Le mois dernier aux Pays-Bas, la plage de Scheveningen a été envahie par d’énormes quantités d’écume de mer, causant une tragédie sans précédent dans la communauté locale des surfeurs. En réponse à cet événement, nos experts de Surfrider Europe se sont intéressés de plus près l’écume de mer. Quels sont les risques sanitaires aujourd’hui ? Est-ce un danger pour les pratiquants d’activités nautiques ?
“La côte Cappucino”
Bien que l’événement aux Pays-Bas ait été une surprise, les écumes de mer de grande ampleur ne sont pas un phénomène nouveau. Les côtes des États-Unis, de l’Écosse et de l’Est de Australie ont connu les mêmes phénomènes de « côte cappucino » après des tempêtes. Lors de ces événements, l’écume a même recouvert complètement les rues comme le montrent certaines vidéos en ligne. L’écume peut également gagner les rivières et les lacs.
La science des mousses
Surfrider US beachapedia explique que l’écume de mer est créée par les mouvements de surface de l’eau de mer, par le vent et les vagues, en particulier lorsqu’elle contient de fortes concentrations de matières organiques dissoutes (protéines, graisses, algues mortes). Ces substances peuvent agir comme des agents moussants, comme les détergents de lavage. Lorsque l’eau de mer est déplacée par les vagues déferlantes proche du rivage, ces substances emprisonnent l’air dans des conditions turbulentes, formant des bulles persistantes qui se collent les unes aux autres par la tension superficielle. En raison de sa faible densité et de sa persistance, l’écume peut être soufflée par de forts vents de mer vers le rivage sur la plage. Les efflorescences algales sont une source commune de mousses marines épaisses, les grandes efflorescences créant de grandes quantités de matière organique dissoute. D’énormes quantités d’écume sur la côte peuvent être le résultat de tempêtes qui remuent la matière. Les phénomènes précédents nous ont appris que les efflorescences algales prennent souvent des formes extrêmes lors qu’il y a une combinaison d’abondance de nutriments provenant des terres telles que les engrais ou l’agriculture animale, avec beaucoup de soleil.
Jusqu’à présent, la science n’a jamais signalé l’écume de mer comme un risque sérieux pour la santé ou un risque de noyade. La mousse de mer peut cependant contenir des toxines d’algues ou des polluants tensioactifs dans ses bulles qui, lorsqu’elles éclatent, sont libérées dans l’air, ce qui peut irriter les yeux ou présenter un risque pour la santé des personnes souffrant de problèmes respiratoires. Nous avons cependant trouvé une source qui indique que l’écume de mer peut devenir si épaisse qu’il y a un risque de noyade pour les enfants.
Les Pays-Bas
Au début de ce mois, l’Institut royal néerlandais de recherche sur la mer (NIOZ) a publié un rapport indiquant que : « L’écume de mer de plusieurs mètres de haut, provoquant la mort de cinq surfeurs le 11 mai à Scheveningen, est très probablement due à une combinaison exceptionnelle de nombreux restes d’algues et, pour cette période de l’année, à un vent du nord-nord-est exceptionnellement fort … A l’heure actuelle, les scientifiques conseillent et forment les sauveteurs et les personnes qui pratiquent des sports nautiques, car la mise au point d’un système d’alerte suffisamment automatisé prendra plus de temps ».
Que savons-nous sur le type de mousse ?
Les scientifiques du NIOZ ont échantillonné la mousse le jour-même et ont trouvé d’importantes quantités d’algues Phaeocystis Globose dans des quantités jamais vues auparavant. Ces quantités extrêmes sont directement liées à une quantité importante d’ensoleillement avant le 9 mau qui a permis aux algues de se développer. Le 10 mai, la dégradation de la météo a causé la mort des colonies d’algues qui ont alors libéré leurs protéines qui sont à l’origine de l’écume.
En consultant leur base de données d’images satellites et de modèles météorologiques, les scientifiques ont constaté que ce type de phénomène se produit toujours au printemps, entre avril et mai. En observant les images de la plage, ils ont pu étbalir que le risque de formation d’écume était accru par fort vent de mer. Il faut donc être particulièrement vigilant au Pays-Bas sur cette période.
Ce que nous ne savons pas sur la phaeocystis globose ?
En général, le flux de nutriments dans les rivières de la mer du Nord a diminué, tout comme la prolifération des algues. Mais, selon la NIOZ, l’algue Phaeocystis Globose n’a pas suivi la même tendance, et on ne sait toujours pas pourquoi cette colonie extrêmement était présente à une si grande échelle. La Phaeocystis Globose se nourrit-elle d’autres nutriments ou toxines que nous ne connaissons pas encore ? Cette efflorescence extrême était-elle un incident ou pouvons-nous nous attendre à d’autres événements de ce type à l’avenir ? Les recherches sur le Phaeocystis Globose et son rôle dans l’épisode de mousse, et la prévisibilité des événements futurs sont toujours en cours. En outre, il n’a toujours pas été confirmé officiellement quel rôle la mousse a joué dans le décès des 5 surfeurs en mai dernier. Ces deux incertitudes seront suivies par Surfrider Europe, et mises à jour dans cet article.
En petites quantités, l’écume de mer ne présente pas de danger pour les baigneurs, les surfeurs et les autres pratiquants. Nous pouvons continuer de profiter et de protéger notre terrain de jeu, nos côtes et l’océan. Comme toujours, Surfrider recommande de faire particulièrement attention aux conditions locales changeantes. Vérifiez la qualité de l’eau, les courants et autres danger, et au printemps, accordez une attention particulière aux grandes quantités de mousse de mer. Si vous souhaitez vous impliquer pour aider à préserver la qualité de l’eau dans votre région, vous pouvez consulter notre projet de jardin écologique : Ocean Friendly Garden.
Nos plus sincères condoléances à la famille et aux amis des surfeurs, ainsi qu’à la communauté des surfeurs aux Pays-Bas.