Le démantèlement du Luno a débuté il y a 3 semaines, le lundi 17 mars. En tant qu’association de la défense du milieu marin et de la population qui en jouit, Surfrider Foundation se doit de rester vigilante et de partager les informations concernant la sécurité environnementale du chantier. Elle était l’invitée d’une table ronde avec d’autres associations pour un état des lieux du démantèlement.
Le démantèlement quasiment à mi-parcours
Un appel d’offres avait été effectué par la mairie d’Anglet, et il s’était révélé que seules 7 compagnies dans le monde entier avaient les compétences requises pour ce chantier. Deux sociétés hollandaises ont été retenues, Koole et Svitzer, sociétés qui répondaient au cahier des charges en termes de temps, d’équipements et de respect de l’environnement. Choisies pour leur expertise et leur savoir-faire, elles bénéficient d’une certaine connaissance de chantiers similaires à celui du Luno, utilisant un matériel neuf ou contrôlé et certifié tous les 3 mois.
En cela, une vigilance concernant l’environnement est apportée afin d’éviter toute pollution par le matériel ou par les procédures. Cependant, seule la DDTM (Directions départementales des territoires et de la mer), qui est un représentant local de l’Etat, est autorisée et en charge du suivi du chantier, avec un rapport journalier auquel Surfrider ni aucun autre, n’ont accès. Selon les clauses de l’assureur, aucune communication n’est admise entre les entreprises et les médias.
Le chantier en lui-même
18 personnes sont mobilisées pour des travaux qui devraient durer 60 jours, remise en état du site incluse. Une zone de stockage sécurisée (bac de rétention étanche) par une bâche et un plancher en métal a été mise en place pour accueillir les engins, matériel et déchets. Tous ces déchets sont retirés une à deux fois de façon quotidienne (7h et/ou 20h). Dans la continuité du suivi pour un respect de l’environnement, un état des lieux « avant/pendant/après » est aussi dans le cahier des charges.
La proue
Le démantèlement se déroule en 2 phases : premièrement percer une fenêtre dans la proue de feu le Luno pour effectuer une reconnaissance de déchets dangereux, et dans la deuxième phase, profiter de cette « boite aux lettres » afin d’évider et alléger la carcasse, pour être tractée et démantelée de façon complète sur le sable. Pour « éviter le risque de pollution », le sable est décaissé pour procéder à des analyses d’échantillons toujours sur le mode « avant-pendant-après ».
La poupe
Après des premiers repérages, la poupe semble s’être disloquée en plusieurs morceaux, éparpillés de part et d’autre de la digue, certains se situant aussi devant elle, plus en mer. Pour une cartographie précise de l’éparpillement, sont effectués des relevés topographique et hydrographique, ainsi qu’au magnétomètre. La présence de métal peut être relevée jusqu’à 3 m sous le sable, sans compter la colonne d’eau, ce qui signifie des moyens de repérage assez performants.
Le château
Un engin amphibie appelé « salamandre » permet de s’occuper du château, presque entièrement immergé le long de la digue. Il s’agit d’entourer cette partie du navire avec un chalut métallique – très solide – afin de pouvoir la tracter sur la plage. Une présence de déchets industriels banals, appelés DIB est supposée (peintures antifouling), si elle est avérée ces déchets dangereux devront être placés dans des conteneurs spéciaux.
Et les déchets ?
Si déchets dangereux, ils seront placés dans des conteneurs étanches, pour être ensuite transportés vers des incinérateurs agréés pour « déchets industriels dangereux », suivant les normes environnementales en vigueurs.
La ferraille issue de la découpe sur site est quant à elle, et heureusement, recyclée. Entreposée dans la zone de stockage étanche la journée, elle est découpée pour tenir dans des camions-bennes de 30m3, allant au centre de tri de Mougerre, passage obligé avant l’aciérie.
Retour à la « normal »
Pour un retour à une situation la plus normale possible, un état des lieux final sera effectué avec en tout 4 points d’analyses : deux points sur la zone de stockage et les deux autres sur l’estran. Les analyses se concentreront sur la granulométrie, la densité du sable, le PCB, et les hydrocarbures. Enfin, la zone libérée des épaves sera passée au râteau, aidé par un aimant pour récupérer les bouts de métal ça et là. Le chantier ne dépasse pas les 60 décibels, ce qui est très peu, pour différents aspects, y compris environnementaux.
Surfrider Foundation tient à rester vigilant concernant le risque de transfert de polluant au milieu marin et opérera une surveillance de la remise en état du site à tout point de vue, et ce, malgré le fait que les entreprises ne soient pas en mesure de communiquer le détail des événements au médias, selon les clauses de l’assureur, avant la fin du chantier.
Alban Derouet, Rédacteur environnement