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La petite pêche artisanale : un métier qui respecte l’environnement marin

Anne-Marie Vergez est patron pêcheur du Nahikari, un ligneur de 9 mètres de longueur, avec un moteur alimenté à l’huile végétale pure. Pratiquant exclusivement son métier avec des lignes d’hameçons, elle s’inscrit dans la filiation de la petite pêche artisanale ; une pêche responsable, durable et respectueuse de l’environnement. Elle se bat également pour que les artisans pêcheurs, grands absents des négociations internationales, puissent avoir une entière reconnaissance et une place au sein des discussions politiques. Dans le cadre de la rédaction d’un état des lieux sur le plastique, encadré par Surfrider Foundation Europe, Anne-Marie Vergez accorde à l’association une interview pour nous parler des déchets plastique en mer et nous faire connaître son métier.

Le camion plein des déchets ramassés dans la décharge sauvage. Crédit: Aines Arizmendi

Surfrider Foundation Europe – Constatez-vous beaucoup de déchets plastique en mer ? Par ailleurs, est-ce que les pêcheurs mettent en place un dispositif de récupération de déchets à bord ?

Anne-Marie VergezOn constate des déchets à géométrie variable ; cela dépend des courants. Nous constatons des déchets plastique, mais pas seulement. Il y a aussi du bois, des cordes, des filets. Quand ils sont sur notre chemin, nous les ramassons. Concernant les déchets que nous produisons, pendant des années, les pêcheurs étaient les premiers à ne pas avoir de poubelles et jetaient tout par-dessus bord. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Les déchets produits dans un bateau sont gardés à bord et sont largués à terre. Nous avons des conteneurs à portée, dans le port.

SFE – La présence de déchets plastique en mer peut-elle induire des répercussions sur votre activité professionnelle ?

AMVPour le cas des macro-déchets, notamment le filet de pêche, on peut le prendre en pleine hélice. Conséquence : cela la bloque et immobilise le bateau. Il faut qu’il y ait un plongeur qui aille constater le problème et dégager le filet. Cela peut donc être une entrave à notre activité et engendrer une perte de temps.

SFE – Le métier d’artisan-pêcheur n’est pas connu de tous. Qu’est-ce qui caractérise la « petite pêche artisanale » ?

AMV C’est une question très importante parce qu’il y a un amalgame entre la petite pêche artisanale et la pêche côtière. Au niveau français, nous avons des critères bien précis : moins de douze mètres de longueur de bateau ; pour la bande côtière, un critère approximatif de douze miles ; un temps de pêche de moins de douze heures par jour ; un « armateur embarqué », c’est-à-dire un armateur pour un seul bateau et pas pour trois ou quatre bateaux. Ce sont les critères qui permettent de reconnaître la petite pêche artisanale.

SFE – Nous avons pu apprendre dernièrement que le Parlement européen a posé les fondements d’une politique commune de pêche durable. Cela annonce une volonté de lutter contre la surpêche et de permettre aux stocks de poissons de se reconstituer. Quelle est votre réaction face à cette nouvelle mesure européenne ?

AMV Cela a été un événement ! Cela donne une existence à la pêche artisanale ; une activité qui n’est toujours pas représentée par aucune instance professionnelle dans les grandes discussions politiques alors qu’elle constitue 80% des pêcheurs en France. D’ailleurs, ce problème était tellement important que nous avons créé en France une fédération de trois façades maritimes (Méditerranée, Bretagne et Pays basque) pour regrouper nos moyens et faire entendre « la voix des sans voix ». Cette initiative a abouti, en juin 2012, à la publication de la Déclaration de la petite pêche artisanale. Concernant le Parlement européen, un point qui pour nous, pêcheurs issus de la petite pêche artisanale, est important c’est que par rapport à l’accès à la ressource, il ne faudra plus tenir compte du critère d’antériorité, mais des critères sociaux-environnementaux, économiques et de sélectivité des engins. Pour une fois dans l’Histoire, on voit que la machine a envie de s’inverser un peu.

SFE – Concernant votre ligneur, le Nahikari, pouvez-vous revenir sur votre moteur innovant en matière de biocarburant?

AMVDeux bateaux à Saint Jean-de-Luz ont été équipés d’un moteur qui fonctionne à bio-carburant et ce, à titre expérimental. Les moteurs fonctionnent à huiles de tournesol. On ne pourra sûrement pas permettre à tous les bateaux de fonctionner ainsi. Cela voudrait dire qu’il faudrait planter des champs et des champs de tournesols. Mais, localement, des petites initiatives comme celle-là sont possibles. Les paysans qui nous fournissent ont une charte très rigoureuse comme la rotation de cultures dans laquelle ils plantent des tournesols qui consomment le moins d’eau possible. Par ailleurs, il y a une notion de proximité puisque nous faisons appel à des paysans de la région (Saint-Pée-sur-Nivelle). Un tel dispositif permet à mon ligneur de ne faire aucun rejet de carbone.

Solidaire à l’opération « Carte postale » !

Le camion plein des déchets ramassés dans la décharge sauvage. Crédit: Aines Arizmendi

Anne-Marie Vergez a signé la carte postale « Réduisons notre empreinte plastique » et apporte ainsi son soutien à Surfrider dans son opération lobbying pour demander à la Commission européenne d’interdire la distribution des sacs plastique à usage unique.

Nous rappelons que des cartes postales numériques peuvent être remplies et validées sur le net afin de participer au combat collectif contre le plastique à usage unique.

Léa Arrizabalaga, Rédactrice environnement