L’air, l’eau douce et les sols dont nous dépendons sont disponibles grâce à la biodiversité. La régulation du climat, la diminution des risques naturels et la diversité des espèces vivantes sont rendues possible par la biodiversité. Comme le rappelle le nouveau rapport de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) de 2019, « la nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine – et le taux d’extinction des espèces s’accélère, provoquant dès à présent des effets graves ».
Qu’est-ce que la biodiversité ?
D’après la Convention sur la diversité biologique signée en 2020 à Montréal, « la biodiversité est le fruit de milliards d’années d’évolution, au gré de processus naturels et, de plus en plus soumis à l’influence des êtres humains. Elle constitue la toile de la vie dont nous faisons intégralement partie et dont nous sommes totalement dépendants. La biodiversité englobe une variété d’écosystèmes tels que ceux présents dans les déserts, les forêts, les zones humides, les montagnes, les lacs, les fleuves, les rivières, et les paysages agricoles. Dans chaque écosystème, les êtres vivants, y compris les êtres humains, forment une communauté, interagissant les uns avec les autres, mais aussi avec l’air, l’eau et la terre qui les entourent ». De l’écosystème à la biodiversité, la différence réside dans la présence éminente de l’environnement : c’est l’association entre la biocénose (le vivant) et le biotope (l’habitat du vivant).
La biodiversité en milieu urbain, quelles fonctions ?
• Une fonction ENVIRONNEMENTALE : elle constitue l’habitat de la faune et de la flore et permet l’infiltration de l’eau dans les sols. Cette fonction environnementale est aussi écologique pour préserver les espèces vivantes et reconstituer leur espace de vie naturel.
• Une raison ECONOMIQUE et SANITAIRE : la biodiversité est une ressource alimentaire et permet le développement de circuits courts d’approvisionnement.
• Une dimension PAYSAGERE : la biodiversité a longtemps fait partie intégrante du paysage jusqu’à l’émergence des espaces urbains denses. Elle est donc source de renaturation des espaces urbains.
• Un lien SOCIAL : la biodiversité en ville va rassembler les individus autour d’un élément qui leur est commun. Les jardins partagés, par exemple, sont l’occasion de rencontrer ses voisins, d’apprendre collectivement des écosystèmes naturels et de manière intergénérationnelle. Il n’y a pas d’âge pour partager un coin de verdure !
Comment restaurer la biodiversité en ville ?
La première solution est de contrer la fragmentation des espaces naturels en ville. Surfrider Europe s’engage contre les projets d’infrastructures en zone naturelle urbaine, source de dégradation de la biodiversité en milieu littoral. Son programme Coastal Defenders s’attache à renforcer les luttes locales actives contre des projets polluants, déraisonnés et néfastes pour le milieu littoral. Le Surf Park planifié dans la municipalité de Saint-Jean-de-Luz, en France, par exemple, contribuerait à l’artificialisation des sols et à la perte massive de biodiversité. Pourtant, en 2015, selon le compte rendu des assises régionales de la biodiversité en Nouvelle-Aquitaine, 9,5% des terres de la région sont déjà artificialisées et 61% des sols sont imperméabilisés. Cet aménagement prévu de 7 ha, est en contradiction avec le Plan biodiversité, qui définit l’objectif « zéro artificialisation nette » (ZAN) et avec les recommandations de la Convention citoyenne pour le climat.
La deuxième solution est de désimperméabiliser les sols. L’imperméabilisation est un « recouvrement permanent d’une parcelle de terre et de son sol par un matériau artificiel imperméable tel que l’asphalte ou le béton » (Commission Européenne, 2012). L’eau qui s’infiltre participe au renouvellement des nappes phréatiques et à la réduction du ruissellement urbain. Ce dernier est un facteur de risque d’inondation et est en grande partie à l’origine de la pollution plastique de l’océan. L’idée est donc de déconstruire les espaces imperméabilisés dans la mesure du possible, comme un parking de surface bétonnée.
La troisième solution est de végétaliser les villes. Il s’agit dès lors de restaurer la biodiversité pour préserver et reproduire les conditions d’habitat de la faune et de la flore, espèces qui contribuent à la stabilité des milieux urbains. Planter ponctuellement des arbres ? Non. Reconstituer des corridors de biodiversité ? Oui. Ils permettent aux espèces vivantes de se déplacer, d’évoluer, de se nourrir, de capter la lumière, de communiquer entre elles. La politique des Trames vertes et bleues mise en place en 2007 en France s’inscrit dans cette perspective de créer des continuités écologiques en milieu urbain. Revégétaliser, c’est aussi créer des services écosystémiques, favoriser les circuits courts d’approvisionnement, c’est faire de la ville un écosystème naturel.
Ocean Friendly Gardens, un programme pour la biodiversité
Porté par Surfrider Europe, ce programme s’attache à la préservation de la qualité des eaux à l’échelle des bassins versants littoraux par une gestion durable des eaux de pluie. Les paysages urbains sont considérés comme des solutions de lutte contre les pollutions des milieux aquatiques car 80% de la pollution des océans provient du continent. Les sols, la flore et la faune représentent le premier filtre naturel en milieu urbain. Ils sont alors au cœur du programme, devant être préservés et développés. Trois volets sont intégrés dans ce programme : l’éducation, la formation et la réalisation de chantiers participatifs.
Ocean Friendly Gardens propose de structurer, soutenir et amplifier les actions collectives et citoyennes à l’échelle des bassins versants littoraux dans une optique d’adaptation aux effets des dérèglements climatiques. Depuis la restauration de zones humides à l’échelle d’un bassin versant au jardin privé et au récupérateur d’eau de pluie, l’ensemble des actions, individuelles et collectives, comptent !
Réintégrer la biodiversité en ville est donc une préoccupation contemporaine, un enjeu climatique, environnemental et social. La biodiversité fait partie intégrante d’un développement plus durable pour notre planète.