Ce 18 janvier dernier, lors d’une rencontre officielle entre les différents acteurs du transport maritime en mer Méditerranée, le gouvernement français a réaffirmé sa volonté de créer une zone d’émissions contrôlées (ECA) d’ici 2022. Cela fait suite à la publication d’un rapport sanitaire détaillé réalisé par un consortium- public-privé, qui donne raison à ce projet au vu des bénéfices qu’il engagerait.
Donner l’exemple en allant plus loin
Ce projet mené par le gouvernant français a pour but ultime d’assainir le bassin méditerranéen en limitant les émissions de particules polluantes provenant notamment de l’activité maritime. En effet, le trafic se densifiant, la réglementation de nouvelles techniques de propulsions propres devient primordiale. L’exemple du bassin marseillais est sans appel, le transport maritime y est responsable de 20% des émissions d’oxydes d’azote, 70% des émissions d’oxydes de soufre, et 2% des émissions primaires de particules fines.
En février 2016, les pays méditerranéens avaient déjà adopté une stratégie régionale de prévention et de lutte contre la pollution marine provenant des navires.
En 2020, une nouvelle réglementation internationale entrera en vigueur. Elle devra largement réduire la pollution en Méditerranée : le taux maximal autorisé de soufre dans le carburant passera de 3,5% à 0,5%. Profiter de ces nouvelles normes, c’est ce que le gouvernement français souhaite faire en formulant une proposition commune avec ses voisins méditerranéen auprès de l’OMI (Organisation Maritime Internationale). La création d’une ECA en Méditerranée, à l’instar des zones protégées déjà existantes dans les Mers du Nord et Baltique, viendrait approfondir davantage l’engagement de la France et des pays concernés dans cette lutte en abaissant les normes au plus bas, jusqu’à 0,1% pour le souffre.
Les armateurs face à leurs responsabilités
Les associations environnementales (France nature environnement, Cap au Nord…) étaient présentes à cette réunion afin de mettre les compagnies maritimes face à leurs responsabilités, appelant à des initiatives locales et évoquant notamment le système des scrubbers (installé par certains armateurs sur leurs navires pour nettoyer les fumées nocives et passer sous le fameux seuil des 0,5 % de soufre), dont les eaux usagées et polluantes sont parfois rejetées en mer au lieu d’être vidangées à quai.
En face, représentés par Jean-Marc Roué représentant des compagnies maritimes et Jean-François Suhas, président du club de la croisière Marseille Provence, les armateurs ont bien évoqué leur intention de coopérer et de soutenir aussi bien qu’ils le pourront ce projet. Bien qu’ils est exprimé une réticence au vu des échéances et des coûts qu’occasionneraient de telles normes,
« Nous, armateurs, ne demandons pas de reculer sur ces normes, mais il faut être conscient que ça prend du temps, que ça va avoir un coût. Et ce coût, les citoyens du monde le supporteront aussi », a expliqué Jean-Marc Roué.
Les prochaines étapes
La France va durant cette année 2019 tenter de se rapprocher de plusieurs pays européens qui souhaiteraient se joindre à l’initiative et soutenir le dossier. C’est ensuite le conseil de l’Union européenne, responsable de la compétence « qualité de l’air » qui donnera son accord pour qu’un dossier soit déposé auprès de l’OMI d’ici mars 2020. L’objectif étant une entrée en vigueur de la zone ECA en Méditerranée en 2022.