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Carbone bleu

Les écosystèmes de carbone bleu ont la capacité de capturer et séquestrer du carbone atmosphérique dans les sédiments marins. Il s'agit des herbiers, des mangroves et de prés salés.

Le terme de carbone bleu désigne la capacité d’écosystèmes océaniques à capturer et séquestrer du carbone atmosphérique (désignant le carbone dissous dans l’air, principalement sous forme de CO2, qui agit comme gaz à effets de serre et cause le changement climatique) dans les sédiments marins.
Le consensus scientifique actuel s’accorde sur trois écosystèmes de carbone bleu :  les mangroves, les herbiers marins et les prés salés.
Ils sont des solutions fondées sur la nature particulièrement importantes dans l’atténuation et l’adaptation au changement climatique.

Les mangroves

Ce sont des ensembles de végétations se développant sur la bande littorale soumise à l’influence des marées.
Cette végétation est composée d’arbres et d’arbustes : les palétuviers. On les trouve sur l’ensemble de la zone intertropicale.

Les prés salés

Les prés salés sont des écosystèmes situés sur la partie supérieure de la zone intertidale (la partie du littoral située entre les limites extrêmes des plus hautes et des plus basses marées). Ils sont composés d’une végétation dense à base de plantes et parfois de petits arbustes halotolérants (ils résistent au sel).
Les espèces présentes sont, entre autres, la salicorne, la spartine, l’obione …

Les herbiers marins

Les herbiers marins sont des prairies sous-marines. Ce sont des plantes à fleurs (avec un réseau racinaire) et non pas des algues !
On retrouve les herbiers à différents niveaux de profondeur sur les fonds marins. Certains sont toujours immergés, et d’autres sont en zone intertidale (parfois immergés, parfois émergés en fonction des marées).

Photo : @Patrice Petit

Répartition des écosystèmes de carbone bleu dans le monde

(Source : Blue Carbon Initiative)

Le concept a été introduit en 2009 en partant du constat que 55% du carbone issu de l’activité photosynthétique (dit « carbone vert ») était dû à des organismes marins. Afin de sensibiliser à l’importance de ces puits de carbone océaniques, on les a nommés écosystèmes de carbone bleu.  

Ces trois écosystèmes présentent la particularité d’être parmi les écosystèmes les plus productifs de la planète et parmi les puits de carbone les plus efficaces. Ils séquestrent par unité de surface 20 à 40 fois plus de carbone que les forêts. L’efficacité de cette séquestration permet la création de stocks de carbone très importants dans ces écosystèmes.
Ainsi, bien que leur superficie ne représente que 0,2% de la surface océanique, ils sont responsables d’au moins 50% du carbone organique piégé dans les sédiments marins

Des écosystèmes menacés

Ces écosystèmes sont malheureusement fortement menacés par les activités humaines et par les conséquences du dérèglement climatique
Depuis le début de l’ère industrielle (1850), 50 % de la superficie totale de ces écosystèmes a été détruite
Chaque année sont perdus près de 2% de la superficie restante de prés salés, 1,5 % d’herbiers marins et moins de 0,4 % de mangroves.   

Dans un objectif d’atténuation du changement climatique, il est donc capital d’inverser cette tendance.
Pour cela, il est nécessaire de protéger au mieux ces écosystèmes et de les restaurer lorsque cela est possible.
Si des programmes de protection et de restauration sont mis en place de façon optimale sur ces écosystèmes, le potentiel additionnel d’atténuation serait de 3% des émissions mondiale de gaz à effets de serre. 
Bien sûr, ce chiffre est une évaluation optimiste et les écosystèmes de carbone bleu ne résoudront pas à eux seuls la crise climatique.
Il est important de garder à l’esprit que l’action la plus efficace dans la lutte contre le changement climatique est bel et bien la réduction des émissions de gaz à effet de serre grâce à la transition énergétique et à la sobriété.

Des solutions fondées sur la nature pour l’adaptation au changement climatique

Ces écosystèmes ne sont pas uniquement des puits de carbone extrêmement efficaces, ils remplissent de nombreuses autres fonctions écologiques qui font d’eux des solutions fondées sur la nature extrêmement importantes pour les sociétés humaines, en particulier pour l’adaptation au changement climatique

Les services écosystémiques rendus par ces écosystèmes sont nombreux : 

  • Protection contre les vagues de submersion  
  • Protection contre l’érosion   
  • Réservoir de biodiversité (et donc des ressources halieutiques)  
  • Épuration de l’eau  
  • Valeurs patrimoniales (tourisme, activités récréatives…) 
  • Régulation du climat  

 
L’ensemble de ces services écosystémiques doivent être pris en compte dans les projets consistant à protéger et restaurer les écosystèmes de carbone bleu.  

Dans leur étude de 2022, Williamson et Gattuso (chercheurs de l’Université d’East Anglia (UEA), du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et de l’initiative OACIS) mettent bien en évidence que les coûts importants et les incertitudes qui peuvent être associés aux projets de restauration d’écosystème de carbone bleu sont contrebalancés avec certitude uniquement en prenant en compte cet ensemble de co-bénéfices. 

Les actions de Surfrider 

Surfrider s’engage pour la protection et la restauration des écosystèmes de carbone bleu au niveau Européen. 

Pour cela, nous participons au développement des connaissances scientifiques

Nous menons des études sur les stocks de carbone dans les sédiments des herbiers marins de la baie de Txingudi, participons à des colloques et rencontres entre scientifiques travaillant sur cette thématique.

Nous participons notamment au COPIL de la zone NATURA 2000 de la Baie de Txingudi et à la commission Zostère du Parc Naturel Marin du Bassin d’Arcachon pour appuyer en faveur de la protection de ces écosystèmes. 

Nous participons également à des actions de sensibilisation, et de médiation scientifique auprès du grand public et des acteurs des collectivités via la participation à des stands, des prises de paroles publics, des interviews ou encore des podcasts. 
A titre d’exemple, un atelier sur les écosystèmes de carbone bleu a été mis en place, en partenariat avec la ville de La Rochelle, lors de l’édition 2024 des Carrefour des gestions locales de l’Eau (plus grand forum des acteurs de l’eau en France accueillant plus de 14000 participants).

(Un rapport sur les bonnes pratiques pour la gestion des écosystèmes de carbone bleu à destination des collectivités est en cours de rédaction.) 

Une exposition mêlant art et pédagogie sera animée sur le campus de Surfrider à Biarritz d’octobre à décembre 2024.