« Serial litter » figurant dans le top 10 des déchets retrouvés sur les plages et les rivières, les bouteilles plastique représentent un fléau considérable pour l’environnement, mais aussi pour notre santé. Faisons le point sur les alternatives qui existent pour lutter contre cette pollution à la source.
Pourquoi faut-il bannir les bouteilles plastique ?
Pour préserver nos océans et cours d’eau
Tout d’abord, la fabrication et le transport des bouteilles plastique sont polluants. Elles nécessitent du pétrole, ressource naturelle non renouvelable issue des énergies fossiles, et doivent être transportées jusqu’aux réseaux de distributions, émettant davantage de CO2.
Par ailleurs, ces bouteilles génèrent une grande quantité de déchets. En 2016, 25 744 bouteilles plastique ont été ramassées au cours des collectes des Initiatives océanes. Avec un temps de dégradation de 100 à 1000 ans, les bouteilles plastique participent dangereusement à la pollution de l’environnement.
Ces déchets se fragmentent en microparticules de plastique qui se dispersent dans l’océan, représentant une nuisance considérable et durable pour les écosystèmes, la faune et la flore. Ces microdéchets se retrouvent à dériver dans l’océan et deviennent de véritables prédateurs pour les espèces marines et mammifères marins, qui les confondent avec leur nourriture habituelle ou meurent victimes d’étouffement ou d’occlusion intestinale.
Pour préserver notre santé : effets directs et indirects sur la santé
Ces déchets aquatiques ont également un impact sur notre santé.
De manière directe, certains types de plastiques peuvent être néfastes pour la santé. Il existe 7 catégories de plastique, dont 4 jugées toxiques. Ces catégories sont reconnaissables grâce aux pictogrammes identifiables sur les contenants plastiques, notamment sous les bouteilles. Ils ont été lancés par la US Society of Plastics Industry system en 1988, sous le nom de « Resin Identification Code ». Cette signalétique est représentée par un triangle formé de 3 flèches, accompagné du numéro d’identification ainsi que des initiales de la matière plastique utilisée. De plus, son inscription n’est pas obligatoire et donc non contrôlée.
Heureusement, on peut retrouver cette identification sur la plupart des contenants plastiques. Les catégories 1, 3, 6 et certains de la catégorie 7 ont été reconnus comme possédant des éléments nocifs pour la santé. En revanche, les catégories 2, 4 et 5 n’ont pas démontré de risques sanitaires de leur côté. Selon les associations de consommateurs telles qu’UFC Que Choisir, le plus prudent reste d’adopter un contenant qui ne soit pas en plastique et garder à l’esprit que le plastique est généralement à usage unique.
La plupart des bouteilles plastique vendues en supermarché sont composées de polytéréphtalate d’éthylène (PET ou PETE), car il est 100% recyclable. Ce type de plastique est désigné par ses initiales et accompagné du chiffre 1. Bien que sa matière soit 100% recyclable, les composants du plastique (trioxyde d’antimoine) peuvent altérer la santé de l’usager et sont susceptibles d’être cancérigènes. Si le contenant en plastique est utilisé plusieurs fois sur le long terme, il peut donc présenter des risques pour la santé. Les effets concernent les voies respiratoires, la peau, le système reproductif (risques de fausses-couches, problèmes menstruels) et le ralentissement du développement des enfants de moins d’un an.
De manière indirecte, les microplastiques, en se retrouvant dans l’environnement, sont susceptibles de finir dans nos assiettes et de nuire également à notre santé. Ces microdéchets diffusent des éléments chimiques, qui attirent et absorbent des polluants déjà présents dans l’environnement. En se dispersant dans le milieu naturel, ils sont ingérés par de nombreuses espèces marines. A terme, les scientifiques craignent que ces éléments puissent s’accumuler dans la chaîne alimentaire.
Et si on perdait l’habitude d’acheter des bouteilles en plastique ?
L’eau du robinet, une source à la maison
Des solutions alternatives et durables existent pour réduire la présence des bouteilles en plastique dans l’environnement et leur toxicité.
