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Bilan mitigé pour la conférence environnementale

Les 20 et 21 septembre 2013, Surfrider Foundation Europe participait à la seconde Conférence Environnementale et prenait ainsi part aux débats des 5 tables rondes. L’objectif de ces deux jours : préparer la feuille de route pour la politique environnementale que devra suivre le gouvernement en 2014. Si nous étions satisfaits sur plusieurs points à la sortie de ces deux jours de discussions, la diffusion le 27 septembre de la feuille de route dresse un bilan plus que mitigé de cette conférence.

Des paroles mais peu d’actes

Dans son discours d’ouverture, le Président de la République rappelait l’importance pour la France de devenir un modèle au niveau européen concernant les problématiques environnementales. De belles paroles, de nombreuses promesses mais dont le sujet principal de son discours, centré sur la transition énergétique, semblait déjà s’éloigner des sujets abordés dans les différentes tables rondes.

Au cours de ces deux jours, certaines de nos propositions ont été bien accueillies par les ministres, nous espérions alors les retrouver dans la feuille de route. Mais au final le gouvernement n’a retenu quasiment aucune des mesures proposées par les différentes associations. L’actuelle feuille de route ne présente aucun engagement concret de la part du gouvernement et ne comporte pas d’objectifs chiffrés ou datés.

Concernant nos préconisations sur les sacs plastiques, qui avaient été bien reçues par le ministre Arnaud Monteboug, il est seulement notifié dans l’actuelle feuille de route « une limitation plus renforcée ». Nous espérons néanmoins que suite aux échanges que nous avons pu avoir avec le ministre, certaines mesures seront reprises par le gouvernement. Depuis mars 2013 nous menons une campagne de lobby pour l’interdiction des sacs plastiques en Europe, la remise des signatures de la carte postale aura lieu le 15 novembre à la Commission Européenne à Bruxelles.

Il en est de même concernant la réduction des déchets aquatiques dans le milieu marin pour lequel nous préconisons un objectif chiffré à hauteur de 50% sur une génération, la feuille de route ne mentionne qu’un vague « objectif de réduction » ce qui est bien en dessous de nos espérances et démontre le manque d’ambition et d’engagement du gouvernement sur cette question.

Des petits pas vers la transition écologique

Cependant nous nous réjouissons de certaines mesures présentes dans la feuille de route. Notamment la mise en oeuvre d’une signalétique harmonisée concernant le tri des déchets, la prise en compte de l’outre-mer dans les réflexions portant sur les questions de politique de l’eau et sur la nécessaire mise en oeuvre progressive et adaptée de la Directive Cadre Stratégie Milieu Marin.

Si tout un pan relatif aux politiques de l’eau et à la santé des usagers a été laissé de côté dans cette feuille de route nous notons néanmoins une avancée en matière de gouvernance locale avec la proposition de la mise en place d’un groupe de travail partenarial qui aura pour objectif d’améliorer la représentation au sein des agences de bassin et des commissions locales.

Le gouvernement a également exprimé le souhait d’intégrer l’éducation à l’environnement et au développement durable dans tous les programmes éducatifs et à favoriser la découverte de l’environnement au travers des pratiques sportives, ce qui faisait partie de nos demandes. C’est une victoire même si cela est atténué par le fait que les associations, malgré leur expérience, ne soient pas reconnues pour participer au cycle de formation ainsi qu’à la constitution des programmes EEDD.

Sur la problématique liée aux pollutions et menaces sur la biodiversité marine, nous avons été entendus par le Premier Ministre notamment concernant notre revendication d’intégrer des enjeux maritimes dans la conférence climat qui aura lieu en France en 2015.

Les différents échanges ont été riches tant avec les ministres qu’avec les autres associations et confortent notre volonté de continuer nos missions et d’aller plus loin pour protéger le littoral et les océans. De plus, cela nous a permis de partager notre expérience, faire connaitre nos actions et défendre nos revendications auprès du gouvernement.

Une volonté politique forte nécessaire

Ces deux jours de concertation et surtout l’actuelle feuille de route démontrent bien les réticences du gouvernement à s’engager concrètement en matière environnementale. Les actes ne sont ici pas à la hauteur des promesses. Mais nous comptons défendre nos revendications à l’occasion de la prochaine séance du Conseil National de la Transition Ecologique du 9 octobre qui sera l’occasion de revoir cette feuille de route que nous considérons « non acceptable en l’état » comme nous avons pu en faire part à Philippe Martin dans le courrier que nous lui avons adressé avec 5 autres ONG présentes à la conférence et la CGT.

Afin de devenir cette « Nation d’excellence » revendiquée par le Président, il faut avant toute chose une volonté politique forte et ambitieuse pour prendre des décisions et surtout pour les appliquer. Pourtant la question se pose : la France est-elle vraiment prête pour devenir un modèle européen quand on sait que le budget environnemental est promis à une baisse de 6,5% et quand en l’espace d’un an, 3 ministres se sont succédé au poste de ministre de l’EDDE…

En 2015 la France accueillera la conférence climat. Si le Président a précisé dans son discours qu’elle ne serait pas organisée dans « une perspective touristique », il faudra alors se montrer plus ambitieux concernant notre politique environnementale.

Emilie Chavaroche, Rédactrice environnement