Depuis plus de 15 ans, Surfrider Foundation Europe mène des actions visant à sensibiliser grand public et décideurs sur la qualité de l’eau en zone d’activités nautiques. Menées par les bénévoles tout au long de l’année, des analyses de la qualité de l’eau permettent d’alimenter les actions d’influence de l’association jusqu’au niveau européen. Jugeant les suivis officiels insuffisants (bactériologie en période estivale), Surfrider s’inquiète aujourd’hui d’un risque sanitaire d’envergure : l’antibiorésistance.
L’antibiorésistance, c’est quoi ?
Cela fait maintenant près de 10 ans que l’OMS a tiré la sonnette d’alarme au sujet de l’antibiorésistance. Le terme d’antibiorésistance signifie le fait pour une bactérie de devenir insensible à l’action des antibiotiques. Face à cet enjeu, Surfrider Foundation s’interroge sur les risques que peut représenter le développement de l’antibiorésistance en milieu marin. Pour cela, l’association souhaite développer des campagnes d’analyses permettant de quantifier les bactéries résistantes présentes dans l’eau de mer. Le but est de savoir si l’exposition des pratiquants d’activités nautiques à ces bactéries résistantes dans l’eau de mer engendre une hausse des bactéries résistantes dans leur organisme.
Comment une bactérie devient-elle résistante ?
C’est au contact des antibiotiques que les bactéries deviennent résistantes. Par le processus de la sélection naturelle, seules les bactéries les plus résistantes ayant développé une capacité d’adaptation contre l’effet des antibiotiques survivent et prolifèrent. En cas de stress (changements dans le milieu), les bactéries ont une grande capacité à échanger leur matériel génétique, facilitant ainsi le partage des gènes résistants.
Bactéries résistantes et milieu naturel
L’utilisation intensive et parfois abusive des antibiotiques dans le milieu médical et pour l’élevage est à l’origine du problème.
Les bactéries résistantes se développent dans ces milieux médicalisés et sont rejetées par les organismes dans les eaux usées qui sont ensuite traitées en stations d’épuration. La plupart des micropolluants atteignent le milieu naturel : via les cours d’eau ou directement en mer. Aujourd’hui, peu de stations d’épuration traitent les rejets médicamenteux. Les eaux côtières contiennent alors des bactéries résistantes et des résidus antibiotiques qui vont continuer d’agir sur les autres bactéries.
Les risques sanitaires
L’antibiorésistance est un enjeu majeur de santé publique mondiale puisqu’on estimait en 2014 qu’elle était responsable de 50 000 morts en Europe et 700 000 morts par an dans le monde. Le problème majeur de l’antibiorésistance est que les bactéries deviennent résistantes aux antibiotiques de dernier recours, pour lesquels aucune bactérie n’était jusqu’à présent résistante. L’Institut de veille sanitaire estime en France que moins de 1% des bactéries sont résistantes aux antibiotiques de dernier recours, contre 62% et 32% pour la Grèce et l’Italie. Malgré le caractère urgent de la situation, peu d’organismes se saisissent du sujet afin de mener des actions de prévention et d’informations auprès du public.
Dans la volonté de sensibiliser et d’informer le grand public, Surfrider Foundation Europe participe à un projet d’étude de l’antibiorésistance en milieu littoral, en collaboration avec Modis et le Laboratoire des Pyrénées et des Landes. A terme, Surfrider souhaite élargir ses zones de contrôle pour étendre ses actions d’influence.