Elle représente un tiers de la production mondiale en hydrocarbures et constitue pourtant l’une des exploitations les plus risquées pour l’environnement. Depuis les années 1950, l’extraction pétrolière et gazière des fonds marins n’a eu de cesse de se développer, allant totalement à contre-sens d’une transition énergétique. Ces activités offshore se sont classées deuxièmes des trois principales préoccupations exprimées par les citoyens lors de la consultation « Voice for the Ocean » menée par Surfrider Foundation Europe en vue des élections européennes de 2019.
La ruée vers les hydrocarbures offshore
En 2010, il était estimé que 20% et 28% des réserves restantes en pétrole et en gaz se trouvaient sous la mer. La découverte de cette source d’énergie fossile majeure a entrainé une extraction en quantité industrielle à l’échelle globale. Depuis, en dépit de la diversification et de l’expansion récentes des exploitations terrestres d’hydrocarbures, la proportion de la production offshore n’a jamais baissé.
Au contraire, la tendance a été plutôt à la hausse. Permettant de gagner en indépendance énergétique, l’exploitation offshore a fait l’objet d’investissements colossaux de la part des États, évalués au total à 100 milliards de dollars par an. C’est notamment le cas de l’Europe qui produit aujourd’hui 17% du pétrole enfoui en milieu sous-marin.
Des forages en mer toujours plus risqués
Outre le dérèglement climatique que provoquent la combustion de ces matières premières, leur extraction a également des conséquences directes et indirectes sur l’océan et les littoraux. Pollutions sonores pour les cétacés, utilisation de microplastiques, échouages de bateaux pétroliers, épanchements d’hydrocarbures sont autant de nuisances par lesquels les forages offshore contribuent à perturber fortement les écosystèmes marins.
D’autant plus que l’épuisement des stocks conduit désormais les compagnies pétrolières à creuser de plus en plus profond. Elles ont donc recours à des technologies de pointe extrêmement couteuses et dont la complexité renforce le risque d’accident. Le dysfonctionnement d’une plateforme pétrolière dans le Golfe du Mexique avait causé en 2010 l’une des pires marées noires de l’histoire. Les 780 millions de litres de pétrole qui se sont déversés dans l’océan Atlantique pendant 85 jours ont mis en lumière le manque de fiabilité de ces infrastructures et de ceux qui les exploitent.
Contre une exploitation offshore dérégulée
Surfrider Foundation Europe milite pour une interdiction, dans les aires marines protégées et les zones tampon qui les entourent, de cette activité à haut risque. Au travers de son mouvement Coastal Defenders, l’association mène aux cotés de bénévoles engagés et d’autres ONGs partenaires, des actions de lutte locales pour la protection des milieux maritimes et côtiers. Plusieurs succès ont déjà été remportés concernant des projets d’exploration et d’exploitation offshore en Europe, notamment en Allemagne, France, Espagne (Canaries et Baléares en cours) et Portugal.
La consultation « Voice for the Ocean » a également permis de dégager des solutions concrètes à ce problème, qui viendront alimenter l’expertise de Surfrider Europe sur le sujet et sa campagne de plaidoyers. Trois quarts des citoyens ont notamment demandé un moratoire total ou partiel des exploitations et explorations pétrolières ou gazières. Une forte mobilisation en faveur des énergies renouvelables s’est également manifestée.
Des solutions plus que pertinentes lorsque l’on sait que pour respecter l’accord de Paris, l’Union Européenne se doit de réduire de 40% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990 d’ici 2030. La révision de la législation européenne sur l’offshore (Directive relative à la sécurité des opérations pétrolières et gazières en mer) devrait avoir lieu en 2020.