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L’eau : un bien commun précieux dont la Terre pourrait bientôt manquer

A l’occasion du 8ème Forum mondial de l’eau qui s’est tenu à Brasilia du 18 au 23 mars, près de 40 000 personnes, dont une quinzaine de chefs d’État, l’ONU, 300 maires de villes du monde entier, plusieurs scientifiques et militants écologistes, se sont réunies pour tenter de trouver des solutions à la pénurie croissante en eau des grandes villes. Sous le mot d’ordre « Sharing water», l’heure était aux échanges, aux débats et aux expertises pour convaincre les chefs d’Etat de placer cette ressource comme une priorité.

Les menaces qui pèsent sur l’eau, source de vie

Réchauffement climatique, augmentation de la population, pollution des rivières et des océans, surconsommation, agriculture intensive … L’eau est menacée par de nombreux facteurs.

A l’occasion du Forum mondial de l’eau, l’ONU a dévoilé un rapport inquiétant selon lequel 5,7 milliards d’êtres humains (soit plus de la moitié de la population) pourraient vivre dans des régions où l’eau manque au moins un mois par an d’ici 2050. L’ONU avertit alors : la demande en eau explose tandis que les réserves souterraines sont pompées pour l’irrigation, en même temps que la qualité de l’eau se dégrade, polluée par les eaux usées. Actuellement, 80% des eaux usées industrielles et municipales sont déversées dans les rivières et fleuves, sans aucun traitement préalable. La détérioration de la qualité de l’eau devrait s’intensifier au cours des prochaines décennies, ce qui augmenterait les menaces à la santé humaine, à l’environnement et au développement.

Selon, Benedito Braga, président du Conseil mondial de l’eau, il est essentiel de bien gérer les nappes transfrontalières : « près de 97 % des ressources disponibles d’eau dans le monde sont dans des nappes phréatiques transfrontalières », d’où la nécessité d’une gestion efficace des eaux partagées.

Dans le monde, l’eau est très inégalement répartie et surtout, inégalement utilisée. Par exemple, 250 litres d’eau par personne et par jour sont consommés au Canada, 130 à 160 litres au Danemark, en Autriche et France contre 10 à 20 en Afrique Sub-Saharienne. Les hommes prélèvent actuellement 4600 milliards de m³ d’eau par an. L’utilisation domestique représente 10% de la consommation, contre 60% pour l’agriculture et 30% pour l’industrie. Cette consommation mondiale augmente de 1 % par an et devrait atteindre 6 000 milliards de m³ par an en 2050.

Des « solutions vertes »…

Dans un contexte tendu où plusieurs grandes villes font face à un manque dramatique d’eau, comme le Cap où le Jour Zéro a été évité de justesse, l’ONU préconise des « solutions vertes », s’inspirant des processus naturels, plutôt que de construire des nouveaux barrages et stations d’épuration. « Il y aura toujours besoin de construire des digues, de faire des canalisations et des stations d’épuration, statue ainsi Richard Connor, rédacteur en chef du rapport de l’ONU. Mais à côté de ces infrastructures ‘grises’, nous avons toute une panoplie d’infrastructures « vertes » misant sur le génie écologique et l’utilisation du rôle joué par les écosystèmes ».

Par exemple, l’eau douce est en quantité suffisante sur la planète pour abreuver 10 milliards d’hommes. De plus, des techniques de gestion durable (irrigation raisonnée, distribution, économie dans l’industrie …) peuvent être déployées rapidement. Ce sont ces nouvelles solutions qui ont été étudiées à Brasilia au cours de cette semaine.

Parce qu’il y a urgence, les experts présents lors de ce Forum au Brésil veulent assainir l’eau pour en faire un facteur de développement. En effet, aujourd’hui, 2,4 milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à une eau saine. Cependant, l’assainissement urbain reste coûteux et nécessite des financements et des équipements conséquents. C’est pourquoi il est souvent négligé en faveur d’autres priorités.

Le changement climatique ainsi que la croissance démographique font de l’eau une ressource précieuse et impose de nouveaux défis de gestion et de partage. C’est pourquoi chacun doit faire attention à sa consommation en eau et adopter les bonnes pratiques afin de limiter les situations de crise. « L’eau doit être un élément qui unit les communautés, les nations, et non pas le motif d’une troisième guerre mondiale » souligne Ricardo Medeiros, directeur du Forum.