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Bouteilles plastique : les chiffres clés d’un désastre environnemental

Les Européens figurent parmi les premiers consommateurs de bouteilles d’eau dans le monde. Pourtant, ce produit à usage unique, a un impact considérable sur l’environnement et notre santé. Retour sur cette consommation démesurée, sur la pollution, le recyclage et l’impact sanitaire de ces prédatrices plastiques.

Les bouteilles plastiques dans le top 10 des « serial litters »

Chaque année, les bouteilles plastiques font partie du top 10 des déchets retrouvés le plus souvent sur le littoral lors des collectes des Initiatives Océanes en Europe. En 2016, 25 744 bouteilles ont été ramassées. Ces collectes mises en place par Surfrider Foundation Europe, permettent d’effectuer des opérations de sensibilisation aux déchets aquatiques sur les plages, lacs, rivières et fonds marins. Quel que soit le lieu de collecte, les bouteilles plastique figurent toujours parmi les déchets les plus présents dans le milieu naturel. Avec le vent et les courants, elles sont transportées jusqu’aux zones d’accumulations marines et sur les plages. Peu importe leur destination, ces déchets dégradent pour longtemps l’environnement dans lequel ils se trouvent.

Une fois dans l’environnement, elles deviennent de véritables prédatrices pour la faune et la flore aquatique. Les bouteilles se détériorent et se fragmentent en microplastiques dans l’océan, qui dispersés dans l’océan, peuvent être ingérés par les espèces marines. Elles sont alors victimes d’étouffement et d’occlusion intestinale qui leur sont souvent fatal. Mais les espèces peuvent également y survivre et porter en elles les molécules chimiques issues du plastique. D’après une étude scientifique, ces polluants pourraient ainsi s’accumuler dans la chaîne alimentaire et se retrouver dans nos assiettes.

Ce sont les bouteilles d’eau qui représentent la majeure partie des bouteilles plastique retrouvées lors de ces collectes. Toujours en 2016, 53,18% des bouteilles retrouvées étaient ainsi des bouteilles d’eau de source, contre 24,58% de bouteilles de soda ou de thé glacé. Ces chiffres démontrent bien que le problème est étroitement lié à notre consommation d’eau minérale.

Les Européens : premiers consommateurs de bouteilles d’eau (par personne et par an)

52 milliards de litres d’eau sont mis en bouteille et consommés par les européens en un an. Cela représente 109, 9 L d’eau par personne et par an. Ce qui fait de L’Europe, le premier consommateur d’eau en bouteille, devant l’Amérique du Nord et le Moyen Orient.

En 2016, l’Italie (188.5L/hbt), l’Allemagne (177.3L/hbt), la Hongrie (131.1L/hbt) et la Belgique (126.6L/hbt) étaient les plus grands consommateurs d’eau en bouteille en Europe.

Le choix d’acheter de l’eau en bouteille peut s’expliquer par la volonté de boire une eau supposée riche en minéraux et plus pure, car elle n’a pas subi les mêmes traitements que l’eau du robinet. L’eau en bouteille est directement embouteillée à la source et provient d’une seule nappe souterraine. Alors que, l’eau du robinet est issue d’eaux souterraines et de surface prélevée dans les lacs et les cours d’eaux, et a subi des traitements pour garantir sa potabilité (désinfection ou chloration) avant d’être distribuée au consommateur par l’intermédiaire des différents réseaux de distribution.

Dans certains cas, les consommateurs achètent de l’eau en bouteille par défaut, la qualité de l’eau du robinet ne leur permettant pas de la boire chez eux. En effet, les eaux sous-terraines de certaines zones géographiques peuvent être polluées par les pesticides utilisées dans l’agriculture intensive par exemple. En 2013, ce type de pollution était majoritairement présent dans le Nord-Est de la France. Il est possible de consulter la cartographie Eau France pour connaitre la qualité de l’eau distribuée chez vous en France. Pour obtenir des informations sur la qualité de l’eau du robinet dans un autre pays, vous pouvez trouver le site institutionnel de la santé du pays qui vous intéresse dans la liste des Etats membres de l’UE sur le site de la Commission Européenne.

Cette consommation peut aussi s’expliquer par le fait qu’il existe plus de 2 000 sources d’eau minérale en Europe, dont 821 en Allemagne et 322 en Italie. C’est plus du quart de la production d’eaux en bouteille, et autant de marques d’eau minérales différentes. Du fait de cette concurrence, les prix sont faibles, incitant à l’achat.

L’Europe produit 994 430 tonnes de plastique par an, soit l’équivalent du poids de 100 tours Eiffel. Face à de tels volumes, elle doit donc répondre aux enjeux de recyclage de ces déchets.

Un recyclage insuffisant

Les bouteilles plastique sont faites de polytéréphtalate d’éthylène (PET ou PETE), une matière 100% recyclable. Cette matière est reconnaissable si le Resin Identification Code est inscrit sur le produit et qu’il désigne un plastique de catégorie 1. Il existe 7 catégories de plastique selon la matière et le type d’utilisation qui est requis. L’identification de la nature du plastique n’est pas obligatoire, mais on parvient souvent à la retrouver, notamment sous les bouteilles plastique.

De plus, elles sont destinées à un usage unique, car leur matière ne permet pas à l’usager de les réutiliser pour des questions sanitaires. La gestion des déchets doit donc être de taille face à cette consommation.

Cependant, le recyclage des bouteilles est insuffisant en Europe. 1,8 million de tonnes de bouteilles PET ont été collectées et recyclées en 2015 en Europe, ce qui représente uniquement 59 % des bouteilles sur le marché. Une quantité insuffisante, quand on sait qu’un Européen consomme en moyenne 73 bouteilles d’eau de 1,5L par an.

Pour améliorer ce traitement, dans le cadre de la campagne Reset Your Habits, Surfrider encourage les pouvoirs publics à sensibiliser le public aux alternatives (gourde, consigne), au développement de fontaines à eau dans l’espace public et à valoriser les déchets plastique.

Il est temps de changer nos habitudes pour préserver l’environnement !

 

Sources :

  • Petcore Europe 2015
  • European Federation of Bottled Waters Report 2015
  • The impact of debris on marine life, Marine Pollution Bulletin, Vol 92 – S.C. Gall, R.C. Thompson
  • Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer, Bilan Environnemental des IO 2016 (Surfrider Foundation Europe)

Rédaction : Nahia Farmer