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Il est temps d’ajouter du bleu dans la transition verte de l’UE

Il y a de cela environ 5 ans, Surfrider Foundation, en collaboration avec 5 autres ONG actives dans le domaine de la protection de l’Océan, finalisait son Manifeste Bleu. Ce document, véritable plan d’urgence de sauvegarde de l’Océan et des écosystèmes marins, a été présenté à sa sortie en janvier 2020 aux députés en place au Parlement. Malheureusement aujourd’hui, à mi chemin de l’objectif fixé pour 2030, force est de constater que trop peu des mesures qu’il contenait ont été reprises à l’échelle européenne et que les députés ne semblent pas avoir évalué l’urgence de protéger l’Océan.

Lire l’article : Blue Manifesto – 10 ans pour sauver l’Océan

C’est notamment la raison pour laquelle, durant l’Océan Week qui a eu lieu début octobre, la nouvelle version du Manifeste Bleu a été présentée au cours d’une conférence réunissant les nouveaux et nouvelles député•es européen•nes, des décideur.ses clés et des membres des ONG initiatrices du document. Cet événement majeur a été l’occasion de mettre en lumière les prochaines étapes cruciales que les politiques devront approuver lors du prochain mandat de l’UE.

Pourquoi un Manifeste Bleu ?

L’Océan est la source de toutes formes de vie sur Terre. Il fournit la moitié de l’oxygène que nous respirons et stabilise le climat. Il contribue à la sécurité alimentaire, procure des énergies renouvelables, connecte les pays et les continents, soutient un large éventail d’entreprises « bleues » et est une source de bien-être pour de très nombreuses personnes.

Mais il est considérablement en danger.

Les États membres de l’UE ont raté les objectifs de 2020 de parvenir à un bon état écologique du milieu marin européen, ce qui a entraîné la détérioration de la santé de l’océan. Plus de 90 % du milieu marin en Europe est en état de surexploitation, à cause de la pêche intensive, du trafic maritime, des forages pétroliers et gaziers, du tourisme et des autres activités côtières, tandis que des activités émergentes telles que le déploiement à grande échelle de l’énergie éolienne en mer accroissent encore les pressions qu’il subit.

Il est aujourd’hui urgent que l’Océan soit mis au coeur des politiques de l’UE pour les années à venir et qu’une feuille de route concrète soit mise en place pour un Océan sain et résilient en 2030.

C’est d’ailleurs dans cet objectif que le Manifeste Bleu a été revu récemment. Ce document est, pour nous, un élément majeur. Prônant la mise en place d’un Ocean Deal, il est un plan d’actions pragmatiques, documenté et étayé par de nombreuses données scientifiques, pour les 5 prochaines années. Il a pour objectif de guider l’UE dans la restauration de la vie marine en mettant fin à la surexploitation, aux pratiques destructrices et à la pollution. Il contient nos espoirs et nos attentes pour un Océan préservé et protégé.

Nous attendons à présent que les institutions de l’UE s’en empare et agisse rapidement et efficacement pour mettre en oeuvre l’ensemble des mesures proposées.

Les grandes lignes du Manifeste Bleu

Le Manifeste Bleu se veut être une véritable feuille de route destinée à souffler, aux nouveaux députés européens, des mesures concrètes et ambitieuses pour agir rapidement en faveur de la protection de l’Océan et de la biodiversité qu’il abrite.

Il pose les bases du Pacte pour l’Océan en fixant des objectifs et en proposant différentes solutions pour les atteindre : qu’il s’agisse de la révision de certaines politiques européennes en place ou de la création de nouvelles lois contraignantes.

Le Manifeste propose un plan d’actions concrètes pour inverser la tendance d’ici 2030. Celui-ci repose sur 3 éléments fondamentaux :

  1. La mise en place d’un Pacte européen ambitieux pour l’océan afin d’assurer que toutes les politiques liées à l’océan agissent de manière cohérente pour sa protection et restauration. Ce Pacte devra améliorer le respect et l’application des règles environnementales, promouvoir la transparence dans les activités en lien avec l’océan et renforcer l’accès à la justice.
  2. La création d’un fond européen pour l’Océan destiné à la restauration et à la conservation du milieu marin, et à la transition vers une économie bleue durable.
  3. L’intégration de l’océan au cœur des décisions de l’UE via une coordination et des réunions régulières entre les politiques sectorielles (pêche, transport et tourisme, industrie et énergie etc.) et un•e commissaire transversal•e dédié•e à l’océan.

Le plan d’action pour la protection de l’Océan proposé dans le Manifeste Bleu s’étale sur les 5 années à venir, et propose, pour chacune d’elle, un ensemble de mesures concrètes, qu’elles soient à prendre au niveau transversal ou au niveau sectoriel (la pêche, le transport maritime etc.).

Pour atteindre les objectifs fixés pour 2030, il sera incontournable que l’UE renforce ses moyens pour protéger les océans, en améliorant l’application des lois et en participant activement aux négociations internationales. Dans ce sens, le Manifeste propose la création d’une Agence européenne pour l’océan, dont le rôle sera de centraliser les données marines et surveiller l’état des océans. L’UE devra aussi rapidement mettre en place un plan d’action pour une économie bleue durable, réviser les subventions et la planification de l’espace maritime, mais aussi adopter une nouvelle législation sur la résilience des océans face au changement climatique, tout en alignant ces initiatives sur les objectifs internationaux de protection marine.

Il est important de faire avancer les politiques transversales et de structurer les institutions européennes pour qu’elles se mettent rapidement en ordre de marche. Il l’est tout autant d’agir pour faire évoluer et compléter les politiques sectorielles.

Ainsi nous souhaitons que l’année 2025 soit une année charnière durant laquelle certains textes clés seront révisés et de nouvelles mesures seront prises afin de renforcer la protection des océans et des ressources marines en lien avec les thématiques suivantes :

  • La protection des océans et espèces menacées : L’UE devra mettre en place des lois pour protéger les espèces marines menacées, réduire la pêche illégale, et interdire des activités destructrices comme le chalutage dans les zones protégées.
  • La réduction des polluants : Des réglementations visant à interdire des produits chimiques nocifs (PFAS), limiter les microplastiques et réduire les émissions de CO2 des navires devront être mises en place rapidement.
  • La gestion durable : L’UE devra proposer des plans pour une gestion écologique des ressources marines et terrestres d’ici 2030.
  • La transparence et le contrôle : Des mesures pour améliorer la traçabilité des produits de la mer et renforcer la transparence dans la pêche devront être prises.
  • Les énergies renouvelables et le climat : Des critères écologiques seront introduits pour les énergies en mer et un moratoire sera proposé pour l’exploration pétrolière et minière en eaux profondes.

Il est crucial que les député•es nouvellement élu•es s’appuient sur les recommandations du Manifeste Bleu et adoptent des mesures ambitieuses pour la protection des océans. La biodiversité marine et les communautés côtières dépendent de politiques solides de préservation de l’océan. Si des solutions innovantes existent déjà, telles que les navires à énergie éolienne ou les fermes d’algues, elles nécessitent néanmoins un soutien politique pour se généraliser et de renforcer. En s’engageant fermement, l’Union Européenne peut mettre en place une économie bleue durable, bénéfique à la fois pour la nature et les sociétés humaines.

Crédit photo : Berend de Kort via Pexels.com