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Le dernier rapport de l’IPBES tire la sonnette d’alarme : la biodiversité décline à une vitesse alarmante, touchant notamment des écosystèmes critiques comme ceux du carbone bleu. Ces zones essentielles, comme les mangroves, les herbiers marins et les prés salés, jouent un rôle clé dans la lutte contre le changement climatique et abritent une biodiversité unique. Leur destruction accélérée pourrait entraîner des conséquences désastreuses la santé de notre planète.
Face à cette urgence, Surfrider s’engage activement, notamment en soutenant l’Appel de Montréal, pour que des actions concrètes soient mises en œuvre.
L’objectif ? Réagir collectivement à cette crise en repensant nos modèles économiques et sociaux, et préserver ces écosystèmes indispensables à l’équilibre de notre planète.
Que dit le rapport Nexus, dernier rapport en date de l’IPBES ?
Ce rapport est le résultat de trois années de collaboration entre plus de 165 experts internationaux. Ce travail monumental s’appuie sur des centaines d’études différentes pour révéler les interconnexions complexes entre les crises environnementales, sociales et économiques.
Parmi les grandes conclusions, le rapport met en évidence le fait que la perte de biodiversité est liée à des enjeux globaux tels que les crises alimentaires, les pénuries d’eau, les risques sanitaires, les pandémies mondiales et le changement climatique. Ces crises, bien qu’apparues sous des formes variées, partagent des causes et solutions communes. Raison pour laquelle les experts insistent sur la nécessité de mettre en œuvre des solutions synergiques, qui protègent la biodiversité et apportent des bénéfices dans d’autres domaines sans effets collatéraux négatifs.
Les cinq stratégies clés proposées par l’IPBES :
- Protéger les lieux-clés pour les humains et la nature
Il s’agit de restaurer des zones riches en culture et en biodiversité, tout en soutenant les communautés locales. Par exemple, au Népal, le programme de foresterie communautaire aide les populations locales à gérer durablement les forêts dégradées, en conciliant besoins humains et préservation de la nature. - Intégrer la biodiversité dans les secteurs-clés
Les secteurs comme l’agriculture, la pêche ou l’exploitation minière représentent des menaces importantes pour la biodiversité. En agriculture, la réduction des produits chimiques et la préservation des habitats naturels peuvent à la fois améliorer la productivité (grâce à des pollinisateurs en meilleure santé) et renforcer la résilience des écosystèmes agricoles. - Réformer l’économie pour protéger la nature
Les subventions publiques favorisent souvent des pratiques nuisibles à l’environnement. Le déficit de financement pour la biodiversité, estimé entre 598 et 824 milliards de dollars par an, peut être comblé par une réforme des incitations économiques et une plus grande implication du secteur privé. Intégrer les coûts environnementaux dans les décisions économiques et repenser les indicateurs de progrès sont également essentiels. - Rendre la gouvernance plus inclusive et responsable
Les politiques environnementales doivent inclure une diversité d’acteurs, des communautés locales aux entreprises, pour garantir des décisions équitables et durables. Un exemple inspirant est la réserve marine des Galápagos, où la conservation marine cohabite avec des activités humaines telles que la pêche et le tourisme durable, soutenant à la fois les écosystèmes et les populations locales. - Repenser notre lien avec la nature
Redonner une place centrale à la nature dans nos vies est essentiel. Cela passe par l’éducation environnementale, la sensibilisation des citoyens et la valorisation des savoirs locaux et indigènes. Les expériences immersives, comme des visites en pleine nature, peuvent transformer les mentalités et inspirer des comportements plus respectueux de l’environnement.
Ces recommandations appellent à une transformation profonde et globale de nos modèles de société pour garantir un avenir durable.
L’Appel de Montréal : repenser la société pour protéger la biodiversité
L’Appel de Montréal, lancé lors de la COP15 en décembre 2022 par SNAP Québec et d’autres acteurs internationaux, vise à accélérer la réflexion et l’action face à la crise de la biodiversité. Cet appel invite les parties prenantes du monde entier à réorienter nos modèles économiques et nos systèmes de valeurs pour préserver la nature.
Les messages clés de l’Appel de Montréal :
- Un déclin sans précédent : La nature subit actuellement un déclin sans précédent. Les principales causes incluent la conversion des terres et des mers, la surexploitation des ressources, le changement climatique, la pollution et les espèces envahissantes.
- La nature, une source de vie irremplaçable : Elle assure la sécurité alimentaire, la santé et la résilience culturelle d’une grande partie de la population mondiale. Des services qui ne peuvent être remplacés par la technologie.
- Repenser notre société : Réduire le gaspillage, réattribuer les subventions nuisibles à l’environnement et promouvoir une économie respectueuse des limites planétaires sont des priorités. L’Appel souligne également l’importance de réduire les inégalités et de garantir des processus décisionnels inclusifs.
- Vers un « bien-vivre » durable : Il s’agit de concevoir des modes de vie qui ne reposent pas sur l’exploitation excessive des ressources naturelles, tout en assurant un partage équitable des bénéfices issus de ces ressources.
Les écosystèmes de carbone bleu : des trésors à préserver
Les écosystèmes de carbone bleu (mangroves, prés salés, herbiers marins) jouent un rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique mais ils sont aussi des zones riches en biodiversité. Ils représentent, pour un nombre impressionnant d’espèces marines et terrestres, un lieu de refuge et une source précieuse de nourriture.
On y trouve notamment des crabes, pélicans, crocodiles et barracudas (dans les mangroves), de nombreuses espèces d’oiseaux dans les prés-salés et des dugongs, des hippocampes et des poissons multicolores dans les herbiers marins.
De la même manière, certaines espèces marines sont capitales pour le développement d’espèces végétales caractéristiques des écosystèmes de carbone bleu : c’est le cas par exemple des dugongs, particulièrement friands des plantes que l’on trouve dans les herbiers marins, qui vont, par leur évolution dans ces zones, permettre la dispersion et la colonisation de nouveaux espaces par les herbiers.
Malheureusement, ces écosystèmes sont touchés de plein fouet par la perte de biodiversité : on estime qu’environ 1 % de la superficie mondiale restante des écosystèmes de carbone bleu est encore détruite chaque année (source : Alongi 2023).
En cause ? les activités anthropiques : l’assèchement de ces zones pour les transformer en terres agricoles, les activités maritimes mais également les activités qui engendrent des pollutions de l’eau ou encore qui accentuent le changement climatique…
Face à ce constat, l’appel de Montréal, en s’attaquant aux défis et aux solutions possibles face à la perte de biodiversité, semble une étape nécessaire pour inciter les acteurs mondiaux à repenser les modèles de société et économiques dominants.
En tant que première ONG européenne signataire de l’Appel de Montréal, Surfrider milite activement pour la protection et la restauration des écosystèmes de carbone bleu. De nombreuses initiatives s’inscrivent dans ce cadre :
- Le livret « Leviers pour agir à l’échelle locale » Un guide pratique pour accompagner les décideurs locaux.
- Participation à la recherche scientifique : Nous contribuons activement aux avancées scientifiques, comme lors de la conférence Uhinak à Irun.
- Sensibilisation et éducation : Nos actions ciblent le grand public, les techniciens et les élus pour souligner l’importance des écosystèmes de carbone bleu et leurs rôles dans l’adaptation des littoraux au changement climatique.
La biodiversité est un pilier de la vie sur Terre. La préserver est une responsabilité collective qui nécessite des actions concrètes et immédiates.
Chez Surfrider, nous croyons qu’en repensant nos modèles économiques et nos comportements, nous pouvons garantir un avenir où humains et nature coexistent harmonieusement.