La petite bouteille qui voulait changer le monde

AVANT DE COMMENCER…

Cet article est issu de notre (super) newsletter mensuelle dans laquelle vous pouvez apprendre un tas de choses sur l’Océan et sur notre ONG tout en passant un bon moment (il est même possible que vous esquissiez un sourire).

Pour la recevoir chaque début de mois, c’est très simple et hyper rapide

Chapitre 1 : Naissance

Tout commence bien loin d’ici, à Jamnagar.
Ça sonne bien, non ? On s’imagine dans un petit port de pêcheurs, sans prétention, à manger les meilleurs samoussas au curry de notre vie…
Bin en fait pas du tout (ça aurait pu, mais y a fort fort longtemps) : on est juste dans la plus grande raffinerie du monde.
Et c’est là que je suis né.
Enfin presque, parce qu’on m’a d’abord extirpé des profondeurs de l’Océan je ne sais pas trop où, trimballé en bateau etc.

Bref, je disais donc, je suis là, à Jamnagar.
On me raffine, on me colle tout plein de molécules chimiques dessus avant de me transformer en granulé de plastique (a.k.a “pellets” pour les intimes).
Et très vite, on m’envoie faire…le grand voyage !
Et je peux vous dire que j’en ai vu du pays !

(En théorie, là vous venez de comprendre que je vais vous raconter l’histoire d’un déchet en utilisant habilement le procédé de personnification, et vous vous dites que je n’ai aucune limite. Aucune.).

Quelques semaines après, j’arrive dans une usine où on me transforme en bouteille avant de me remplir d’eau, de me coller une étiquette, un bouchon, de m’envelopper dans un film transparent et de me charger dans un camion.
Ma “vraie” vie va commencer ❣️

Chapitre 2 : Abandon

Quand j’arrive dans ma nouvelle ville, je connais très vite un succès fou ! Les gens se jettent sur moi. Faut dire aussi qu’il fait une chaleur de gueux (🎁).
Je suis saisie par une grande main, qui me fait tourner la tête avant de me passer dans une main plus petite, d’une personne proportionnellement aussi petite, qui, elle, me vide. Littéralement. En quelques minutes, plus une seule goutte d’eau.
Après ça, on m’a posée sur le sable et… oubliée.

Alors ça y est, après avoir vécu une vie particulièrement courte et pas du tout trépidante, je vois déjà la fin arriver. Suuuper.

Chapitre 3 : Fin

Les jours passent. Je ne sais même plus depuis combien de temps je suis là, dissimulée par le sable qui me recouvre de moitié…
Je ne me sens pas super bien. J’ai chaud, puis froid, puis re-chaud etc.
J’ai l’impression de partir en morceaux. Oui c’est ça en fait, je me délite…je mincis à vue d’oeil.

Certaines personnes passent à côté de moi sans même sembler me voir.
Si ça continue comme ça, si personne ne fait rien, au prochain coup de vent, à la prochaine marée, je partirais rejoindre les millions de tonnes de déchets plastiques qui circulent déjà dans les courants marins.
Parce que finalement je ne suis plus que ça : un déchet… parmi des millions d’autres.

(FIN ? vraiment !?)

**

C’était vachement court non ? Et même pas vraiment intense…

Le problème c’est que ça se passe comme ça pour toute une tripotée d’objets de notre quotidien, qu’on appelle les “objets à usage (éclair et) unique”.

Heureusement pour notre copine la bouteille, les choses vont se passer un peu différemment cette fois-ci…

**

Chapitre 4 : La bouteille qui n’avait pas dit son dernier mot

Jour je-ne-sais-même-plus-combien, j’entends des voix (non je perds pas l’bouchon, j’entends vraiment des voix !), ça rigole même.
Et puis d’un coup, une main gantée me ramasse et me fourre dans un sac. Ça pique mais au moins je ne suis plus seule.

Quelques heures plus tard je suis sur une table, avec un paquet d’autres trucs en plastique, au milieu d’un paquet de personnes qui nous observent avec attention. Et là j’apprends que nous ne sommes plus de simples déchets, mais bien des données.

On nous compte, on nous classe, on nous identifie.
Je suis désormais “Bouteille en plastique, catégorie « emballage de boisson », matériau PET. Origine probable : consommation sur place, mauvais geste de tri ou absence de poubelle à proximité”.
On note tout ça sur un papier puis les infos sont répertoriées dans une base de données qui permettra de savoir quels types de déchets sont les plus fréquents, d’où ils viennent etc.
Et après ? Bin après … je pars rejoindre un monde meilleur (enfin la poubelle quoi)(j’avais pas mieux comme fin)(j’avais déjà pas mieux comme intro et développement alors …)

Ce que les chiffres permettent de changer

Allez, je m’arrête là, j’ai plus d’inspiration et c’était franchement pas la folie cette histoire !
Mais on en était où déjà ?
Ah oui, c’est à ce moment là que la collecte de déchets passe du simple « nettoyage » (en apparence, car non, on ne peut toujours pas « nettoyer l’Océan ») à la collecte des données, de preuves.

Et ces données sont primordiales pour nous ! Elles alimentent des études, des rapports, et surtout, des plaidoyers. Grâce à ces chiffres, récoltés patiemment par de nombreux bénévoles et citoyen.nes, de grandes décisions politiques ont déjà été prises : interdiction de certains plastiques à usage unique, réglementation sur les microplastiques, etc.

 

We need you

Si après ça vous pensez encore qu’une collecte de déchets ne sert qu’à rendre une plage plus « propre », c’est qu’il faut tout relire ! (Je plaisante, pas de panique)
Ce que nous faisons, c’est bien plus que simplement « ramasser » : nous décortiquons et analysons.

Alors, si l’envie vous prend de rejoindre une collecte ou d’en organiser une, sachez que votre action ne s’arrêtera pas au sac-poubelle rempli. En participant, vous fournirez des données essentielles et, quelque part, vous contribuerez à changer les lois.

C’est ça, la science participative.
Et si on veut réduire durablement la pollution plastique, c’est elle, et donc vous, qui ferez la différence.

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