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A quand la fin des microbilles de plastique dans nos cosmétiques ?

Polyéthylène, polycarbonate, polypropylène … si vous voyez ça dans la composition de vos produits, ce n’est pas très bon signe. Et si sans le savoir vous vous rendiez responsables de pollution marine lorsque vous appliquez une crème sur votre visage ou lorsque vous vous brossez les dents ? Depuis plus de 25 ans, on retrouve des microbilles de plastique dans nos cosmétiques. Depuis peu, une véritable prise de conscience du danger de ce composant semble marquer l’avènement d’un mouvement international anti-microbilles de plastique. Retour sur ce mouvement. 

Les microbilles de plastique c’est quoi ?

Les microbilles de plastique ont fait leur apparition massive dans les années 1990. Extrêmement petites, 1 millimètres de diamètre ou moins, et parfaitement rondes et lisses, elles peuvent constituer jusqu’à 10% du volume de certains produits cosmétiques. Remplaçant des produits naturels comme le sel, le sucre ou la pierre ponce, les microbilles de plastique sont fabriquées à base de polymère d’oxyde d’éthylène, même composant à la base de la fabrication des sacs plastique.

Omniprésentes dans nos cosmétiques

Les microbilles de plastique sont très utilisées dans la cosmétologie car elles donnent une douceur et une fluidité aux savons, crèmes et laits de toilette. Elles sont également très présentes dans les gommages et les soins exfoliants ainsi que dans les dentifrices. On les retrouve en fait partout, dans de nombreux de nos produits quotidiens. Pas très tentant de mettre du plastique sur son visage tous les jours …

Un danger pour l’océan et pour notre santé

Essentiellement à base de pétrole elles sont particulièrement nocives pour la faune et la flore marine ainsi que pour notre santé. Une fois rejetées dans les eaux de lavage, la petitesse de ces microbilles leur permet de passer à travers les filtres des usines de traitement des eaux usées. Elles filent alors vers les océans, les lacs et les rivières, polluent alors les fonds marins et intoxiquent le micro-plancton, les crustacés et les poissons.

Une fois dans l’océan, les microbilles sont ingérées par des espèces marines, notamment celles qui se nourrissent en filtrant l’eau, comme les moules, les baleines et de nombreuses espèces de poissons. Selon une étude publiée dans la revue Archives of Environmental Contamination and Toxicology, un petit saumon de Colombie Britannique, pourrait en ingurgiter de deux à sept par jour. En suivant le schéma de la chaîne alimentaire, il est légitime de se demander si les microbilles ne se retrouvent pas ensuite directement dans nos assiettes. Appétissant !

Quelles alternatives ?

Certaines marques se sont engagées à proscrire les microbilles de leurs composants. En décembre 2012, Unilever est la première marque à annoncer qu’elle arrêtera d’utiliser des microbilles de plastique dans ses cosmétiques d’ici 2015. A la suite de cette annonce, d’autres entreprises ont suivi le mouvement. Colgate-Palmolive et l’Oréal ont fait savoir qu’ils allaient à terme également supprimer les microbilles de plastique de la composition de leurs produits. Le laboratoire pharmaceutique Procter et Gamble a indiqué que ses produits seraient exempts de microbilles au plus tôt en 2017. Reste à savoir si ces promesses sont gages d’engagements réels ou s’il s’agit seulement de se donner une image écologique.

La meilleure alternative reste l’utilisation de produits complètement naturels. Plus respectueux de l’environnement ainsi que de notre santé, de nombreux cosmétiques de nombreux produits naturels existent. Dans cette idée, Julien Kaibeck a lancé un mouvement appelé Slow Cosmétique ainsi qu’une boutique en ligne. La Slow Cosmétique est un mouvement qui veut libérer le consommateur en lui apprenant à décrypter les étiquettes et à revenir à des produits moins transformées et vraiment naturels. Le résultat est le même et grâce à ces produits on a le plaisir d’avoir utilisé des produits nobles et respectueux de la peau et de l’environnement.

« Surfrider et la Slow Cosmétique mènent des combats complémentaires. Les cosmétiques que la Slow Cosmétique nous invite à quitter sont justement ceux qui mettent à mal la santé des océans, des mers et de l’eau. »Julien Kaibeck, président de l’association Slow Cosmétique

Notre action de lutte contre les microbilles

Nous vous en parlions en 2014, nous promouvons l’application « Beat the microbead » (combattre les microbilles) qui permet de scanner les produits et de détecter la présence de ces microbilles. Pour que l’application fonctionne il y a tout un travail de base de donnée dans chaque pays. C’est ici que nous intervenons car nous sommes en charge de remplir et mettre à jour la base de donnée française. En attendant que l’ensemble des grandes sociétés arrêtent de produire des cosmétiques contenant des microbilles, et que celles-ci soient interdites au niveau européen, nous encourageons vivement à utiliser cette application ainsi qu’à regarder de plus près la composition de vos produits afin de faire la chasse aux composants nocifs cités en début d’article.

A l’instar des États-Unis  qui ont récemment adopté une loi interdisant la fabrication de cosmétiques à base de microbilles dès le 1er juillet 2017, notre équipe a travaillé activement à Paris à la rédaction d’un amendement à la loi biodiversité qui abolirait la commercialisation de produits contenants des microbilles en France. Nous en saurons plus dans les semaines à venir, mais cela semble être en bonne voie.

Ce mouvement anti-microbilles prend de l’ampleur et fait l’objet d’une véritable prise de conscience chez les citoyens et les industriels. Nous espérons d’ailleurs que ces derniers continueront dans cette démarche là et qu’à terme l’Union Européenne prendra des mesures pour interdire les microbilles. Maintenant que vous êtes au courant, vous ne pourrez pas dire que vous n’avez pas été prévenu !

Léa Daulan, Rédactrice environnement