Tout d’abord, l’eau du robinet. Le goût de l’eau du robinet n’est pas toujours préférable à celui de l’eau en bouteille, mais elle a l’avantage d’être très économique ! L’eau minérale coûte 100 à 300 fois plus cher que l’eau du robinet en France. Cette dernière n’a pas l’inconvénient de faire payer l’emballage superflu et polluant des bouteilles plastique.
Toutefois, l’eau du robinet présente une qualité qui dépend de son origine géographique et subit divers traitements avant d’être distribuée au consommateur. Selon les pays et zones géographiques, elle n’est pas toujours propre à la consommation. Il est donc important de s’informer quant à sa qualité et à sa potabilité. Pour cela, il existe des outils cartographiques tel que « Where You Can Drink Tap Water » permettant de vérifier la qualité de l’eau distribuée près de chez soi.
En France, pour en savoir plus sur la ressource en eau et les risques de pollution, vous pouvez également consulter le site Internet Eaufrance, dont les données sont mises à jour par le service public du Système d’Information sur l’Eau. Si vous souhaitez obtenir ces informations dans un autre pays que la France, vous pouvez vous renseigner auprès des services publics de la ville qui vous intéresse.
Points d’eau, des sources partout !
Même en dehors de la maison, il y a toujours une solution ! Des points d’eau et fontaines à eau sont mis à notre disposition dans les espaces publics, notamment en ville. Vous pouvez facilement les repérer grâce à l’appli Eaupen développée par la société Gobilab. Cette dernière répertorie tous les points d’eau accessibles au public en France à travers des listes de fontaines, et de points d’accès à l’eau. En effet, des restaurants, cafés et boutiques vous proposent de remplir gratuitement vos gourdes !
A l’échelle mondiale, il existe aussi une carte interactive et communautaire sur le site EauPotable.info. Cette dernière localise les points d’eau, grâce à la participation de ses utilisateurs.
Les contenants réutilisables, ces objets indispensables
Gourdes
- En aluminium : à long terme, l’aluminium peut libérer des éléments nocifs dans les liquides de votre gourde. Heureusement, il existe des gourdes comportant un film intérieur de protection, composé de polyester garanti sans bisphénol A (substance potentiellement perturbatrice endocrinienne), pour protéger le contenu de ce contenant. Ainsi, il n’y a aucun risque pour la santé de l’usager, mais aussi aucun risque qu’il y ait une prolifération de bactéries.
- En acier inoxydable : un peu plus lourde que celle en aluminium, la gourde en acier inoxydable a tout de même l’avantage d’être résistante et de ne procurer aucun gout métallique. Les gourdes Klean kanteen proposées par Surfrider sont en acier inoxydable. S’il peut relâcher des atomes métalliques à long terme, ces derniers ne sont pas identifiés comme nocifs. L’acier inoxydable est très résistant à la corrosion, aux attaques chimiques et aux fortes températures ce qui en fait un matériau très stable.
Verre :
Bien que très énergivore pour sa fabrication et relativement lourd, le verre à l’avantage d’être 100% recyclable et d’être composé de sable, un produit naturel. De plus, il peut être réutilisé et participe à la logique d’économie circulaire. En Allemagne, le système de consigne permet de rapporter en magasin une bouteille de verre consommée, pour être lavée et réutilisée.
Plastique sans bisphénol A, ni phtalates et autres éléments toxiques :
Ce type de contenant transparent et solide, peut être réutilisé sans risques pour la santé, à condition qu’il ne présente pas d’éléments toxiques. C’est le cas du bisphénol A (BPA) et des phtalates, qui peuvent avoir des effets nocifs au niveau de la reproduction, du métabolisme et des pathologies cardiovasculaires par le BPA, et des effets sur la fertilité, le développement du foetus et du nouveau-né par les phtalates. Les gourdes Gobi, lancées en 2011 par la société Gobilab, sont notamment composées de plastique sans risques pour la santé.
Plus d’excuses pour ne pas adopter une bouteille d’eau réutilisable ! Prêts à changer vos habitudes ?
Sources :
- Petcore Europe 2015
- European Federation of Bottled Waters Report 2015
- The impact of debris on marine life, Marine Pollution Bulletin, Vol 92 – S.C. Gall, R.C. Thompson
- Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer, Bilan Environnemental des IO 2016 (Surfrider Foundation Europe)
Rédaction : Nahia Farmer