éoliens, et l’importance de la sobriété dans les usages maritimes ont été intégrés dans les bilans officiels. Malheureusement, d’autres points clés et critiques, tels que celles portant sur la logique de superposition des usages maritimes, n’ont pas été suffisamment prises en compte.
Les réflexions sur les documents stratégiques de façade se poursuivent au niveau national, et l’État doit répondre aux recommandations des garants d’ici septembre 2024. Les décisions à venir, en particulier sur le développement de l’éolien en mer, seront cruciales pour l’avenir des énergies marines et la protection de l’Océan.
Nous continuerons de suivre les différentes étapes en lien avec ce sujet et de vous tenir informé•e•s mais surtout, de nous battre pour une transition énergétique qui respecte l’Océan et ses écosystèmes.