Le gouvernement français n’a plus le choix que d’intégrer la notion de justice climatique dans ses politiques publiques. Que ce soit venant d’organismes publics ou de la société civile, un mouvement de solidarité et de cohésion sociale se fait ressentir pour que les effets du changement climatique soient atténués et limités. L’avis du 27 septembre 2016 émanant du Conseil économique, social et environnemental (CESE) à l’égard de l’état démontre bien que la question de la justice sociale ne peut plus être omise.
L’avis sur la justice climatique du CESE
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a un rôle de conseil envers le Gouvernement, le Sénat et l’Assemblée Nationale, dans l’élaboration des lois et des décisions concernant les politiques publiques. Il se compose de 233 conseillers comprenant 33 dédiés à la protection de la nature et de l’environnement – dont fait partie Jacques Beall, le vice-président de Surfrider Foundation Europe. Le bureau du CESE a décidé de s’auto-saisir, c’est-à-dire qu’une décision en interne a été prise sans la demande du gouvernement, afin de faire de l’enjeu de la justice climatique un élément majeur dans les décisions futures de la France.
Ainsi, mardi 27 septembre 2016, un avis appelé « La justice climatique : enjeux et perspectives pour la France » a été présenté par deux rapporteurs préalablement sélectionnés grâce à leurs connaissances dans le sujet (Agnès Michelot et Jean Jouzel). Il a ensuite été voté par la totalité des conseillers du CESE et a été adopté, viendra ensuite la discussion de possibles amendements et la publication du texte. Industriels, professionnels, organisations, tous étaient concernés et prêts à voir intégrer la justice climatique dans les prochaines réglementations. Bien que cet avis ne soit juridiquement contraignant pour l’état français, celui-ci devrait se saisir de la question du fait de l’importance du sujet et du mandat du CESE.
Enjeux de solidarité et de cohésion sociale
Comme l’a dit le CESE : « L’action climatique n’est pas un choix, la justice climatique en est un. » La France ainsi que tous les autres pays – et cela quel que ce soit leur niveau de ‘développement’ – ont comme responsabilité de faire de la justice climatique un enjeu majeur. Cette notion vise à atténuer et limiter les conséquences du changement climatique, qui toucheront principalement et en premier les populations les plus vulnérables telles que les personnes en difficultés économiques, les personnes âgées, les femmes et les enfants. Il est donc essentiel de prendre des mesures afin que le réchauffement planétaire ne creuse pas plus les inégalités déjà présentes dans notre pays.
Ces mesures doivent être pensées de façon globale et transversale pour que les diverses politiques d’adaptations mises en place soient en lien dans le but de maximiser leurs actions et impacts. Par exemple, un travail dans le domaine de la recherche pour mieux appréhender la corrélation entre changement climatique et pauvreté en France aura des conséquences dans le domaine de l’emploi (modifications et créations) mais aussi dans le domaine de la santé (plan de santé mieux adapté aux inégalités) et des politiques urbaines (repenser nos modes de vie, transports, habitats, etc.). Les maîtres mots de ces politiques devront ainsi être solidarité et cohésion sociale.
Des principes à l’action
Le CESE recommande alors au gouvernement de mettre la justice climatique au coeur des Accords Climat, la France devrait donc s’impliquer d’avantage et pourrait même revêtir un rôle clé en faveur de cette question dans les négociations internationales notamment lors de la COP22 à Marrakech.
L’avis de justice climatique s’inscrit comme étant une volonté que beaucoup de citoyens souhaitent voir devenir une réalité. D’ailleurs, la société civile avait déjà demandé sa prise en considération par exemple lors de l’Alerte de Darwin lancée par 18 ONG dont Surfrider Foundation Europe le 10 septembre 2016 à l’occasion du festival Darwin Ocean Climax en présence d’Edgar Morin et de Marion Cotillard.
Le changement climatique est porteur de nombreuses transformations auxquelles notre société devra s’adapter, cependant elles risquent de marquer encore plus les inégalités déjà présentes. C’est la raison pour laquelle il est urgent de repenser et adapter nos politiques publiques afin d’atténuer et de limiter au mieux les effets du réchauffement planétaire. Le CESE et la société civile demande ainsi à la France d’honorer son devoir pour la construction d’une société plus juste envers tous.
Laura Anty, Rédactrice Environnement