Penser les villes de demain en favorisant à la fois une dynamique économique, sociale et environnementale : ce concept a pris vie dans les écoquartiers. Bien-être, intégration écologique, cadre de vie, gestion de l’énergie et de la mobilité, sans oublier la mixité sociale, sont au coeur de ces projets. Après une fleuraison massive en Europe, quel est l’avenir de cette démarche « green » ?
Les écoquartiers en Europe
Il y deux ans, on vous parlait déjà des premiers écoquartiers, qu’en est-il aujourd’hui ?
Avec la pression démographique constante, une grande partie des enjeux écologiques et sociaux se jouent dans les villes : mobilité, mixité, transition énergétique, etc. A elles seules, les villes représentent plus de la moitié de la pollution mondiale et émettent 70 % des gaz à effet de serre.
Les premiers écoquartiers, apparus fin des années 1990, sont nés de l’intérêt croissant pour le développement durable et les problématiques urbaines. Ce sont dans les Pays de Nord de l’Europe, souvent cités d’exemple dans le secteur du renouvelable, qu’ils sont apparus, comme des précurseurs du mouvement.
Par exemple, la ville de Berlin est l’une des plus écoresponsables d’Europe. Les transports en commun et l’utilisation du vélo y sont largement incités, le tri des déchets bien mené et les espaces verts présents sur 40 % de sa superficie. Un écoquartier, au nord de la ville, à Pankow, a longtemps été un modèle. Comptant près de 650 logements, la spécificité principale est la très faible production de dioxyde de carbone, grâce aux panneaux photovoltaïques posés sur les toits et à l’optimisation de l’isolation des bâtiments. Mais la démarche écologique va plus loin : le tri des déchets est développé (ordures ménagères, matériaux réutilisables, compost, papier, verre) et l’eau de pluie récoltée, puis acheminée vers un bassin d’infiltration qui alimente la nappe phréatique. Depuis 1999, date de sa création, plus d’un million de kilos de CO2 a été économisé.
Les écoquartiers en pratique
L’objectif environnemental est l’aspect premier auquel on pense pour caractériser un quartier écologique. De premier abord, l’architecture manifeste le développement durable. Leur construction est un élément crucial, sachant que le secteur du bâtiment est le premier consommateur d’énergie en Europe.
Au-delà de réduire l’impact écologique, l’habitat responsable présente aussi un aspect social. Il s’agit avant tout d’une démarche participative, qui réunit tous les acteurs : élus locaux, associations, habitants, constructeurs … Comme pour remédier aux maux de l’urbanisation massive, les éco logements vivent à travers l’application de ces mots d’ordre : densité-écologie-mixité.
Pour une efficacité optimale et ne pas devenir un facteur d’exclusion, les écoquartiers doivent se mêler au tissu urbain existant. Bien qu’ils s’inscrivent dans une dynamique exclusivement positive et constitue un levier de développement, les actions menées en termes de mixité sociale, participation citoyenne et circuit court restent trop cloisonnées et représentent des gouttelettes perdues dans l’océan. En ce sens, le défi aujourd’hui de ces quartiers est de s’inscrire dans des projets de réhabilitation à part entière.
Ecoquartiers : signe des villes en transition
Vitrine et symbole concret de l’avancée de la politique écologique et durable, les écoquartiers permettent d’expérimenter de nombreux sujets. Ils rendent visible une intention, celle de ville en transition. Lieux pilotes des mutations urbaines, ils tendent vers « un retour au vert » tout en s’inscrivant dans les projets de villes connectées, appelés smart city.
Des débats publics sont régulièrement abordés sur le thème de la ville de demain, pour repenser l’impact écologique de nos villes. Plus connectées, intelligentes et raisonnables, elles s’articuleront autour de ces nouveaux écosystèmes urbains, mis en oeuvre pour une économie bas carbone.
La ville de demain est tournée vers la création de richesse immatérielle. D’abord en favorisant les circuits courts et en développant une logique de service et pas seulement d’équipement, puis en pensant à la qualité de vie des habitants. Ils sont donc preuve de réussite lorsqu’ils conjuguent qualité de vie et connexion, intégrés au tissu local et aux ensembles urbains innovants et mobiles.
Les écoquartiers prennent part à l’avenir de la ville et représentent une échelle intéressante pour tester la ville durable au plus près des habitants, les remettant au coeur de leur environnement et des réflexions.
Pour anticiper le défi climatique de 2050, ces habitats écologiques jouent un rôle crucial. Aujourd’hui, l’objectif est de multiplier le nombre d’écoquartiers dans le cadre de renouvellement urbain et pas simplement d’extension de ville. Pensés dans leur intégralité, et pas seulement sous l’angle écologique, ces quartiers oeuvrent pour le vivre ensemble, dans le respect des personnes et de l’environnement. Conjuguant responsabilité environnementale et « boom » technologique, les écoquartiers illustrent un choix de société, vers laquelle tendre pour une qualité environnementale démocratisée.