La nouvelle Commission européenne, en fonction depuis décembre 2019, s’est engagée à faire de l’action en faveur du climat sa priorité en présentant des mesures globales sous un nom commun, « European Green Deal ». En mars 2020, la Commission européenne a publié deux propositions législatives majeures : une loi sur le climat et un plan d’action pour l’économie circulaire.
La loi sur le climat est-elle assez ambitieuse ?
La loi sur le climat offre une avancée positive en fixant un objectif ambitieux de neutralité climatique d’ici 2050. Pour ce faire, les pays européens devront accélérer la réduction de leurs émissions et aucune nouvelle politique de l’UE ne pourrait être adoptée sans tenir compte de cet objectif.
Cependant, Surfrider Europe a été extrêmement déçue de constater que la loi sur le climat ne contenait aucune mention de l’Océan, malgré le rôle qu’il joue dans la régulation de celui-ci et l’absorption des émissions de CO2. En effet, si nous voulons atteindre la neutralité climatique, il est crucial de protéger la santé et la résilience de l’Océan.
« Surfrider se réjouit de l’ambition de la Commission européenne pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. On regrette cependant que la loi sur le climat manque d’ambition et ne propose pas de mesure concrètes. Celles-ci sont pourtant indispensables pour une baisse significative des émissions qui limiteraient la pression sur l’Océan, le principal régulateur du climat. l’Europe doit s’engager aussi vite que possible à abandonner les énergies fossiles, interdire les forages pétroliers et gaziers, tout en encourageant la complète décarbonisation du secteur de transport maritime »
L’absence de mention des combustibles fossiles dans le texte a été une autre surprise. Surfrider Europe milite pour une interdiction européenne des forages en mer, qui constituent une menace sérieuse pour la biodiversité marine, la qualité de l’eau et celle de la vie des populations vivant sur le littoral.
Néanmoins, Surfrider Europe se réjouit de contribuer à la stratégie d’adaptation de l’Union européenne qui devrait être publiée plus tard dans l’année. C’est ainsi l’occasion de mettre l’accent sur la protection des écosystèmes marins qui contribuent au stockage du carbone bleu.
D’une économie linéaire à une économie circulaire
Le plan d’action pour l’économie circulaire décrit les étapes et les mesures législatives que les institutions européennes veulent prendre pour aboutir à une transition vers une économie entièrement circulaire, limitant considérablement la pollution par les déchets.
Le plan d’action pour l’économie circulaire est prometteur à bien des égards. Surfrider Europe appelle maintenant à plus d’ambition pour protéger l’Océan et nos côtes des déchets et de la pollution par les matières plastiques.
Des mesures fortes sont nécessaires pour garantir une diminution de la consommation de plastique. Il s’agit notamment de veiller à ce que l’utilisation des produits réutilisables deviennent la norme. L’objectif est ainsi de réduire notre utilisation des ressources et les déchets que nous créons. Pour ce faire, des mesures doivent être adoptées pour encourager la réutilisation et la réparation des produits. La Commission doit également veiller à ce que l’utilisation intentionnelle de microplastiques soit interdite sans délai. Enfin, il s’agit d’adopter des mesures réglementaires, afin de prévenir la pollution microplastique entraînée par l’usure des pneus de voiture ou le lavage du textile.
Pour rappel, chaque année dans l’Union européenne, jusqu’à 300 000 tonnes de microplastiques primaires sont rejetées dans l’environnement. Au niveau mondial, huit millions de tonnes de déchets plastiques se retrouvent chaque année dans l’océan. Flottant à la surface, tapissant le fond des océans ou échoués sur les plages, les déchets et la pollution plastique menacent les écosystèmes aquatiques, blessent et tuent les espèces marines, et affectent profondément la résilience de l’océan et sa capacité à faire face aux impacts du changement climatique.
Surfrider Europe attend donc des mesures concrètes ainsi qu’une mise en œuvre ambitieuse. Aucune solution magique telle que la substitution par de nouveaux matériaux, car ils continuent à être à usage unique, ou le développement de technologies ne peut servir de prétexte pour continuer à polluer. Aucune excuse ne peut plus être aujourd’hui brandie pour ne pas prendre les mesures urgentes et ambitieuses que nécessitent des changements de consommation.