Le procès du navire Prestige s’ouvre aujourd’hui, mardi 16 octobre 2012, à La Corogne (Espagne). Surfrider Foundation Europe revient sur cet événement funèbre et revendique la nécessité d’établir les premières responsabilités de la marée noire.
Le naufrage du Prestige : rappel des faits
Le 13 novembre 2002, le Prestige lance un appel de détresse avant d’échouer près des côtes de Galice (Espagne). Deux jours après, une opération de remorquage a lieu. Elle est contrôlée par les autorités maritimes espagnoles en vue d’éloigner le navire des côtes. Une société néerlandaise spécialisée dans le sauvetage maritime, recrutée par l’armateur grec du navire, doit prendre l’opération sous son contrôle (selon la presse, au moment des faits). Cependant, les événements prennent une autre direction.
Le 19 novembre 2002, le navire se brise en deux et coule à 3500 mètres de profondeur. Une gigantesque marée noire va maculer les côtes de Galice, du Portugal et de l’ensemble du littoral français.
Ce naufrage est un malheur environnemental. Avec des centaines de kilomètres maculés et des milliers d’animaux marins morts, le naufrage du navire Prestige est un des plus importants désastres marins de l’Europe. Le problème est également d’ordre politique, compte tenu de la mauvaise gestion de crise du gouvernement espagnol de l’époque.
La gestion de crise catastrophique du gouvernement espagnol
La réaction des autorités maritimes espagnoles, sous l’autorité du chef du gouvernement espagnol de l’époque, José Maria Aznar, a été de procéder au remorquage du pétrolier au Sud, à 240 km des côtes galiciennes. Cette stratégie a immédiatement été condamnée car elle exposait le navire au large, dans des conditions météorologiques difficiles. Selon un comité de 67 scientifiques de l’Université de Vigo (Galice, Espagne), en isolant le navire, « la superficie affectée aurait été nettement réduite et les zones contaminées auraient été beaucoup moins importantes ».
Qualifier la gestion de crise de catastrophique n’est pas dramatiser abusivement l’événement. Au contraire, cette désignation est justifiée quand on sait que la majeure partie de la flotte, afin de procéder au nettoyage et au ramassage du fioul déjà en mer, a mis plus de dix jours pour arriver en Galice. La coordination des travaux de nettoyage a été entamée une semaine après que le fioul ait atteint les côtes galiciennes.
Au terme du procès (qui se tiendra dans une durée minimale de sept mois), la Justice espagnole devrait trancher sur la question de la responsabilité des quatre mis en cause à savoir l’ancien capitaine du navire, l’ancien chef des machines, l’ancien chef de pont et l’ancien directeur de la Marine marchande. Cela permettrait aussi de revenir sur la question du laxisme des Etats tolérant le flux de navires sous-normes en mer et également de revenir sur leur capacité à établir une gestion de crise performante.
La Justice devrait enfin établir la culpabilité de l’Etat espagnol qui, par une mauvaise gestion de crise, a provoqué l’accroissement considérable de la catastrophe.
Une conférence publique sur la sécurité du transport maritime aura lieu au centre de congrès Le Bellevue de Biarritz, les 22 et 23 novembre 2012. Son programme éclectique pourra éveiller la sensibilité du public et permettra d’ériger une pensée collective de la catastrophe.
Nous rappelons également que le rapport Sécurité Maritime est désormais consultable et téléchargeable (en français, anglais et espagnol) sur le site Prestige10th.
Léa Arrizabalaga, Rédactrice Environnement