Le 08 mai dernier, un homme de 36 ans est décédé des suites d’une attaque de requin à La Réunion, portant à 4 le nombre de morts depuis 2011. Aussi avant toute chose, Surfrider souhaite adresser toute sa sympathie aux familles des victimes. Mais face à la recrudescence de ces attaques, et en réponse aux nombreuses interpellations reçues, Surfrider souhaite également apporter des éléments complémentaires aux débats.
Surfrider Foundation Europe est née il y a plus de 20 ans à l’initiative de surfeurs qui ne souhaitaient plus rester inactifs face à un terrible constat : la multiplication des menaces environnementales lourdes pesant sur les océans. Depuis, l’association n’a eu de cesse de lutter pour une gestion durable des océans et du littoral, et une « cohabitation » harmonieuse de l’Homme avec le milieu marin.
Sous le coup de l’émotion, de nombreuses réactions ont fait suite à cette nouvelle attaque de requin : si nous pouvons les entendre, nous ne pouvons en revanche pas toutes les accepter. Nous refusons en effet les réactions qui visent à stigmatiser les surfeurs et la pratique soi-disant inconsciente de leur sport. Les surfeurs sont pour la majorité d’entre eux des passionnés de l’océan, qui le connaissent et le respectent. Pour autant, nous ne pouvons cautionner les demandes de prélèvements de requins : l’océan est leur territoire, et ils sont un maillon indispensable à l’équilibre de l’écosystème marin.
Préserver et respecter la biodiversité, viser un développement harmonieux de la nature et de l’Homme : tels sont les fondements qui doivent impérativement guider nos réflexions. Aussi, dans ce contexte agité, Surfrider souhaite rappeler l’action menée depuis plusieurs années par son antenne locale sur l’île de La Réunion en ce sens. Car ces attaques sont avant tout liées à des problèmes environnementaux majeurs, parmi lesquels la pollution des eaux.
Il semblerait en effet qu’une corrélation puisse être établie entre le niveau de pollution et la qualité des eaux d’une part, et les attaques de requins d’autre part. Ainsi, on constate que les attaques ont généralement lieu à proximité de zones urbaines, de ravines et de ports, lors de mois particulièrement pluvieux : à ces périodes-là, l’effet conjugué du ruissellement des eaux de pluie et de la saturation des stations d’épuration (qui, lorsqu’elles existent, rejettent alors des eaux encore très chargées de matières organiques) a deux conséquences :
- d’une part un afflux important de matière organique, un fort développement planctonique, la présence de nombreux poissons, et par voie de conséquence une présence accrue des requins.
- d’autre part l’augmentation de la turbidité des eaux, qui rend plus difficile pour les vigies et les pratiquants d’activités nautiques la détection de la présence éventuelle de requins. Parallèlement le requin, pour qui l’homme ne constitue pas une « proie naturelle », peut alors attaquer « par erreur », se sentant agressé par une menace qu’il n’arrive pas à identifier correctement.
La reconquête de la qualité du milieu, d’un écosystème sain et équilibré, est donc au coeur de cette problématique, la question de la qualité des eaux étant l’un des éléments clés à prendre en compte dans la résolution de la situation. La mise en place d’un réseau de suivi complémentaire de la qualité de l’eau permettra non seulement d’informer les usagers réunionnais mais également de collecter des données et d’initier une concertation sur ce sujet avec les élus et les différentes parties prenantes sur l’île. Une concertation que l’association souhaite riche des apports de toutes les structures présentes localement, chacune devant nécessairement apporter son expertise pour la résolution d’une problématique aux origines multiples.
Nous invitons toutes celles et tous ceux qui le souhaitent à suivre nos actions sur cette thématique via les publications sur ce blog mais également en consultant régulièrement le site Internet de l’antenne locale de Surfrider à La Réunion.