Inside #7 Rémi, à l’époque apprenti en matière d’environnement, est bel et bien le fondateur de l’application Ocean’s Zero. Loin de l’image habituel d’écologiste, c’est parce qu’il s’est lui-même initié aux bons gestes qu’il a par la suite souhaité cultiver cet état d’esprit.
Parle-nous de toi
Je m’appelle Rémi, j’ai 36 ans bien que tout le monde pense que je n’en fais que 26, et je suis passionné des nouvelles technologies et des usages qui en découlent dans nos sociétés. Bien que je reste un grand enfant nourri et influencé par la pop culture et les Internets, je suis aujourd’hui un adulte (presque) responsable, père de deux enfants. Devenir père m’a amené à me confronter à la question de la transmission intergénérationnelle : qu’ai-je envie de transmettre à mes enfants ? Que ce soit sur l’aspect culturel, en termes de valeurs, de connaissances, j’ai eu envie de partager une partie de ce que je sais et en quoi je crois à mes fils. Le respect de l’océan et des actions quotidiennes pour le protéger sont évidemment des notions essentielles que je veux leur transmettre.
Quelle est ta démarche environnementale au quotidien ?
Avant d’aborder ma démarche environnementale j’aimerais préciser qu’il y a 20 ans, j’étais une catastrophe environnementale. Je parlais plus haut de transmission de valeurs, d’éducation de mes enfants au respect de la nature… mes parents ne m’ont jamais sensibilisé à ces notions. Au contraire ! Je n’avais aucunement conscience que mes actions pouvaient avoir un impact sur l’environnement.
Aujourd’hui, c’est tout l’inverse. J’essaie au quotidien de produire le moins de déchets possible : ça passe par des actions simples comme faire mes produits ménagers moi-même, éviter l’usage unique (capsules, bouteilles, serviettes en papier…). J’ai également décidé de réduire mon empreinte carbone drastiquement. Pour cela j’ai fait le choix de devenir végétarien et de ne plus prendre l’avion.
J’ai encore beaucoup de points à améliorer, mais la réalité du quotidien rend parfois compliqué la mise en place de certaines actions. Mes prochains objectifs sont d’aller au travail en transport en commun et d’arrêter les mouchoirs en papier.
Tu travailles depuis 10 années au sein de Surfrider Foundation Europe, à quel moment t’es-tu rendu compte de ce besoin d’accompagner concrètement la société ?
Au cours de ces 10 années chez Surfrider j’ai pu développer ma conscience écologique en étant confronter à l’impact désastreux qu’à l’humanité sur l’Océan. Je partais de loin, non conscient de cette problématique, mais ma démarche environnementale quotidienne n’était pas réellement poussée. Je triais mes déchets, évitais les fast food, mais finalement mon engagement était loin d’être à la hauteur des valeurs auxquelles j’avais adhéré en rejoignant Surfrider.
Il y a deux ans j’ai pris conscience de cette dissonance et j’ai décidé d’aller plus loin dans ma démarche zéro déchet. Durant la période transition, je me suis rendu compte que le plus compliqué n’est pas d’avoir le bon comportement. Être zéro déchet n’est pas contraignant. Je dirais même que c’est très satisfaisant. C’est la phase de changement qui perturbe nos habitudes acquises.
J’ai voulu me servir de cette expérience personnelle dans le cadre de mon travail chez Surfrider avec l’objectif d’aider des personnes qui, comme moi, ont la volonté de s’engager dans une démarche zéro déchet. Je me suis posé la question suivante : Comment apprendre et mettre en place des gestes quotidien pour réduire ses déchets de manière simple, positive et concrète ? De là est née l’idée de l’application Ocean’s Zero, une application pour smartphone pour apprendre les bons gestes et s’initier à un mode de vie zéro déchet.
Trois moments forts dans la concrétisation de l’application Ocean’s Zero ?
Le premier moment fort de la concrétisation d’Ocean’s Zero est le hackathon organisé par la Fondation Bouygues Telecom en février 2017. Cette opportunité de mettre les compétences des équipes de Bouygues Telecom au service de Surfrider coïncidait parfaitement avec mon objectif d’initier les citoyens au zéro déchet. En 48h est né We Sea, le prototype qui deviendra 2 ans plus tard Ocean’s Zero.
L’autre moment important dans la genèse de l’application a été le crowdfunding, lancé en septembre 2018. Cela faisait un an et demi que je peaufinais le projet et la réussite ou non du financement participatif allait être un facteur déterminant dans la concrétisation d’Ocean’s Zero. Au-delà de l’aspect financier, le crowdfunding nous permettait de savoir si la promesse d’une application pour apprendre à réduire ses déchets trouverait son public. Heureusement, nous avons franchi cette étape cruciale avec succès.
Un mois après, le 19 novembre 2018, Ocean’s Zero était lancée. C’est le 3e et dernier temps fort de la concrétisation du projet. Nous avons lancé l’application pendant la semaine européenne de réduction des déchets. Grâce aux personnes engagées dans le crowdfunding et notre communauté, Ocean’s Zero a rapidement trouvé son public. Fin 2018 elle comptait déjà 20 000 utilisateurs.
Aujourd’hui, un après son lancement, nous sommes presque à 100 000 utilisateurs actifs alors que l’application n’était disponible qu’en français. Elle est maintenant disponible en anglais et comptons bien initier l’ensemble des citoyens européens au zéro déchet.
Un message à faire passer (à ceux notamment qui voudraient s’engager mais qui n’osent pas ?)
Si j’y suis arrivé, vous pouvez y arriver ! Je suis parti de très loin et rien ne me prédisposait à un jour être prescripteur zéro déchet. On a souvent tendance à voir le mode de vie zéro déchet comme une contrainte à notre mode de vie, alors qu’on peut en tirer beaucoup de bonheur, de satisfaction. Pierre Rabi parle de sobriété heureuse, ou de simplicité volontaire. Si vous souhaitez vous tournez vers un mode de vie plus respectueux des océans, il ne faut pas le faire car vous vous sentez obligé, mais parce que vous le voulez.