Le littoral n’est jamais figé, il est en permanence façonné par des phénomènes naturels comme les marées, la houle et le vent. À cette période de l’année où des tempêtes hivernales de plus en plus intenses font leur apparition, le trait de côte se voit lui aussi modifié et victime de l’érosion ou la submersion marine. Trop peu conscients de ces risques, les Hommes se retrouvent parfois en danger face à des phénomènes qui s’amplifient. Afin d’informer sur ces dangers et de les éviter, Surfrider Europe élargie une nouvelle fois sa carte érosion rassemblant encore davantage d’exemples en images et de témoignages.
L’érosion, la submersion marine… et le changement climatique
L’érosion côtière est un phénomène qui peut s’observer sur côte sableuse ou rocheuse. Il se traduit par le recul du trait de côte, c’est-à-dire le déplacement vers l’intérieur des terres de la limite entre le domaine maritime et le domaine continental, suite à la perte de matériaux : sables, roches ou sédiments.
Autre phénomène, la submersion marine correspond à une inondation temporaire ou permanente d’une zone côtière par la mer. Elle survient généralement à la suite d’une tempête et peut entraîner la destruction d’habitats, de terres agricoles et/ou d’ouvrages de protection naturels (dunes) ou artificiels (digue).
Ces deux phénomènes tendent à s’amplifier en période hivernale et d’autant plus à cause du changement climatique. En effet, le changement climatique provoque la fonte des glaces terrestres ainsi que le réchauffement des eaux, provoquant eux-mêmes une montée du niveau des océans. Lors de grandes marées et de fortes houles, l’impact des vagues sur la côte s’amplifie, renforçant les phénomènes d’érosion et de submersion marine.
Découvrez la carte interactive sur l’érosion et la submersion côtière
Quand le phénomène naturel devient un risque côtier
Ces phénomènes naturels deviennent des risques lorsqu’ils menacent des enjeux environnementaux, humains, économiques, sociétaux ou patrimoniaux. Lorsque l’Homme s’installe trop près des littoraux, ignorant les phénomènes naturels pouvant le mettre en danger, il crée le risque.
En France, l’immeuble Le Signal à Soulac-sur-Mer illustre cette notion de risque. Construit en 1967 à 200 mètres de l’Océan Atlantique dans le cadre d’un plan d’aménagement touristique, le bâtiment édifié sur la dune se retrouve aujourd’hui à une dizaine de mètre de l’eau, à cause de l’érosion. En janvier 2014, après de fortes tempêtes hivernales ayant encore accentué le processus, les propriétaires des appartements ont dû quitter les lieux. 6 ans plus tard, en juillet 2020, le Sénat a voté pour leur indemnisation à 70% de la valeur des biens, sans prise en compte des risques.
En effet, aujourd’hui, l’érosion n’est toujours pas considérée comme une catastrophe naturelle, l’Etat n’indemnise donc pas les victimes de ce phénomène. Le cas du Signal n’est pas un cas isolé, pourtant ses habitants font partie des rares qui pourront se voir indemnisés suite à cet événement, en partie car le projet a été mené par l’Etat et non par un promoteur privé.
©Nicolas Turcat – AFP
L’activité humaine : à la fois victime et responsable
Pour ne pas en arriver là, des stratégies de gestion du trait de côte sont désormais mises en place en amont par les autorités locales. L’érosion et la submersion marine étant inéluctables, c’est à l’Homme de s’adapter aux aléas naturels, et non l’inverse.
4 stratégies de gestion des risques existent actuellement :
- La lutte active : souvent défavorable pour l’environnement, c’est par exemple la solution choisie à La Faute-sur-Mer en Vendée, après le passage de la tempête Xynthia en 2010, avec le renforcement des digues.
- L’accommodation ou le renforcement des processus naturels : c’est par exemple le mode de gestion adopté sur le littoral méditerranéen avec la restauration et protection du cordon dunaire sur les côtes sableuses.
- La relocalisation des enjeux ou repli stratégique : difficile à instaurer à cause de son coût et de son impact sur la population, c’est la solution mise en place à Criel-sur-Mer en Normandie face à l’effondrement des falaises.
- La surveillance passive : surveiller l’évolution du trait de côte dans le temps, c’est la stratégie adoptée au niveau de la plage d’Erretegia à Bidart dans les Pyrénées Atlantiques, en l’absence d’enjeux.
Toutes ces informations et bien plus encore sont rassemblées au sein d’une carte interactive développée par Surfrider Europe. La première solution étant l’information, l’association a créé cet outil pour permettre à tous de découvrir des sites où les risques côtiers sont présents aujourd’hui et de les comprendre, par le biais de témoignages, comparaison d’images dans le temps et stratégies mises en place. Bientôt élargie à l’Europe, cette carte permet de se rendre compte de ces phénomènes et de pouvoir par la suite agir intelligemment. Grâce à cette carte, l’association souhaite rappeler que l’Océan a ses propres lois et que le littoral est un milieu vivant qui a besoin de respirer. Il est temps d’apprendre à vivre en harmonie avec l’Océan, et non plus contre lui.