Après trois années d’études sur 4 sites français, l’heure est au bilan pour le projet Riverine Input en Méditerranée qui devient cette année, Plastic Origins.
Riverine Input, qu’est-ce que c’était ?
Il s’agissait d’un projet d’étude visant à réduire la pollution par les déchets des océans en étudiant les apports provenant des cours d’eau et en proposant des solutions à l’échelle locale. L’objectif était double :
– améliorer nos connaissances sur les déchets transportés par les cours d’eau afin de contribuer à la réduction à la source des déchets atteignant le milieu marin.
– participer à la mise en œuvre de la Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin et notamment au programme de surveillance en faisant le lien entre l’amont et l’aval.
Initié en 2014 sur le fleuve ADOUR, le projet a ensuite été dupliqué sur le bassin versant du fleuve Var, dans les Alpes Maritimes de décembre 2016 à novembre 2019.
Ce qu’il faut retenir de ce projet
En 3 ans de projet en Méditerranée, ce sont 34 722 macrodéchets qui ont été collectés sur une superficie totale de 65 789m², représentant un poids total de 475 kilos. Sur l’ensemble de ces déchets, 77% sont en plastiques et 39% étaient trop fragmentés pour être identifiables. Sur la base de 61% des déchets identifiés, un top 10 les plus retrouvés a été établi. Figurent largement en première place (à 41%) les mégots de cigarette, suivi des morceaux de sac plastiques, des bâches plastiques et des emballages de nourriture (chacun représentant 10%)
Les conclusions du projet
Le protocole Riverine Input a permis d’identifier avec précision la typologie et la quantité de déchets échoués sur les différents sites d’étude. Depuis 2014, plusieurs méthodes ont été testées telles que la collecte et la caractérisation des déchets échoués sur les berges, le comptage des déchets flottants depuis les ponts, la mise en place de filets et de barrages flottants pour capter les déchets, ainsi que la géolocalisation des déchets basé sur des observations et comptages. Suite à ces différents tests, il semble plus pertinent de suivre la pollution plastique échouée sur les berges plutôt que d’essayer d’estimer le flux de déchets dérivant dans le cours d’eau. Le comptage et la géolocalisation des déchets échoués sur de grandes distances de berges semble être la méthode à privilégier. C’est l’objet de la création de Plastic Origins.
La suite, Plastic Origins
Durant les 3 prochaines années, l’objectif principal du projet reste le même. Toutefois, pour mieux répondre à cet objectif, le protocole de suivi et les méthodes de concertation évoluent.
Le nouveau protocole consiste à géolocaliser et à caractériser chaque déchet visible sur les berges, dans la ripisylve (végétation de la berge), à la surface ou dans le fond du cours d’eau au moyen d’une application (en cours de développement).
Pour ce faire, il suffit de descendre un cours d’eau à pied (pour les cours d’eau non navigables) ou à l’aide d’une embarcation sur 1 à 5 kilomètres, muni de cette application. Ces observations manuelles seront, dans un futur proche, remplacées par une détection automatique des déchets à travers l’analyse d’images vidéo. Surfrider est accompagné dans ces développements par des entreprises spécialisées (Microsoft et Heuritech), par l’association Data 4 Good et par de nombreux bénévoles experts. Un site internet est également en cours de développement pour permettre la visualisation en temps réel des données collectées.
Surfrider a déjà appliqué cette méthode avec succès sur les fleuves Adour, Var, Aa, Liane et Slack et souhaite maintenant élargir son champ d’action à de nouveaux cours d’eau.
L’identification des zones les plus touchées devrait permettre de définir une liste de territoires d’actions prioritaires et d’être plus efficace dans la lutte contre la pollution plastique. Les décideurs publics seront alertés en cas de forte pollution détectée sur leur territoire. Afin de les accompagner Surfrider souhaite mettre disposition des décideurs des solutions permettant de lutter à la source contre les déchets pouvant finir dans les océans.
Si le nom change, passant de Riverine Input à Plastic Origins, l’objectif demeure le même : la réduction de la pollution plastique des océans par l’étude des apports provenant des fleuves et rivières d’Europe et la proposition de solutions aux acteurs locaux.