Au début du mois, a été officiellement lancée, par l’événement virtuel “Brave New Ocean”, la Décennie des Nations Unies pour les Sciences océaniques au service du développement durable. Coordonné par la Commission Océanographique Intergouvernementale de l’UNESCO, ce programme cherche à donner un nouveau souffle à l’océan en plaçant la science au centre des décisions politiques internationales de la décennie 2021-2030, considérée, par plusieurs membres de l’ONU, comme “la plus critique de notre vie”.
« Brave New Ocean”, le premier événement de la Décennie des Nations Unies
Rassemblant divers acteurs politiques, scientifiques, experts, personnalités et ligues sportives telles que la World Surf League, les discussions du “Brave New Ocean” ont donné le ton de la Décennie des Nations Unies. En s’attardant particulièrement sur la pollution plastique, la protection de la vie marine et l’économie régénératrice de l’océan, ce premier événement a permis de rappeler que les objectifs de développement durable, fixés par une multitude d’accords internationaux, ne pourront jamais être satisfaits sans prise en compte du système marin.
Sa dégradation, due au changement climatique, conduit en effet à réduire drastiquement ses bénéfices, vitaux pour l’humanité. Les participants au programme s’accordent alors tous pour dire que l’océan recouvre d’importants enjeux dans le fonctionnement de nos sociétés et doit être géré de manière durable.
10 ans pour placer la connaissance scientifique au centre des décisions politiques
Or, il est impossible de gérer ce que nous ne mesurons pas. Et, avec seulement 5% de planchers océaniques cartographiés, des millions de kilomètres carrés d’abysses plongés dans l’obscurité abritant près d’un million d’espèces ignorées, un manque cruel de savoirs sur la biodiversité de 99% des zones marines habitables, l’océan nous est encore inconnu.
Gérer au mieux ses ressources suppose donc de compléter nos connaissances à son sujet. En encourageant le développement d’un fort réseau scientifique pour mieux identifier les sources de pollution, cartographier les écosystèmes, comprendre les conditions futures de l’océan et utiliser de nouvelles technologies de collecte de données, le programme de l’UNESCO cherche véritablement à placer la science au centre des décisions politiques. Facilitée par ce programme, la prévision de différents scénarios par les scientifiques devrait, en effet, garantir aux décideurs de choisir les meilleures mesures en évaluant correctement leurs conséquences potentielles sur l’océan et nos sociétés.
A terme, un océan reconnu bien commun de l’humanité ?
S’il est réellement appliqué, ce programme pourrait constituer une belle avancée. Car, en plus de se centrer exclusivement sur l’océan et ses interactions avec nos sociétés, son fonctionnement est également intéressant : la science et l’expertise semblent, pour une fois, prendre le pas sur les décisions politiques souvent déconnectées des réalités environnementales.
Aussi, loin de seulement développer un savoir scientifique complexe, il encourage une connaissance pluridisciplinaire, inclusive et coopérative : qu’ils exploitent le système marin, en vivent ou en subissent les dérives climatiques, tous les acteurs sont rassemblés et impliqués dans ce programme pour régénérer l’océan que nous voulons. En cherchant à accroître les connaissances à son sujet et à le placer au centre des préoccupations de tous, la Décennie des Nations Unies semble être un bon moyen de prendre conscience de notre responsabilité commune à son égard et peut-être permettre, à terme, sa reconnaissance comme bien commun de l’humanité.