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Viande et climat : une histoire pas vraiment faite pour durer

L’une des causes principales des problèmes environnementaux que nous rencontrons est la surconsommation de viande rendue possible grâce à l’élevage intensif. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), cette industrie participerait grandement au changement climatique, à la dégradation des sols, à la pollution atmosphérique et aquatique ainsi qu’à la perte de biodiversité. Mais ce n’est pas tout, ce phénomène a également des effets indirects sur l’Océan. Pas question ici d’être moralisateur mais plutôt d’expliquer les faits pour mieux comprendre et donc mieux adapter son comportement dans l’optique d’être plus responsable.

Plus de quantité, moins de qualité

La viande est un marqueur d’aisance financière, mais la hausse de la demande a engendré sa démocratisation en tant que marchandise de masse et cela à un prix accessible pour la plupart. A titre informatif, dans les années 1950 une personne européenne consommait 26kg de viande par an, aujourd’hui cela tend plus vers les 60 kg.

L’agriculture a donc dû s’industrialiser et s’intensifier pour répondre à cette demande exponentielle. Cependant, pour produire un kilo de viande de boeuf 15 500 litres d’eau sont nécessairesen terme d’émission, cela correspond à un trajet en voiture de 250 km. À l’échelle mondiale, 8% de l’eau utilisée est consacrée à la production de viande. Polluée par les déjections et les engrais, cette eau chargée en nitrates, OGM, antibiotiques, pesticides, et bien d’autres contaminera à leur tour les nappes phréatiques puis l’Océan. De la même façon, les élevages sont la principale cause de perte de biodiversité dans le monde (réduction de diversité dans les élevages, destruction d’habitats naturels, pollution, etc.).

La santé passe par l’assiette

98% de la viande vendue dans le monde est issue de l’élevage intensif. Ainsi, l’utilisation des antibiotiques est quasiment inévitable à cause de la surpopulation des élevages et du stress lié augmentant les risques de maladies et leur dissémination. En conséquence, les bactéries deviennent résistantes aux antibiotiques et il est fort probable que les consommateurs soient moins réceptifs lorsqu’ils en prennent pour se soigner. Le phénomène est malheureusement similaire dans les élevages industriels de poissons (aquaculture) – d’ailleurs quelques chanceux arrivent à s’échapper et contaminent les espèces sauvages présentes dans l’Océan.

Plus d’un 1/3 de la production de céréales est consacrée à la consommation animale, il y a donc un lien entre faim dans le monde et viande. Une baisse de la demande permettrait de nourrir plus de personnes grâce aux nutriments présents dans les végétaux de nouveau disponibles pour la consommation humaine (sachant que pour produire 1 protéine animale il faut entre 3 et 10 protéines végétales). Pareillement, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a classé la viande rouge comme étant probablement cancérogène (elle serait notamment responsable de cancers), une raison supplémentaire pour questionner la croyance actuelle qui rend les produits carnés indispensables à notre survie.

Climat et viande

La corrélation entre climat et viande est particulièrement marquée puisque cette industrie émet le plus de gaz à effet de serre (GES) (14,5%), et cela plus que tous les transports réunis. En addition à ces émissions, l’estomac des ruminants rejette une quantité massive de méthane, et l’utilisation d’engrais et de fumier libère du dioxyde d’azote (qui est 3 fois plus destructeur que le dioxyde de carbone – CO2).

Cette industrie participe également grandement à la déforestation. Par exemple, 70% des terres déboisées en Amérique Latine sont transformées en prairie pour les bovins, et 80% de l’Amazonie est consacrée à la culture de céréales et aux pâturages. Une diminution importante de la consommation de viande au niveau mondial (et particulièrement venant des pays développés, de loin les consommateurs principaux) permettrait de diviser par deux le parc automobile global. Il est intéressant de noter qu’un omnivore occidental émet 2,5 fois plus de GES qu’un végétalien (ne consommant pas de produits animaliers).

Ce que nous mettons dans notre assiette n’est pas sans conséquences pour notre santé et l’environnement. Le lien entre Océan et consommation de viande peut ne pas paraître évident au premier abord, mais est pourtant bien réel : pollution et utilisation excessive de l’eau, augmentation des gaz à effet de serre entrainant notamment une acidification et une augmentation du niveau de l’Océan, etc.

Lutter contre le réchauffement par son alimentation est une réalité que l’on peut tous appliquer. Les solutions pour être plus durable résident dans le fait de consommer de façon consciente et responsable en privilégiant les circuits courts (petits éleveurs locaux) et biologiques, et diminuer sa consommation de viande (surtout la viande rouge). Par exemple, commencer par un jour par semaine sans viande et éviter les produits issus d’élevages industriels est déjà une belle avancée !

Laura Anty, Rédactrice Environnement